Samedi après-midi à Clamecy, dans une petite salle des fêtes devant environ 300 personnes, il entend « partir de cette France qui est le témoin de l’affaissement de l’ensemble du pays », a-t-il confié au Journal du centre, se faisant le chantre des « sous-préfectures » mises en avant par les Gilets jaunes. « Il y a un mouvement de société, de refus de la ville, et c’est ce mouvement-là, le retour à la terre, que je veux mettre au pouvoir », a expliqué le futur candidat.
L’ancien avocat, 58 ans, va proposer, dans ses thématiques et ses mesures, un discours héritier de la « première gauche » de François Mitterrand et de Jean-Pierre Chevènement, prenant l’espace qu’il estime béant entre l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon et la socialiste Anne Hidalgo, indique son entourage à l’Agence France-Presse.
"La crise du Covid a fait remonter dans les préoccupations des Français les thématiques qu'il a portées depuis près de 20 ans, notamment la démondialisation, la protection de nos industries et de nos emplois et la (volonté) de changer du régime hyper-présidentiel de la Ve République", justifie son entourage.
Le fondateur du mouvement L'Engagement, 58 ans, y détaillera "une candidature qui analyse la société en deux blocs sociologiques: le bloc populaire, majoritaire mais éclaté entre les socialistes, Mélenchon et Le Pen, contre le bloc populaire plutôt que +la gauche contre la droite+"
L’ancien ministre du Redressement productif va donc se déclarer candidat à l’élection présidentielle, samedi dans sa ville natale de Clamecy. L’ex-socialiste, devenu ces dernières années entrepreneur producteur de miel et de glaces, a mis du temps à caler sa stratégie, comme en témoignent les "ballons d’essai", de l’aveu même de son entourage, de ses interventions médiatiques ces derniers mois. Une contamination Covid, qui l’a "mis à plat pendant quatre mois" en début d’année, a achevé de perturber le timing de sa déclaration.
Les convaincus de la première heure Laurence Rossignol et Mickaël Vallet, tous deux sénateurs, et François Cocq, qui représentera la frange des déçus du mélenchonisme, feront le déplacement samedi. Côté militants, le mouvement L’Engagement, que l’on peut rejoindre sans payer de cotisation, revendique 4 500 membres.
Selon son entourage, M. Montebourg "est le seul qui puisse proposer à la gauche de se réunir au-delà des partis historiques", alors que Jean-Luc Mélenchon (LFI) est déjà candidat à la présidentielle et que le PS pousse la candidature d'Anne Hidalgo, tandis que la primaire écologiste, mi-septembre, doit aussi voir émerger un candidat.
"Arnaud, il a un avantage humain", veut-on croire parmi ses proches: "Ca fait depuis plusieurs années qu'il est dans la vraie vie active, professionnelle, et voit des +vrais gens+" via les entreprises que l'ancien avocat a fondées depuis 2017, notamment dans le secteur agro-alimentaire.
L'ancien ministre du Redressement productif (2012-2014) ne souhaite pas passer par une primaire, "inutile sans la participation de Jean-Luc Mélenchon", toujours selon son entourage.
Les Insoumis ont eu le temps de voir venir leur rival ces derniers mois : "Ce ne sera jamais que la troisième fois qu’il se déclarera. Il y a le Montebourg de janvier, celui d’avril, celui de septembre…" s’exclame, hilare, Alexis Corbière, proche de Jean-Luc Mélenchon, qui a un regret : "Il aurait dû être à nos côtés. Il voit que Mélenchon est un peu plus bas et il pense qu’il peut nous faire les poches. Il teste… J’espère que ça ne va pas finir en soutien au PS." Comme le député de Seine-Saint-Denis, les états-majors de gauche ne se privent pas de moquer la candidature de l’ancien socialiste, qu’ils disent sans parti ni finances pour le soutenir. De quoi le condamner selon eux à n’être qu’un "champignon du mois de septembre", aussi vite disparu que déclaré.
En juin, l'ancien socialiste avait plaidé pour une "politique mixte" car, selon lui, "le pays est à droite sur le régalien, (et) à gauche sur le social et l'économie".
Arnaud Montebourg avait déjà tenté sa chance pour les présidentielles de 2012 et 2017. Il a échoué à chaque fois au premier tour des primaires socialistes.
Interrogé sur les 500 parrainages requis pour valider sa candidature, l'entourage de l'ancien ministre a indiqué à l'AFP que c'était "un non-sujet". La question du financement de la campagne est en passe d’être réglée, assure l’entourage d’Arnaud Montebourg. Quant aux soutiens, il n’y aura pas de "course à l’échalote" pour des "élus qui n’ont d’impact qu’auprès des politiques et des médias", souligne son entourage.
Pour le financement, il sera "évoqué en temps voulu". M. Montebourg se rendra ensuite le 25 septembre sur les terres de son ex-circonscription de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire) pour lancer vraiment sa campagne... dans la même ville où il avait, en 2014, aux côtés de Benoît Hamon, alors ministre de l'Education, ouvertement critiqué la politique de François Hollande, juste avant de se faire remercier du gouvernement.
Pour atteindre le second tour, l’ex-ministre espère surtout capitaliser sur ce qu’il estime être une "victoire culturelle", en développant des thèmes défrichés il y a plusieurs années et désormais centraux dans le débat public, comme la remise en cause de la mondialisation, le protectionnisme européen et la VIe République.
Arnaud Montebourg, qui revendique de pouvoir parler avec la droite et avait entamé un dialogue resté sans suite avec Xavier Bertrand, a cependant du chemin à faire. Il ne vise rien d’autre qu’être "au deuxième tour" de la présidentielle. Mais pour l’instant, il ne dépasse pas les 5 % dans les quelques sondages qui l’ont testé, dans un contexte de concurrence extrême à gauche, entre LFI, les Verts, Anne Hidalgo et le candidat communiste Fabien Roussel qui entend lui aussi braconner sur les terres de Jean-Luc Mélenchon et appelle d’ores et déjà Arnaud Montebourg à le rejoindre.
(AFP)