"On ne s'adapte pas au diabète, c'est le diabète qui doit s'adapter à nous"

Publié le 16/11/2016 - 16:45
Mis à jour le 24/11/2016 - 09:06

À l’occasion de la journée mondiale du diabète lundi 14 novembre 2016, nous avons rencontré Sarah Buré, présidente de l’association Diatonic à Besançon ainsi que Lucy et Wendy ses deux filles atteintes de diabète de type 1. Quand et comment le diabète a-t-il été détecté ? À quoi ressemble leur quotidien ? Quelles évolutions dans leur soin ? C’est le portrait (de famille) de la semaine… 

 ©
©

PORTRAIT DE LA SEMAINE

Carte d'identité

  • Sarah Buré
  • Née le 17 décembre 1980 à Tiverton (sud-ouest de l'Angleterre)
  • Mariée à Matthieu, restaurateur à Baume-les-Dames "Le Caveau"
  • Métier : enseignante au Centre de linguistique appliquée (CLA) à Besançon. Elle est également présidente de l'association Diatonic depuis 2011.
  • Deux enfants : Lucy, 10 ans et Wendy, 6 ans
  • Habitent à Roulans (près de Besançon)

Sarah et Matthieu Buré ont eu leur premier enfant en 2007 : Lucy. Après des premières années sans inquiétude, les premiers symptômes du diabète se sont manifestés lorsque la petite fille a 3 ans. "Elle avait très soif et recommençait à faire pipi au lit", nous raconte Sarah. Tels sont les principaux signes du diabète de type 1 que l'on rencontre le plus souvent chez les jeunes patients. "On a eu beaucoup de chance, car même le médecin traitant a repéré les signes et a tout fait pour que Lucy soit prise en charge", se souvient la maman, "mais pendant les trois jours qui ont suivi l'annonce j'étais bouleversée, c'était vraiment l'inconnu pour nous. Quand on arrive à l'hôpital, c'est tout un apprentissage de vocabulaire, d'une façon de vivre complètement différente, du coup c'est vraiment un choc au départ". La petite fille est alors hospitalisée pendant 10 jours à l'hôpital Minjoz à Besançon. Lors du retour à la maison, "c'était comme d'accueillir un nouveau-né à la maison" avec nouvelles habitudes qui doivent s'installer au sein du foyer, "on n'est pas habitués, on est angoissés", précise la mère de famille.

Des nuits blanches...

Pendant la première semaine, Matthieu et Sarah son inquiets le jour et surtout la nuit pour leur enfant, car "le taux de sucre va beaucoup fluctuer et il faut le temps d'adapter les doses d'insuline. Les premiers jours, le taux d'insuline peut être trop fort ou pas assez, et là on est vraiment dans l'inconnu". Les parents se lèvent chaque nuit pour contrôler le taux de sucre de leur enfant. Cette surveillance et ce souci étant permanents, Sarah décide d'arrêter de travailler pendant 6 mois. "Je ne voyais pas comment je pouvais confier Lucy à quelqu'un avec toutes ces contraintes, c'était impossible à mes yeux", nous raconte-t-elle, "j'ai eu la chance de pouvoir m'arrêter comme ça, mais pour d'autres parents ce n'est pas toujours possible".

"Je ne pouvais plus continuer comme ça"

Wendy était un bébé à cette époque-là. Sarah a donc pu enchaîner son congé de maternité et son arrêt de travail pour pouvoir se consacrer entièrement et plus longtemps à ses enfants et plus particulièrement à Lucy. "J'étais même coupable au départ parce que j'avais le nourrisson et l'enfant diabétique et c'était l'enfant diabétique qu'on mettait en priorité et le biberon attendait", explique Sarah, "c'était très dur à gérer".

Après les 6 mois d'arrêt de travail, Sarah "ne pouvait plus continuer comme ça", à mettre sa vie professionnelle de côté au service de la maladie. "On a eu énormément de chance à Roulans parce que l'école de Lucy s'est impliquée, le périscolaire s'est impliqué, les infirmières libérales du secteur sont toujours impliquées, une nounou s'est impliquée et on a pu trouver une organisation qui nous a permis de reprendre une ville normale", explique Sarah. Toutes ces personnes ont dû apprendre à gérer la maladie, et ça a fonctionné "grâce à leur motivation et leur ouverture d'esprit". 

Du pic-pic au capteur : "C'est la liberté ! C'est incroyable !" 

Depuis environ 6 mois, Lucy et Wendy ne se piquent plus le doigt pour connaître le taux de sucre qu'elles ont dans le sang. Ce qu'elles appelaient le "pic-pic" s'est transformé en "scan" et en capteur qu'elles portent en permanence.

