Quatre ans avaient été requis contre Christian Maillaud, 52 ans, qui avait déjà été condamné pour ces faits en août 2018 mais était alors en fuite. Finalement arrêté au Venezuela, il a été extradé en décembre dernier, et était détenu depuis.
L'homme, jugé pour association de malfaiteurs en vue de préparation d'un enlèvement, était accusé d'avoir projeté d'enlever en 2012 trois enfants qui vivaient chez leur père à Montendre, dans le sud de la Charente-Maritime. A la même époque, il avait pris la fuite lors d'un contrôle de gendarmerie à Amancey, dans le Doubs. Sa femme, Janette Seeman, avait ensuite accusé la gendarmerie d'avoir fait disparaître son mari. Elle avait notamment organisé une mobilisation à Amancey.
Un enlèvement des enfants avec la complicité de la mère
La mère des enfants, aujourd'hui âgés de 19, 18 et 13 ans, avait orchestré elle-même cet enlèvement. Elle avait déjà réussi à les kidnapper de décembre 2008 à avril 2011, avant d'être retrouvée avec eux près d'Alès (Gard) par les gendarmes.
Elle accusait alors sa belle-mère, ainsi que son ex-compagnon, de pédophilie et avait en vain tenté de faire constater ces sévices par des médecins. En 2015, la justice l'avait déclarée irresponsable pénalement pour troubles délirants.
Christian Maillaud, qui dit avoir été gendarme de 1986 à 1992 en Rhône-Alpes et Guyane - une carrière toutefois difficile à retracer -, avait été qualifié de "gourou charismatique" au premier procès. "C'est quelqu'un qui a un ascendant, qui veut ses adeptes, il pratique la manipulation mentale", a redit vendredi le procureur Mathieu Auriol.
"Je ne reproche pas une tentative d'enlèvement. On n'est pas sur le projet criminel, mais on a commencé sa préparation", a-t-il souligné en requérant quatre ans fermes.
Déjà condamné en 2009 pour avoir soustrait un enfant qu'il affirmait en danger, Christian Maillaud avait pris la tête d'un petit groupe d'activistes adhérant à diverses théories complotistes, et qui prétendait sauver des enfants de la pédophilie. Dans des vidéos postées régulièrement sur internet, le quinquagénaire - se présentant comme "Stan" sur la toile -, dénoncait l'"organisation pédocriminelle satanique qui est l'organe judiciaire" et le "procès d'inquisition" d'août 2018.
A l'audience vendredi, l'homme, grand, musclé, s'exprimant bien et constamment - au point de se voir rappeler par la juge qu'elle était "le patron" - n'a cessé de répéter que "la justice ne voulait pas l'entendre", justifiant ses actes par le "devoir de mettre fin à un délit".
"Il ne parle que de son nombril, il considère qu'une décision de justice ce n'est pas la justice, parce qu'(à ses yeux) nous sommes coupables de protéger les réseaux pédophiles", a plaidé l'avocate du père et des enfants, Me Francesca Sata. "Sa façon de raisonnner lui interdit de rester dans un cadre (légal)".
Pour la défense, Me Jean-Pierre Joseph a reconnu que "oui, il y a eu repérage, mais pour rechercher la vérité, pour ramener les enfants" à leur mère, "sans recherche de profit". Christian Maillaud a également été condamné à verser au total 12.000 euros de dommages et intérêts au père et aux trois enfants.
A l'extérieur du tribunal, une cinquantaine de partisans du prévenu ont affirmé après l'audience qu'ils poursuivraient son combat contre les pédophiles.
(Avec AFP)