Le géant du streaming a expliqué que cette baisse était principalement liée à la difficulté d'acquérir de nouveaux abonnés dans toutes les régions du monde, mais aussi à la suspension du service en Russie. Le pionnier du secteur a eu des chiffres gonflés pendant la pandémie de Covid-19. Le marché s'attendait à une correction, mais pas aussi forte. Son titre chutait de 26% dans les échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.
Netflix avait prévu de gagner 2,5 millions d'abonnés supplémentaires - et les analystes en escomptaient encore plus - mais en a, au contraire, perdu, ramenant son total à 221,64 millions d'abonnements.
"La suspension de notre service en Russie et la diminution progressive du nombre d'abonnés payants russes a entraîné une perte nette de 700.000 abonnements. Sans cet impact, nous aurions eu 500.000 abonnements supplémentaires" par rapport au dernier trimestre, a précisé l'entreprise californienne dans son communiqué de résultats.
Jeux vidéo
En tout, Netflix a réalisé 7,9 milliards de dollars de chiffre d'affaires de janvier à mars, soit près de 10% de plus qu'il y a un an, notamment grâce à l'augmentation du nombre d'abonnés sur un an (+6,7%) et la hausse de ses tarifs. Mais elle a dégagé 1,6 milliard de bénéfice net, moins que le 1,7 milliard du premier trimestre 2021.
Le fait que de nombreux ménages partagent leur compte et la concurrence accrue "créent des obstacles à notre croissance. L'envol du streaming grâce au Covid avait masqué la réalité jusqu'à récemment", a souligné le groupe.
"La perte d'abonnés de Netflix est très révélatrice pour une société qui n'a pas cessé de gagner des abonnés pendant une décennie entière", a réagi Ross Benes, analyste chez eMarketer. "Avec les abonnements en baisse, et des perspectives de croissance faibles, Netflix va devoir se reposer plus sur des branches secondaires, comme les jeux vidéo ou les produits dérivés pour tenter de faire croître ses revenus", a-t-il ajouté.
Après des années de conquête des utilisateurs à grande vitesse, et de récompenses dans les festivals, l'entreprise a été rejointe par des concurrents de taille, comme Disney+ et Apple TV+ fin 2019.
Elle a alors cherché à diversifier ses sources de revenus, notamment dans le marché lucratif des jeux vidéo. En septembre, Netflix a racheté son premier studio de jeux vidéo, Night School Studio, une start-up californienne qui a créé le thriller surnaturel Oxenfree.
En novembre, elle a lancé plusieurs jeux mobiles pour ses abonnés, dont certains inspirés de l'univers de la série de science-fiction et d'horreur "Stranger Things".
Fini, le partage des comptes
Plus récemment le groupe américain a entrepris de resserrer la vis du côté des partages d'identifiants, qui permettent à de nombreuses personnes de ne pas payer pour l'accès à la plateforme. Netflix a ainsi annoncé début mars qu'il allait mener des tests dans des pays sud-américains pour faire payer à ses clients l'ajout de profils supplémentaires à leur compte.
Le partage des mots de passe entre foyers "affecte notre capacité à investir dans des séries et des films de qualité pour nos membres", avait alors indiqué dans un communiqué Chengyi Long, directrice de l'innovation produits chez Netflix.
Mardi, l'entreprise a assuré compter sur ces mesures, et des améliorations de son service en général, pour "réaccélérer la croissance" de ses revenus.
"Les gens adorent les films, les émissions de télévision et les jeux ; l'internet à haute vitesse et les téléviseurs connectés continuent de progresser dans le monde avec de plus en plus d'appareils connectés ; et tandis que des centaines de millions de foyers payent pour Netflix, plus de la moitié des ménages connectés au haut débit ne le font pas encore, ce qui représente un énorme potentiel de croissance future", note Netflix.
(AFP)