La prévention du suicide est l’affaire de tous et n’est pas un sujet tabou. Le suicide n’est d’ailleurs pas une fatalité, mais "il est un appel à la solidarité, à l’entraide et à la prévention et il nous appartient d’agir ensemble avec force et détermination" a rappelé dans son discours d’introduction le docteur Si Abdallah, directeur général adjoint de l’ARS.
C’est à ce titre que s’est tenu ce temps "de mobilisation et de réflexion collective" ce mardi au pôle Viotte, autour d’un drame "qui touche des milliers de familles, d’amis et de collègues chaque année". Qu’ils soient représentants d’établissements, professionnels de santé, du social, de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, du tissu associatif, des forces de police, de secours et d’urgence, de collectivités locales ou encore d’élus, ils étaient environ 500 inscrits à suivre sur place ou en distanciel ce premier colloque régional sur la prévention du suicide.
3 fois plus de morts que les accidents de la route
Avant quelques présentations sur les dispositifs de vigilance mis en place, un point épidémiologique a été présenté par Christophe Debien, psychiatre au CHU de Lille. Le docteur a commencé par rappeler qu’en France, 12 millions de personnes sont touchées par un trouble psychique et un suicide aboutit au décès d’une personne toutes les heures dans l’Hexagone.
On dénombre en France "3 à 3,5 fois plus de morts par suicide que de décès par accident de la route". Les dernières données du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) font état de 9.200 décès par suicide en 2022, avec un taux de plus de 14 décès pour 100.000 habitants et un niveau trois fois plus élevé chez les hommes (20,8) que chez les femmes (6,3).
La Bourgogne-Franche-Comté au-delà de la moyenne nationale
La région Bourgogne-Franche-Comté n’échappe pas au phénomène et se situe même au-delà de la moyenne nationale dans tous les départements "à l’exception de la Côte-d’Or", a précisé le directeur général adjoint de l’ARS. Santé publique France mesurait un taux brut de 15,6 suicides pour 100 000 habitants dans la grande région en 2021.
Le monde professionnel n’est pas épargné non plus, puisque les troubles psychiques sont la première cause des arrêts maladie de longue durée.
Les hommes davantage concernés
Enjeu sociétal, le suicide concerne davantage les hommes qui comptent "trois fois plus de décès par suicide" que chez les femmes, qui comptabilisent quant à elles "deux fois plus de tentatives de suicide" que les hommes. Deux raisons à cela apportées par le docteur : les femmes ayant plus largement recours aux médicaments lors de leurs tentatives sont plus facilement réanimées par les secours tandis que les hommes privilégient davantage des "moyens à potentiel létal" comme la pendaison et loin derrière l’arme à feu.
Les tentatives chez les jeunes en nette augmentation
À l’inverse, les tentatives de suicide chez les 11-17 ans sont, elles, en augmentation de 30%. "Heureusement ils ne meurent pas souvent", a nuancé le psychiatre, contrairement aux aînés qui sont ceux qui meurent le plus. Phénomène important, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans derrière les accidents de la route. Mais alors que chez les jeunes "il faut environ 20 tentatives de suicide pour une mort", le ratio n’est pas le même pour une personne âgée où cette fois il ne faut "qu’1,2 tentative de suicide pour une mort". Pour le docteur Debien, il s’agit là "d’un phénomène inquiétant".
L'importance des dispositifs de prévention
Parallèlement, le taux de suicide entre 2002 et 2022 est pourtant en baisse de 14%, cela en partie grâce à l’augmentation de la prévention et des dispositifs déployés tels que le "3114", le programme Papageno ou encore du développement de la psychothérapie.
Un exemple pour le docteur Debien qui permet d’affirmer que "le suicide n’est pas une fatalité" et qu’en "se mettant au travail on obtient des résultats".
Face à cette réalité, l’ARS a rappelé ses quatre objectifs principaux :
- Changer le regard sur les troubles psychiques et mentaux en luttant contre la stigmatisation.
- Renforcer la prévention et le repérage précoce par la sensibilisation et la formation notamment auprès des jeunes et des professionnels.
- Accompagner les personnes concernées dans toutes les dimensions de leur quotidien
- Améliorer l’accès aux soins en structurant les parcours, en développant les nouveaux métiers de la santé mentale et en soutenant les personnes les plus vulnérables.
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Pour qui, quand et pourquoi contacter le 3114 : https://www.sante.fr/3114-le-numero-de-prevention-au-suicide