Représentée par Me Sana Ben Hadj Younes, la mère prise à partie par Julien Odoul en pleine séance du conseil régional vendredi dernier a décidé de porter plainte auprès du parquet de Dijon ce jeudi 17 octobre 2019 en début d’après-midi pour « violences commises en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique sur mineur et majeur à caractère raciale ».
Une seconde plainte avec constitution de partie civile devant le Doyen des juges d’instruction de Paris pour la provocation publique à la haine raciale par des élus, devrait être déposée ultérieurement. « D’autres associations assistées de leurs avocats ont également exprimé leur souhait de se constituer partie civile » indique le CCIF. Fatima a également "été poursuivie et a subi des violences verbales dans les couloirs de la Région en raison du port de son voile et de son appartenance supposée ou réelle à la religion musulmane. Par ailleurs, Monsieur Julien Odoul a tweeté une vidéo de sa prise de parole avec un commentaire associant le port du voile à la commission des actes terroristes perpétrés à la préfecture de Paris."
Dans un entretien conseil contre l’islamophobie en France, la maman a expliqué avoir rencontré Karine Champy dans les couloirs du conseil régional à Dijon. Selon Fatima E. l'élue aurait déclaré : « Vous êtes contente ?! Vous avez réussi votre coup ? (...) Elle redescend, très énervée, et s’approche de moi : « Vous allez voir, on va gagner. Les Russes vont arriver ! ». Je vous avoue que je n’ai pas du tout compris pourquoi elle m’a dit ça… Elle gesticulait beaucoup, et était à la limite de me bousculer. En y réfléchissant, je suis sûre qu’elle voulait me provoquer physiquement pour que je réagisse. J’ai gardé mon calme et je n’ai pas répondu à sa provocation. Ça ne l’a pas empêchée de continuer : « Tu veux que je te pousse, c’est ça ? Tu veux que je te pousse ?! ».
Un rassemblement de plus de 200 personnes à Besançon
Mercredi 16 octobre 2019, Marie-Guite Dufay, a participé au rassemblement de soutien citoyen qui a rassemblé plus de 200 personnes à Besançon. La présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté a souligné que la maman qu’elle a rencontrée mardi en présence des enseignants était très « choquée ».
« Les instituteurs sont atterrés parce que l'essentiel du travail qu'ils faisaient avec les mamans, pour les intégrer au travail sur la citoyenneté, est mis à mal. Je leur ai dit +regardez, le pays vous protège, la République vous protège. Mais aujourd'hui ils n'entendent pas ça, ils n'entendent que la vindicte dont elle a été l'objet, » Marie-Guite Dufay
Signalement de la Région au procureur
Concernant le volet judiciaire, la présidente PS de Bourgogne-Franche-Comté a précisé que la région était en train de monter un dossier. « Nous sommes en train de compiler les éléments qui nous permettent de faire remonter des choses anormales dans les gestes, dans les paroles lors de l’assemblée du conseil régional auprès du procureur en vue d'un signalement. »
Rappel des faits
Vendredi 11 octobre 2019, Julien Odoul, membre du bureau national du RN et président du groupe RN à l'assemblée régionale, avait demandé qu'une mère d'élève musulmane qui accompagnait une sortie au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté retire son voile. Les élus du RN avaient ensuite quitté la salle, avant de dénoncer une "provocation islamiste".
Depuis cet épisode, filmé et visionné des centaines de milliers de fois, la polémique n'a cessé d'enfler, malgré la tentative du Premier ministre Édouard Philippe de clore le débat.
Plusieurs voix, du président du Sénat Gérard Larcher, aux membres d'un collectif où figure le comédien Omar Sy, demandent désormais à Emmanuel Macron de s'exprimer sur le sujet.
Edouard Philippe avait déclaré à l'Assemblée qu'il ne souhaitait pas "faire une loi sur les accompagnants scolaires", pointant plutôt "l'enjeu" des "dérives communautaires" et de la "déscolarisation".
Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a affirmé dimanche que "le voile en soi n'est pas souhaitable dans notre société".
« Aujourd’hui, j’ai une opinion négative de ce qu’on appelle la République. Et je trouve que le ministre de l’Éducation a dit quelque chose de honteux, lorsqu’il a parlé du voile » Fatima