Poids lourds bloqués sur l’A36 dans le Doubs : “Nos transporteurs sont des boucs émissaires”

Dans un communiqué du 22 novembre 2024, Blandine Latin, secrétaire générale de l’Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE) Franche-Comté Bourgogne dont le siège est à Besançon, déplore que les transporteurs se sentent "injustement accusés" de l’engorgement de l’autoroute 36 dans la nuit de jeudi à vendredi lors de l’épisode de neige et de verglas. Elle dénonce par la même occasion des manquements, notamment de la part de l’État, mais aussi des automobilistes sans équipement hivernal.

image d'illustration © Didgeman/Pixabay

La secrétaire générale tient dans un premier temps à dénoncer que "nos transporteurs sont des boucs émissaires". Ce vendredi matin, les poids lourds ont été montrés du doigt supposément interdits de circuler sur l’A36 jeudi soir. "Faux", affirme-t-elle, "hier, la vitesse était pour eux limitée par arrêté à 70km/h, jusqu’à ce qu’un autre arrêté pris seulement ce matin à 2h00 décide d’une interdiction de circuler, c’est-à-dire plus de sept heures après que les premiers véhicules engagés sur l’autoroute ont été immobilisés."

Une interdiction de circuler dictée à 3h00 du matin

Autre point : pourquoi tant de camions semblent s’être engagés sur l’autoroute, une fois l’arrêté d’interdiction de circulation signé ? "Parce qu’il a été diffusé vers 3h00 du matin à la profession, horaire peu propice pour une prise d’effet opérationnelle immédiate. Pour une mise en œuvre efficace, les poids lourds auraient pu être utilement arrêtés à l’entrée du péage", déclare Blandine Tatin.

Les équipements hivernaux en question

Dans la nuit de jeudi à vendredi, de nombreux automobilistes se sont retrouvés en travers de la chaussée. Ces véhicules-là "ne sont pas équipés, contrairement à la plupart de nos transporteurs francs-comtois", défend la représentante de l'OTRE FCB. Et d’ajouter : "Si la loi Montagne concerne de nombreux axes de la région, la préfecture du Doubs n’a pas inclus l’A36 dans son arrêté. Et ceux qui font l’effort de bien s’équiper ne sont pas récompensés puisqu’ils sont « stockés » comme les autres sur les aires d’autoroute. Pourquoi ne pas laisser circuler ceux qui sont en capacité de rouler dans de bonnes conditions de sécurité ? « Difficiles à identifier », nous dit-on ; on connaît pourtant la créativité de l’État lorsqu’il s’agit de certains contrôles !"

La réglementation bafouée par certains poids lourds étrangers ?

Enfin, pour continuer de défendre les transporteurs régionaux, Madame Tatin parle d’un "contexte tendu" dans lequel "la fréquentation de l’A36 est massivement la fait de poids lourds étrangers immatriculés en Europe de l’est où la main d’oeuvre à bas prix fait peser un dumping social oppressant sur nos entreprises de transport françaises". Elle affirme que "les contrôles usuels révèlent qu’en moyenne, près d’un quart d’entre eux contreviennent à la règlementation, souvent pour des irrégularités lourdes tel que cabotage illégal."

Selon l’organisation professionnelle, Si la France, à l’instar de nos voisins allemands ou suisses, se donnait les moyens de constituer un corps de contrôle suffisamment étoffé pour faire respecter la réglementation dans de bonnes conditions, non seulement l’État y trouverait de précieuses ressources financières en ces temps difficiles, mais aussi il éviterait de continuer à affaiblir une profession qu’une concurrence déloyale débridée a déjà rendue exsangue."

"Une profession mal comprise"

Blandine Tatin conclut : "Rester bloqué une nuit, c’est perdre plus d’une nuit de travail dans un contexte âpre. Se sentir pris en otage et en même temps être publiquement désigné principal responsable d’une situation dont on est les premiers à pâtir, exacerbe le mécontentement grandissant d’une profession mal comprise."

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