"La CFDT restera vigilante sur le respect des engagements pris par le repreneur et sur la pérennisation de l’enseigne Naf Naf à laquelle tant les salariés que les clientes sont attachés", a réagi mardi le syndicat auprès de l’AFP.
La société Migiboy Tekstil a offert plus de 1,5 million d’euros pour reprendre l’iconique enseigne française, en redressement judiciaire depuis septembre dernier, selon une décision de justice consultée par l’AFP. L’entreprise turque sauve ainsi 521 emplois sur 586 et une centaine de boutiques en France, selon le jugement. Elle reprend également les filiales en Espagne, en Italie et en Belgique, a souligné la CFDT. Migiboy Tekstil est basée à Istanbul et emploie environ 750 personnes, peut-on lire sur son site.
Retour sur l'histoire de Naf Naf
Lancée en 1973 par deux frères, Gérard et Patrick Pariente, Naf Naf - en hommage au "petit cochon le plus fort et le plus malin des trois" - acquiert une certaine notoriété en 1983. Sa combinaison en toile de coton déclinée en plusieurs couleurs se vend alors à plus de 3 millions d’exemplaires, rappelle le site de la marque.
Un succès commercial qui prend de l’ampleur dans les années 1990 lorsque la marque lance des campagnes publicitaires très remarquées, avec pour slogan "Le Grand Méchant Look".
Mais en mai 2020, en pleine pandémie de Covid, la marque est placée en redressement judiciaire. L’entreprise est alors reprise par le groupe franco-turc SY International, qui emploie plus de 1.000 personnes dans le monde, et avait déjà acquis l’enseigne Sinéquanone en 2019.
La marque, qui s’est endettée durant la pandémie, notamment en raison de loyers impayés, est toutefois de nouveau placée en redressement judiciaire en septembre 2023.
Baisse de fréquentation
Dans la décision de mardi, le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) observe également que la société a souffert d’"une baisse de fréquentation des zones de chalandises" (centres commerciaux, rues commerçantes...) et de l’effet "de l’inflation et de l’augmentation du coût des matières premières".
En octobre 2023, Naf Naf employait encore 682 salariés en France, possédait 125 boutiques en propre et 69 boutiques affiliées, selon ce même document. Des premières suppressions d’emplois et fermetures de boutiques étaient intervenues à la suite de l’ouverture de la procédure de redressement judiciaire de septembre mais cela n’avait pas suffi à redresser l’entreprise. Un appel d’offres avait alors été lancé pour la reprendre en avril.
Camaïeu, Kookaï, Gap France, Don’t Call me Jennyfer, André, San Marina, Minelli, Pimkie, Comptoir des Cotonniers, DPAM, Sergent Major, Princesse Tam Tam, Kaporal, IKKS... Le prêt-à-porter traverse une violente crise depuis plus d’un an.
Elle a été fatale pour certaines marques, qui ont été liquidées, comme Camaïeu en septembre 2022, avec le licenciement de 2.100 salariés qui avait fortement marqué les esprits. Plus récemment, une liquidation a aussi été prononcée pour San Marina et Burton of London. Certaines entreprises ont coupé dans les effectifs et fermé des magasins, comme Pimkie. D’autres avaient été placées en redressement judiciaire, comme Naf Naf ou Kaporal.
Ces marques ont souffert d’un cocktail détonant : pandémie, inflation, hausse des prix de l’énergie et des matières premières, des loyers et des salaires, ou encore concurrence de la seconde main et des enseignes de "fast fashion".
Selon l’Institut français de la mode (IFM), le volume des ventes dans le secteur de la mode a reculé de 4% en 2023. "Au moins 4.000 emplois ont été supprimés en 2023", selon le panel Retail Int. pour l’Alliance du commerce, qui rappelle que la mode reste "le premier employeur" du commerce de détail hors alimentaire avec 220.000 salariés en France.
Selon l’observatoire économique de l’IFM, 782 points de vente de chaînes spécialisées ont fermé en 2023, et 191 chez les indépendants.
(Source AFP)