En haut de l'un de leurs bras, elles portent un capteur dans la peau. Lorsqu'elles souhaitent connaître leur taux de sucre dans le sang, elles passent un appareil sur ce capteur qui scanne et qui donne automatiquement le taux de sucre. En fonction de cela, elles écrivent les chiffres sur leur pompe, c'est-à-dire un appareil qu'elles portent en jour et nuit relié au cathéter (qui se change tous les trois jours) qu'elles placent où elles le souhaitent au niveau du bassin. Lucy le porte en bas de son dos, Wendy préfère sur son ventre.

Avant d'utiliser ce système, Lucy et Wendy, comme la plupart des diabétiques, devaient se piquer le doigt au moins six fois par jour. Un acte peu anodin et qui ne passe pas inaperçu dans une journée puisqu'il faut se désinfecter le doigt, se piquer et se désinfecter une nouvelle fois, cela prend du temps. "J'adore ce système-là", nous informe Lucy, "c'est la liberté ! C'est incroyable ! Le système du capteur est génial, ça devenait énervant de faire pic-pic au bout du doigt", se réjouit-elle. La fillette nous explique que "si on utilise les injections plutôt que la pompe, on ne peut pas manger ce qu'on veut". 

La journée "type" de Lucy 

Dès son réveil le matin, Lucy scanne son bras pour contrôler son taux de sucre dans le sang. Elle rentre ensuite les chiffres dans sa pompe afin de recevoir la dose exacte d'insuline. Ensuite, elle prend son petit déjeuner. En général, deux tranches de pain grillé avec du beurre et du Marmite (marque britannique de pâte à tartiner salée à base d'extrait de levure de bière) et un verre d'eau ou un chocolat chaud. Lucy fait ensuite le bolus avec la pompe. Ce terme désigne une dose de d'insuline. 

Avant la récréation vers 10 heures, Lucy vérifie une seconde fois son taux de sucre avec le scanner, entre les chiffres dans la pompe qui indique s'il lui faut une dose d'insuline ou de sucre. "J'ai souvent besoin de sucre à la récréation", précise la fillette.

À 11 h 30, Lucy mange à la cantine. Elle réitère une nouvelle fois le contrôle de sucre et une infirmière libérale passe rendre visite à Lucy pour savoir tout se passe bien. L'écolière doit effectuer un nouveau contrôle du taux de sucre dans le sang après manger, entrer le nombre de glucides consommés pour s'administrer la dose d'insuline. "Le personnel de la cantine pèse tous les aliments dans l'assiette de Lucy pour pouvoir calculer le nombre de glucides qu'elle consomme", précise Sarah.

À 15 heures, à la récréation, Lucy contrôle une nouvelle fois son taux de sucre. Une infirmière vient également la voir à ce moment de la journée. "J'ai même une copine qui m'aide à faire le scan", précise-t-elle, "les camarades d'école sont intéressés, veulent aider, et veillent sur elle", ajoute sa maman.

Lorsque la fillette sort de l'école à 16 heures, elle prend son goûter à la maison : en général, elle mange un petit sachet de mini BN au chocolat avec, parfois, une compote. Sans oublier de contrôler son taux de sucre avant et après manger.

Au dîner, Lucy refait une nouvelle fois un "scan" avant et après manger. 

La fillette et sa soeur doivent également contrôler le taux d'acétone dans le sang. Quel est le lien avec le diabète ? L'acétone est une des trois substances issues de la dégradation des graisses dans l'organisme. Ces graisses sont synthétisées par le foie et transformées en glucose. Dans le cas d'un diabète, l'acidocétose est le signe d’une hyperglycémie liée à un manque d'insuline et doit être prise au sérieux. L'insuffisance des taux sanguins d'insuline, à l'origine de l'acidocétose diabétique se produit quand le pancréas n'en secrète pas suffisamment (diabète de type 1). "Si le taux d'acétone est en train d'augmenter avec une glycémie qui reste élevée, cette situation peut conduire à l'hôpital avec une acidocétose et provoquer un coma, car le corps est empoisonné par l'acétone", nous explique Sarah, "il faut réagir vite", précise-t-elle.

Aucune limite ! 

Lorsque Lucy fait du sport, elle doit faire très attention à ne pas être en hypoglycémie. C'est pourquoi elle contrôle son taux de sucre avant : s'il est trop faible, elle mange un sucre. Le contrôle s'effectue également après le sport.

