L’ancienne garde des Sceaux a officialisé sa candidature à la présidentielle avec comme mission de rassembler une gauche divisée. "L’espoir est là", a-t-elle lancé, avant de critiquer durement l’action d’Emmanuel Macron.
L’ex-garde des Sceaux de François Hollande, connue notamment pour la loi reconnaissant l’esclavage comme un crime contre l’humanité et son combat pour l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, met ainsi un terme à l’attente qu’elle avait suscitée chez une partie des électeurs de gauche le 17 décembre, lorsqu’elle a annoncé "envisager" d’être candidate, face à "l’impasse" d’une gauche fragmentée.
Regardez la déclaration de Christiane Taubira depuis Lyon
Une candidature redoutée ?
À moins de trois mois de la présidentielle, peut-elle réussir à faire l’union qui a jusque-là échoué, alors que certains socialistes la regardent encore comme ayant contribué par sa candidature à l’éviction de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle de 2002 ? Elle n’avait alors recueilli que 2,32 % des suffrages. Pour elle, les "convergences" idéologiques à gauche "sont suffisantes pour nous permettre de gouverner ensemble cinq ans". Mais son entrée dans l’arène il y a un mois n’a pas suscité pour l’instant de percée dans les intentions de vote, malgré la ferveur populaire dont elle bénéficie sur le terrain.
Et sa candidature "ajoute de la confusion à la division", selon ses détracteurs, alors que cinq autres candidats sont déjà en lice, sans réussir à s’imposer : l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, l’écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo, le communiste Fabien Roussel et le chantre de la "Remontada" de la France Arnaud Montebourg, proche de l’abandon. Christiane Taubira a promis de se soumettre à l’initiative citoyenne de la primaire populaire, une "investiture" par des électeurs de gauche – déjà 120 000 inscrits pour voter –, quel que soit le résultat.
Même si ses soutiens font mine de croire que rien n’est gagné, elle part favorite de cette consultation, d’autant que les autres candidats de gauche dont les noms seront aussi proposés à ce scrutin ont tous refusé de s’y soumettre.
Des "réalisateurs connus" à ses côtés
Même Anne Hidalgo, en grande difficulté dans les sondages, qui plaidait pour une primaire à gauche, a finalement renoncé, constatant le refus de ses concurrents, et notamment de Yannick Jadot, d’accepter cette démarche.
L’ex-frondeur PS Christian Paul, qui fait campagne à ses côtés, fait, lui, "le pari" qu’au mois de février, "si le potentiel d’enthousiasme se traduit en intention de vote" dans les sondages, "plusieurs candidats tireront les conséquences du résultat de la primaire".
Déjà confortée par le soutien des plus de 80 comités qui portent son nom et créés bien avant qu’elle ne se lance dans la bataille, Christiane Taubira voit arriver "tous les jours des personnes qui se manifestent pour participer", dont "des réalisateurs connus", explique une proche. Elle n’a "pas d’inquiétude" non plus sur les parrainages, assure son entourage. "Un certain nombre d’élus de gauche, au-delà du PRG, soutiennent sa démarche", dit-on.
La candidate guyanaise a déjà réussi à convaincre la présidente PS de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay.
Et le maire PS de Marseille, Benoît Payan, a annoncé qu’il soutiendrait le vainqueur de la primaire populaire. Mais "il n’y a pas de duel" ni de "compte à régler" avec la candidate socialiste Anne Hidalgo, assurent les proches de Mme Taubira. Christiane Taubira, invitée du 20 heures de France 2, présentera plus tard son programme, qui contiendra "des surprises et des idées neuves", mais "sans être un catalogue La Redoute ou Ikea de 1 000 propositions".
(Avec AFP)