La canicule exceptionnelle qui a touché la France depuis lundi 24 juin a causé la mort d’au moins quatre personnes dans le Haut-Rhin, dans le Vaucluse et en Ille-et-Vilaine. Même si un léger mieux devait se faire resentir dimanche 30 juin - baisse des températures, levée des vigilances oranges de Météo France - les autorités maintiennent leurs appels à la prudence.
Les chaleurs extrêmes ont sans doute coûté la vie à un octogénaire et un ouvrier de 37 ans jeudi en Alsace, à Cernay (Haut-Rhin).
Entre vendredi matin et samedi midi, six personnes ont été hospitalisées en état d'hyperthermie dans le Vaucluse. L'une d'entre elles est décédée, et une autre avait un "pronostic vital engagé", selon la préfecture. Dans l'Ariège, une enquête a été ouverte après la mort d'un homme de 53 ans samedi lors d'une épreuve cycliste.
Pas d'afflux massif vers les urgences
"Il n'y a pas à ce jour d'afflux massif vers les services d'urgence, ni de signal d'excès de mortalité", a indiqué la Direction générale de la santé (DGS) samedi soir. Toutefois, dans une canicule, l'excès de mortalité arrive toujours après l'événement, et "le bilan définitif ne sera disponible que fin juillet". La DGS a aussi mis en garde contre les risques de noyade, liés à l'envie de se baigner pour se rafraîchir: il y a eu au moins huit cas en France samedi, dont cinq décès.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ont souligné dans un rapport de 2015 l’"impact notable sur le niveau de la mortalité" des périodes de canicule. "Celles qui interviennent en début de saison conduisent à un taux de mortalité plus élevé […] En Europe, les vagues de chaleur qui sont intervenues en juin ont enregistré un nombre de décès plus élevé comparé à celles de la fin de l’été."
Un pic de 45,9°C
La vague de chaleur venue du Sahara, qui a étouffé aussi le reste de l'Europe, est inédite par son intensité et sa précocité. Le mercure s'était envolé vendredi, avec un record absolu enregistré à Gallargues-le-Montueux (Gard), 45,9°C vers 16h. Le précédent record de 44,1°C, enregistré dans le même département, datait d'août 2003, lorsque la canicule avait fait 15.000 morts.
Samedi, des touristes ont pris des selfies devant la pancarte d'entrée de la ville du record. "C'est un lieu historique !", affirmait Gudrun Helder, une trentenaire venue en vacances dans la région depuis l'Allemagne, et qui reconnaît qu'"en fait, ça fait vraiment peur".
Les scientifiques anticipent des vagues de chaleur deux à trois fois plus nombreuses d'ici au milieu du siècle.
Des noyades plus nombreuses
Le premier ministre Édouard Philippe, lui, a rappelé le danger des noyades. "On a vu une augmentation sensible du nombre de noyades, il y en a une par jour en ce moment depuis le début de l’épisode caniculaire", a-t-il dit, appelant à "la vigilance des parents vis-à-vis de leurs enfants".
Lançant un "appel au sens des responsabilités de nos concitoyens", il a souligné "qu’il y a des morts évitables dans un épisode caniculaire, parce que la chaleur, la tension parfois, fait prendre des risques".
Il faudra attendre mardi pour des températures moins élevées
Lundi, la baisse des températures se poursuivra par le nord et l'ouest mais il faudra attendre mardi pour que l'ensemble du pays retrouve des températures "moins élevées". Celles-ci "devraient rester au-dessus des normales de saison sur la moitié sud", selon Météo-France.
Si le mercure retombe, la pollution à l'ozone qui accompagne souvent les vagues de chaleur persiste. En Ile-de-France, Airparif prévoit pour dimanche un nouveau dépassement du seuil limite d'ozone, irritant pour les poumons.
La circulation différenciée, qui interdit le trafic aux véhicules les plus anciens, a été reconduite dans la capitale pour dimanche et est également maintenue à Lyon et Marseille selon les sites internet des mairies.
"Congés canicule" ?
Le député européen Yannick Jadot (EELV) a proposé, pour modérer la pollution et les risques, des "congés canicule" et des transports publics gratuits, dans un entretien avec le Journal du dimanche.
Pour ce week-end, qui coïncide avec de premiers départs en vacances, la ministre des Transports Élisabeth Borne a pour sa part incité ceux qui le peuvent à "décaler leurs déplacements" en voiture comme en train.
620 hectares brûlés
Outre les dégâts sur les vignes dans le Gard et l'Hérault, la chaleur intense a également favorisé le départ de feux: une soixantaine d'incendies ont brûlé 620 hectares et 11 maisons dans le Gard, faisant 20 blessés légers dont 19 parmi les pompiers.