La pompe et le cathéter ne la gène en rien pour faire du sport, nager à la piscine (pompe étanche) ou pour réaliser d'autres activités de la vie d'une fillette dynamique et pétillante comme Lucy et sa petite sÅ“ur Wendy. Rien ne les arrête ! 

D'ailleurs, l'aînée a pu partir en classe verte plusieurs jours avec son école au printemps dernier. Une infirmière est venue lui rendre visite plusieurs fois pour s'assurer qu'il n'y avait aucun problème avec le cathéter de Lucy ou avec la pompe. Au-delà de ça, elle a pu s'amuser et profiter avec ses amis. "En 2010, je n'aurais jamais imaginé qu'en 2016 Lucy partirait en classe verte", nous confie sa Sarah. 

Rendez-vous à l'hôpital tous les deux mois… 

Sarah emmène ses deux filles à l'hôpital tous les deux mois pour une visite-bilan des dernières semaines. Une visite qui prend un après-midi entier pendant laquelle Lucy et Wendy sont pesées, examinées (en particulier le dos et le ventre) et font un test glycémique "spécial" pour savoir ce qu'il s'est passé les trois derniers mois : évolution du taux de sucre, du taux d'insuline, etc. Cette visite est également l'occasion de faire le point sur les résultats du mois précédent afin d'augmenter ou non la dose permanente d'insuline qui se glisse dans le sang de Lucy et Wendy 24 heures sur 24 par la pompe. C'est ce qu'on appelle le basal. 

Les fêtes d'anniversaire et de Noël, des occasions pour se faire plaisir et manger des bonbons

Même si Lucy ne raffole pas des bonbons, Wendy adore ça ! Alors parfois, Sarah et Matthieu décident laisser un peu plus de liberté aux enfants. Avec modération, elles ont le droit de manger quelques bonbons et sucreries. Les filles oublient les soucis le temps de quelques heures (mais pas les parents !) "Si on restreint les enfants à manger tel ou tel aliment, il y a un jour où ils ne voient plus que ça et ça devient une véritable obsession comme les personnes qui sont au régime", compare Sarah. Sans pour autant en abuser, Lucy et Wendy s'accordent donc des instants, même s'ils sont rares, "pour oublier le diabète".

Aujourd'hui, la philosophie de la famille Buré est : "On ne s'adapte pas au diabète, c'est le diabète qui doit s'adapter à nous".

Infos pratiques

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

portrait de la semaine

Il est incollable sur la fête foraine de la Foire Comtoise de Besançon !

Il sait absolument tout sur la fête foraine de la Foire Comtoise à Micropolis Besançon  ! Grand passionné du milieu forain, mais aussi de maquettes en Légo, Maxime a créé en 2012 une page Facebook dédiée à la foire comtoise qui compte près de 3.500 fans. Aujourd’hui âgé de 22 ans, il sait avant tout le monde quelles attractions seront à la foire et connait sur le bout des doigts les spécificités des manèges. Présent tous les jours dans les allées de la fête foraine durant le montage, nous avons rencontré Maxime… 

Mathilde Klinguer, Miss Franche-Comté 2017 : “l’élection des Miss n’est pas qu’un concours de beauté, c’est être ambassadrice”

À quelques jours de l’élection de Miss France ce samedi 16 décembre à Châteauroux, nous vous dévoilons la personnalité de Mathilde Klinguer, Miss Franche-Comté 2017 figurant parmi les favorites pour le titre de Miss France 2018. C’est le portrait du mois de décembre… 

Portrait chinois de Mathilde Klinguer, Miss Franche-Comté 2017 from maCommune.info on Vimeo.

Rencontre avec le champion de moto Vincent Philippe à quelques jours du Bol d’Or…

À quelques jours de la 81e édition du Bol d’Or 2017 ces 15, 16 et 17 septembre sur le célèbre circuit Paul Ricard, Vincent Philippe s’est arrêté à Besançon pour la projection en avant-première à la Rodia de « I want to be a champion ». Ce film retraçant le parcours du champion de moto endurance sera diffusé au Bol d’Or, sur les chaînes télévisées, dans les concessions Suzuki fin septembre et sur les réseaux sociaux.

Santé

À vos marques, prêts… La Color Life revient au printemps à Besançon

La Color Life est devenue un événement incontournable de la vie bisontine. Créée et co-organisée depuis 2014 par les étudiants d’Imea, l’école de commerce CCI Saône-Doubs et la Ligue contre le cancer-comité du Doubs Besançon, elle se tiendra dimanche 18 mai 2025.

