"Organisons une primaire de la gauche, que viennent participer à cette primaire les candidats qui veulent gouverner ensemble", a déclaré la maire de Paris, invitée du JT de 20H00 sur TF1, alors qu'elle est toujours à la peine dans les sondages après trois mois de campagne, cantonnée entre 3 et 7% des intentions de vote.
A quatre mois du scrutin, elle a précisé qu'elle maintiendrait sa candidature si son appel n'était pas entendu.
Le candidat de la Remontada Arnaud Montebourg, lui aussi au plus bas dans les intentions de vote, avait fait un peu plus tôt mercredi un appel similaire à se rassembler, en "offrant" sa candidature" à "un projet commun".
Dans la soirée, sur Franceinfo, il s'est "réjouit" de "l'initiative" de Mme Hidalgo, mais a appelé à se mettre d'abord d'accord sur "un programme commun", et a souligné qu'il ne ferait pas une primaire "en tête à tête".
Peuple de gauche, un péril menace notre pays. pic.twitter.com/NwvmOm7mYO
— ? Arnaud Montebourg (@montebourg) December 8, 2021
"Se retrouver pour se rassembler"
"Cette gauche fracturée, qui désespère beaucoup de nos concitoyens doit se retrouver, se rassembler pour gouverner", a insisté la candidate, qui souhaite "une primaire arbitrée par nos concitoyens".
Anne Hidalgo n'était pourtant pas du tout favorable à une primaire au sein du PS il y a quelques mois. Et encore mercredi matin, sur France 2, elle disait qu'une union à gauche "ne fonctionnerait pas" et "serait perçue comme artificielle"; "parce que il y a des candidats qui sont déclarés depuis très longtemps".
Mais, le soir venu, elle a fait le constat d'une gauche éclatée où pas moins de sept candidats, si l'on retient seulement ceux qui ont une chance de rassembler les 500 parrainages, sont sur la ligne de départ: l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, l'écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel, le chantre de la réindustrialisation Arnaud Montebourg, et les anticapitalistes Philippe Poutou et Nathalie Arthaud.
Alors que ces sept candidats rassemblent moins de 25% des intentions de vote, Anne Hidalgo, dit avoir "pris acte de cette situation".
"Je sais que si nous ne faisons pas ce rassemblement, il n'y aura pas de possibilité pour cette gauche de continuer à exister dans notre pays", a-t-elle poursuivi, alors qu'elle n'avait pas souhaité, tout comme Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, participer à la primaire populaire, lancée par un mouvement citoyen fort de 210.000 participants.
Mais à peine sa déclaration achevée, Insoumis,communistes, et écologistes ont opposé un refus net à une telle primaire.
"La candidate socialiste reconnaît l'incapacité du PS à être force motrice. Dont acte. Le projet d'avenir c'est l'écologie. La primaire a déjà eu lieu et le candidat c'est Yannick Jadot", a twitté Julien Bayou, secrétaire national EELV.
"Union artificielle"
Pour LFI, le député Eric Coquerel a considéré, interrogé par l'AFP, que la maire de Paris proposait "la méthode qui a perdu en 2017" lorsque Benoît Hamon avait remporté la primaire PS pour échouer à 6% des voix au premier tour de la présidentielle.
"Elle est dans une situation qui l'oblige à éviter ce que lui promettent les sondages", a ajouté M. Coquerel, jugeant que s'il "y a une exigence d'une union la plus large possible, elle ne peut pas être artificielle, comme si on avait simplement affaire à plusieurs têtes de gondoles qui proposeraient le même contenu".
C'est la "proposition de la dernière chance pour elle", a raillé la députée Insoumise Danièle Obono.
Refus net aussi chez le candidat communiste Fabien Roussel. "Une primaire permet seulement de régler un problème de casting, or le problème de la gauche aujourd'hui c’est qu'elle ne parle plus aux classes populaires. Fabien Roussel est candidat et le restera", a assuré son entourage à l'AFP.
Au sein même du PS, certains n'y croient guère, comme l'ancien président François Hollande qui a jugé sur BFMTV qu'"une candidature d'union n'a de sens que si tous les candidats partagent les mêmes propositions. Or on sait que ce n'est pas le cas".
Mais Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, a salué "le choix courageux d'une femme d'Etat qui a le sens de la gravité du moment et de l'immense responsabilité de celles et ceux qui portent le projet d'une République écologique et sociale".