Quelles grenouilles mange-t-on dans les restaurants en Franche-Comté ? Question piège…

Publié le 10/03/2023 - 09:02
Mis à jour le 15/03/2023 - 08:24

Grenouilles rousses de Franche-Comté ou grenouilles d’importation ? C’est toute la question que les clients des restaurants doivent se poser en cette période de dégustation jusqu'au mois d'avril 2023, pour payer le juste prix. Nicolas Cudey, ranaculteur franc-comtois, met en garde les amateurs de grenouilles cuisinées pour éviter toute ambigüité et toute arnaque sur la marchandise…

C’est à l’Épicerie du canal à Avanne-Aveney, adresse bien connue des bons vivants et des amateurs de grenouilles que Nicolas Cudey nous donne rendez-vous mardi 7 mars à midi. Le téléphone de Philippe Bolle-Redda, le gérant de l’établissement, ne cesse de sonner. Au bout du fil, des clients qui veulent réserver une table pour déguster des grenouilles… mais pas n’importe lesquelles, des grenouilles de pays, des grenouilles rousses de Franche-Comté ou Rana Temporaria. Ça tombe bien, le fournisseur officiel de ce restaurateur est Nicolas Cudey.

Grenouille de Franche-Comté vs grenouilles d’importation

Dans les restaurants en Franche-Comté, la période des grenouilles est l’une des meilleures en terme de chiffre d’affaires. Une information confirmée par Philippe Bolle-Redda. Dans ces restaurants, il peut être servi des grenouilles rousses de Franche-Comté, mais aussi des grenouilles d’importation. 

C’est là que Nicolas Cudey intervient : ”Je ne critique pas le fait que certains proposent des grenouilles d’importation, c’est leur droit, mais ce qui me dérange c’est l’ambigüité qui plane sur les consommateurs”, nous dit-il, ”sur la carte, on peut voir le menu grenouilles sans précision, donc le client peut penser manger des grenouilles de pays, alors qu’en fait, ce sont des grenouilles d’importation dans l’assiette que tout le monde peut trouver chez Métro.”

Le ranaculteur souligne également que le prix n’est pas le même entre des grenouilles de chez nous et des grenouilles importées du reste de la France, de Turquie, d’Asie, ou d’ailleurs. Sans vouloir nous dévoiler son prix de vente, il nous confirme que la différence est ”grande”. C’est pourquoi il insiste : ”Quand il y a tromperie sur la marchandise, ça me dérange, le client n’a pas à payer un produit qui n’est pas celui qu’il croit.”

Enfin, ”un restaurant qui affiche - grenouilles fraîches - ne propose pas des grenouilles de Franche-Comté, c’est bon de le savoir”, ajoute Nicolas Cudey et conseille : ”ne demandez pas -grenouilles fraîches- mais -grenouilles de Franche-Comté, si c’est ce que vous voulez dans votre assiette !”

Comment savoir ?

Un syndicat des ranaculteurs de Franche-Comté existe depuis plus de 20 ans et s’est associé au syndicat des étangs de la région pou former le Syndicat interprofessionnel des étangs et des grenouilles de Bourgogne Franche-Comté. ”Si un restaurant propose de la grenouille rousse de Franche-Comté, le restaurateur sera fier de présenter à ses clients l’une des affiches officielles du syndicat et/ou de son fournisseur avec le nom de l’éleveur et son numéro à la chambre d’agriculture”, explique Nicolas Cudey. Le consommateur est également en droit de demander une facture au restaurateur attestant la livraison récente en grenouilles rousses de Franche-Comté.

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”Une fois, je mangeais des grenouilles dans un restaurant dont je ne citerai pas le nom, dans lequel j’ai demandé le nom du producteur de grenouilles au gérant : il m’a répondu par mon nom ! Alors que c’était totalement faux, je me suis rendu compte qu’il disait mon nom pour attester soi-disant de l’origine des grenouilles qui vendait ! J’étais fou !”, témoigne l’éleveur.

"On ne peut pas livrer tout le monde, on ne le pourra jamais”

Avec ses trois étangs, Nicolas Cudey peut livrer quatre restaurants, contre une vingtaine il y a 12 ans. La raison : ”Il y a de moins en moins de grenouilles, c’est le cas en Franche-Comté, mais c’est le cas partout dans le monde principalement à cause du réchauffement climatique, il n’y a plus assez d’eau dans les étangs, plus assez d’insectes pour nourrir les batraciens…”, nous explique le ranaculteur de 44 ans, ”il y a également d’autres causes comme les routes, les voitures qui les écrasent, plus il y a de monde sur les routes, plus il y a de pertes et il doit également y avoir d’autres raisons inconnues !”

Ranaculteur depuis 20 ans, Nicolas Cudey a remarqué une baisse de 50% de la production de grenouilles rousses de Franche-Comté en 10 ans. ”Si avant on pouvait en vivre, aujourd’hui c’est mission impossible, comme moi, on est plusieurs a avoir un deuxième emploi pour vivre”, nous raconte-t-il. Aujourd'hui, cet éleveur reçoit de nombreux coups de téléphones de restaurateurs, "mais on ne peut pas livrer tout le monde, on ne le pourra jamais."

Infos +

Chez les Cudey, on est ranaculteurs de père en fils. Rémy Cudey, le père de Nicolas, a été l’un des premiers à élever des grenouilles en Franche-Comté en créant son premier étang en 1976 à Torpes, soit quelques années seulement avant le premier arrêté ministériel en 1981. Cette année-là, ils étaient seulement cinq producteurs jusqu’à la création du syndicat, une sorte de label garantissant l’origine des grenouilles. Aujourd’hui, le nombre d’éleveurs en Franche-Comté est en dessous de la centaine.

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