Le temps d’un soir, le Grand Genève va être plongé dans la nuit noire. Il s'agit de la première extinction transfrontalière de l’éclairage public. "Initiée par le Museum d’histoire naturelle de Genève, la Société Astronomique de Genève, la Maison du Salève et le Grand Genève, cette démarche a pour but de sensibiliser aux méfaits de la pollution lumineuse et permettre au million d’habitants de revoir planètes, étoiles et voie lactée" indique le Grand Genève.
Après un appel lancé aux 209 communes de l'agglomération transfrontalière, les acteurs publics et privés se mobilisent de part et d’autre de la frontière pour éteindre la lumière et "créer une prise de conscience à grande échelle".
Techniquement, il s’agira d’un non-allumage de l’éclairage public pendant une nuit. Les installations électriques qui commandent l’éclairage public ne permettent pas d’avoir une extinction coordonnée, à un instant T, sur un territoire de la taille du Grand Genève, qui plus est, transfrontalier. En fonction de son équipement, chaque commune choisira d’éteindre une partie ou la totalité de son éclairage public.
Sur le territoire du Grand Genève, plus d’une centaine de communes sont déjà engagées dans une démarche de lutte contre la pollution lumineuse : extinction totale ou partielle du territoire communal à l’année, diminution de l’intensité lumineuse, réflexion sur la suppression de points lumineux inutiles dans le cadre de la rénovation de l’éclairage public.
Pollution lumineuse : Pourquoi éteindre ?
Pour observer les étoiles
Les premiers à avoir dénoncé cette pollution lumineuse, dans les années 1970, sont les astronomes qui ne pouvaient plus voir les étoiles et mener leurs recherches. Ils attirèrent dès lors l’attention des pouvoirs publics sur l’augmentation des sources lumineuses artificielles et leurs effets sur le ciel étoilé. C’est lors du Grenelle de l’environnement de 2009 que les pouvoirs publics se penchent réellement sur la question des nuisances lumineuses, et à partir de 2013 que le terme de pollution lumineuse est utilisé par le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie.
Pour faire des économies d’énergie
Aujourd’hui de plus en plus de communes éteignent quotidiennement leur éclairage public pour diminuer leur facture énergétique. En effet, les études de l’Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) révèlent que l’éclairage public représente 18% de la consommation d’énergie des communes ; soit 37% de leur facture d’électricité. L’agence estime notamment qu’on pourrait faire environ 40% d’économie sur les dépenses d’éclairage public en adaptant les installations actuelles.
Pour préserver la santé humaine
La lumière intrusive, c’est à dire la pénétration d’une source de lumière artificielle extérieure (luminaires, panneaux publicitaires lumineux…) dans l’habitation, entraîne des effets néfastes sur notre organisme et notre santé. Les troubles du sommeil occasionnés par la présence constante d’éclairage entraîne une baisse de production de mélatonine, pourtant vitale au bon fonctionnement de notre organisme. La mélatonine est une hormone centrale du corps humain, produite par la glande pinéale la nuit en l’absence de lumière et qui règle notre rythme circadien (rythme biologique de 24h).
Pour protéger la biodiversité nocturne
De nombreuses espèces sont affectées par le sur-éclairage des villes qui crée de véritables pièges et barrières écologiques pour la biodiversité : perte de repère des animaux, fragmentation, modification du rapport proie-prédateur, dégradation des habitats naturels et perturbation des migrations. L’éclairage artificiel a aussi un impact sur la flore, retardant la chute des feuilles, créant une photosynthèse dégradée, perturbant la germination et empêchant la pollinisation nocturne des plantes par les papillons de nuit.