"Dès le 18 juillet 1940, Himmler recevait à Berlin Peter Hofer (ndlr : à la tête de l’Association des optants sud-tyroliens). Le chef de la Gestapo annonça à son interlocuteur qu’Hitler lui-même avait accordé ou remis en partie la Franche-Comté aux Tyroliens ; les frontières restaient à préciser", signale Joseph Pinard dans son dernier livre "Quand la Franche-Comté faillit disparaître. Le projet nazi d’expulsion en 1940". L’historien bisontin revient en effet dans cet ouvrage sur un épisode de la Seconde Guerre mondiale peu connu dans la région et encore peu étudié.
En Italie mais de langue allemande
Pour mieux comprendre, il faut savoir qu’Hitler et Mussolini s’étaient entendus pour expulser les Francs-Comtois de leur terres afin d’installer à leur place les Sud-Tyroliens. De langue germanique, ceux-ci constituaient une "pomme de discorde" entre les deux dictateurs. Tandis que Mussollni voulait les italianiser de force depuis 1926, Hiltler revendiquait ces populations allemandes. "Après de discrètes négociations, le 21 octobre 1939 l’Allemagne et l’Italie signaient un traité accordant aux Tyroliens du sud de langue allemande un droit d’option en faveur du Reich", explique Joseph Pinard, indiquant plus loin : "Au 31 décembre 1939, date d’expiration du délai d’option, 185.000 personnes sur 267.000, soit 69%, avaient choisi l’Allemagne. Il fallait cette fois quitter la terre des ancêtres… mais pour aller où ?" Et pourquoi pas en Franche-Comté.
Consacrant la moitié de son livre à ce projet d’annexion, Joseph Pinard en suit la genèse jusqu’à son échec, puis revient, dans une seconde partie, aux précédents, la Franche-Comté ou certains de ses territoires ayant été déjà convoités à d’autres reprises. En 1815 par exemple, elle aurait pu devenir le 23e canton suisse.
En pratique :
Joseph Pinard, "Quand la Franche-Comté faillit disparaître. Le projet nazi d’expulsion en 1940", Cêtre, septembre 2013, 120 pages, 14€. En vente en librairie.