Pollens : la Bourgogne-Franche-Comté en alerte jaune

Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) à placer dimanche 16 février 2025, 30 départements en rouge, pour risque élevé d’allergie. Tous les autres départements, dont la Bourgogne-Franche-Comté, sont en jaune, pour risque moyen. On fait le point avec Atmo BFC en charge de la surveillance de l’air dans la grande région. 

“Tout Besançon donne”, c’est parti !

Du 12 février au 12 mars 2025, l’Établissement français du sang lance un challenge aux habitants du Grand Besançon : faire rentrer le don de sang et de plasma dans leur quotidien. Pour cela une grande campagne, intitulée Tout Besançon Donne mettant en scène plusieurs ambassadeurs bisontins, sera visible durant un mois dans les rues de la cité comtoise.

Prévention du suicide : “En se mettant au travail, on obtient des résultats”

Dans un contexte où la santé mentale a été désignée grande cause nationale pour l’année 2025, un colloque régional autour de la prévention du suicide s’est tenu ce mardi 11 février 2025 au pôle Viotte de Besançon. Une initiative de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté, de Promotion santé, des Vigilans (prévention de la récidive) et du "3114", numéro national de prévention du suicide.

La vitamine C, une star aux multiples talents avec Valentine Caput

L'OEIL DE LA DIET' • Avec l'hiver et ses virus omniprésents, notre système immunitaire aurait bien besoin d'un petit coup de pouce.  Coup de projecteur sur un allié précieux de notre santé, la vitamine C, avec notre diététicienne bisontine Valentine Caput.

Journée mondiale de l’épilepsie : un stand d’information au CHU de Besançon le 10 février

À l'occasion de la journée internationale de l'épilepsie, le CHU de Besançon se mobilise pour informer et sensibiliser le public à cette maladie neurologique encore trop méconnue. Le lundi 10 février de 9h à 16h, un stand d'information sera installé dans le hall principal de l'hôpital Jean-Minjoz.

Aulne et noisetier en floraison : un risque “moyen” d’allergie en Bourgogne Franche-Comté

Atmo Bourgogne Franche-Comté a publié son premier bulletin allegro-pollinique de l’année 2025 pour décrire les risques allergiques de ces prochains jours dans la région. Même si nous sommes encore en hiver, des végétaux sont en floraison et devraient gêner les personnes allergiques…

L’ARS présente les premiers résultats d’une enquête sur la leishmaniose en Bourgogne-Franche-Comté

L’Agence Régionale de Santé Bourgogne-Franche-Comté (ARS BFC) a conduit l’an dernier une enquête de terrain dans la région pour détecter la présence d’insectes vecteurs d’une maladie parasitaire humaine et animale, la leishmaniose. Elle a également pour ambition de mieux connaître et prioriser les zoonoses et les maladies vectorielles (pathologies transmises par l’intermédiaire d’insectes ou de tiques par exemple, qui se nourrissent de sang).

L”épidémie de grippe ralentit pour la première fois de l’hiver selon Santé publique France

Très virulente en France depuis le début de l'hiver, l'épidémie de grippe, commence à ralentir depuis quelques jours mais reste encore très active, en particulier chez les enfants, a résumé mercredi 5 février 2025 l'agence de santé publique.

Pour désengorger les urgences, L. Croizier souhaite une maison médicale de garde près du CHU de Besançon

Dans un courrier en date du 4 février 2025, le député du Doubs Laurent Croizier, demande au directeur général de l’ARS Bourgogne Franche-Comté la création d’une maison médicale de garde à proximité immédiate du CHU de Besançon. Pourquoi ?

Journée mondiale contre le cancer : la nutrition protectrice et la nutrition néfaste…

Avec environ 163.000 décès en 2021 en France, le cancer fait l'objet de nombreuses études et recherches. Que ce soit pour le cancer du côlon, du poumon, du sein ou de la prostate qui sont les plus nombreux, toutes les études convergent vers la mise en cause de différents facteurs. Notre diéteticienne bisontine, Valentine Caput, nous parle aujourd'hui, journée internationale contre le cancer, des facteurs nutritionnels identifiés...

Noisetier et aulne : les risques d’allergies reviennent en Bourgogne Franche-Comté

Atmo Bourgogne Franche-Comté a publié son premier bulletin allegro-pollinique de l’année 2025 pour décrire les risques allergiques de ces prochains jours dans la région. Même si nous sommes encore en hiver, des végétaux sont en floraison et devraient gêner les personnes allergiques…

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 9.88C°
légère pluie
le 22/02 à 18h00
Vent
1.8 m/s
Pression
1025 hPa
Humidité
90 %