Est-il possible de reconnaître un menteur à la voix ? Sans aller jusque là, le ton de la voix peut influer sur la perception de son interlocuteur.
C'est ce que l'on appelle la prosodie, la mélodie dans une phrase ou sur un mot : sa hauteur, sa vitesse et son intensité
Les travaux sont publiés ce 8 février 2021 dans la prestigieuse revue scientifique "Nature communications".
Résultat de l'étude : une diction rapide, une intensité forte au milieu du mot, et une hauteur qui descend en fin de mot est idéale pour paraître fiable et honnête aux oreilles de ses interlocuteurs.
L'étude a été menée par des scientifiques du laboratoire Sciences et technologies de la musique et du son (CNRS/Ircam/Sorbonne Université/ministère de la Culture) et du laboratoire des systèmes perceptifs (CNRS/ENS PSL).
Ils ont conduit une série d’expériences pour comprendre comment nous décidons, à partir de la voix de notre interlocuteur, si celui-ci est honnête, confiant, ou bien au contraire mensonger ou incertain.
Autre enseignement : cette même signature est perçus en mode "automatique" par le cerveau et de la même façon dans plusieurs langues : français, anglais et espagnol.
"Même quand les participants n'ont pas à juger de la certitude ou de l’honnêteté du locuteur, ce son caractéristique impacte la façon dont ils mémorisent les mots. La prosodie véhiculerait donc des informations sur la valeur de vérité ou de certitude d'une proposition".
Les scientifiques tentent aujourd’hui de comprendre la manière dont les locuteurs produisent effectivement ce type de prosodie en fonction de leurs intentions.
Les deux types de jugements (certitude, honnêteté) reposent sur une seule et même signature acoustique : une hauteur qui descend à la fin du mot, une intensité forte au milieu du mot, et une diction rapide. Haut : certitude, bas: honnêteté.
© Jean-Julien Aucouturier et Louise Goupil, laboratoire STMS (CNRS/Ircam/Sorbonne Université/ministère de la Culture)