Saïd Nemeri, maçon de 46 ans, vient raconter à la barre de la cour d'assises ce qu'il a vu, au soir du 11 décembre 2016 à Besançon : une jeune femme asiatique manger dans un restaurant, en compagnie d'un militaire. Quelques jours plus tard, un appel à témoin est lancé pour retrouver Narumi Kurosaki, étudiante japonaise disparue depuis le 5 décembre. Il en est convaincu : la jeune asiatique qui pleurait dans le restaurant est l'étudiante que tout le monde cherche. Il prend rapidement contact avec les autorités pour dire ce qu'il a vu. Les enquêteurs se penchent sur ses propos et retrouvent la jeune femme en question : il s'agit bien d'une jeune asiatique qui ressemble à Narumi Kurosaki, mais ce n'est pas l'étudiante disparue.
Une déclaration déjà fortement relayée
A partir de là, Saïd Nemeri s'enfonce dans ses certitudes. Si son histoire trouve un écho limité en France, elle est fortement relayée par les médias chiliens, après qu'il eut contacté différents journalistes du pays. "Il avait déjà témoigné auprès de plusieurs chaînes de télé", raconte auprès de l'AFP un journaliste chilien présent au procès. "Alors ma rédaction a demandé qu'on l'interviewe également. Et des gens au Chili ont commencé à se dire que Narumi était toujours en vie."
Mais à l'audience, les parties ont été unanimes à démonter ce contre-discours, malgré l'insistance du témoin. "Je vais essayer de garder mon calme, alors que le témoin a plusieurs fois remis en cause la sincérité et l'exhaustivité de l'enquête", déclare Etienne Manteaux, le procureur général, qui démonte la démonstration du témoin.
Sylvie Galley, avocate de la partie civile, évite de poser des questions pour ne pas faire durer la séquence. "Je n'entends pas rajouter à la souffrance et à l'incompréhension de la famille Kurosaki", indique-t-elle. Sylvain Cormier, avocat de la défense, sermonne à son tour le témoin : "Vous vous rendez compte de ce que vous êtes en train de faire ?" -"On a fait des faux dans cette procédure", réplique Saïd Nemeri. -"Alors déposez plainte !". "Vous faites du mal à tout le monde", conclut Renaud Portejoie, second avocat de la défense. "Ce serait bien de vous taire, ici et dehors".
(AFP)