Le cerf et le chamois sont des espèces de grand gibier soumises à un plan de chasse dans le département du Doubs. Leur régulation est « un moyen qui contribue à concilier le maintien des espèces avec les activités agricoles et sylvicoles, notamment par la prévention et la maîtrise des dégâts forestiers qui portent atteinte au renouvellement des forêts et qui peuvent en compromettre l’avenir ».
Le chamois, une espèce nuisible ?
Pourtant l’ASPAS avance que "aucun dégât forestier et agricole n’est scientifiquement documenté à l’égard de l’espèce chamois". L’association met en avant des données de l’ONF qui stipulent que "les éventuels dégâts d’abrutissement et d’écorçage sont minimes dans toutes les unités de gestion et ne sont pas le fait des chamois".
Pour rappel, c’est la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) qui dresse l’état des lieux et propose selon ses observations effectuées des fourchettes d’attribution pour la période de chasse donnée. Dans son dernier rapport, les dégâts d’écorçage sur les placettes du département semblent en effet infimes.
L’association met également en avant "une baisse importante dans le Doubs" des effectifs de chamois "de l’ordre de 25% au minimum". Un phénomène qui semble être confirmé par les récents comptages effectués par la commission des chasseurs.
Si les fourchettes peuvent alors sembler encore hautes au regard d’une population manifestement en baisse dans les forêts du Doubs, elles ont néanmoins été revues à la baisse si on les compare aux propositions de l’an passé. Elles prévoient cette année un maximum d’attribution de 594 chamois pour cette saison et un minimum de 425.
Les chasseurs dénoncent une "infox"
Sur sa page Facebook, la Fédération départementale des chasseurs du Doubs n’hésite donc pas à parler "d’infox" lorsqu’elle fait référence aux remarques des associations mettant en avant "600 chamois tués chaque année dans le Doubs sans raison environnementale légitime". Elle parle d’une "réalité" qui est celle de "440 chamois prélevés en moyenne depuis 2014" et "576 prélevés au plus en 2022". Pour la saison 2023-2024, le rapport de la CDCFS fait état de 513 réalisations effectives.
Les projets de "fourchettes" soumis à la population
Une fois définis, les projets d’arrêtés "fourchettes" font notamment l’objet d’une participation du public (cette année du 12 juillet au 1er août 2024 pour l’arrêté chamois-cerf). Une période de démocratie participative qui peut sembler très courte et dans laquelle deux clans s’affrontent : les chasseurs et les "autres".
Alors qu’en 2023, la participation du public n’était que de 28 contributions seulement, avec une domination sans appel du "pour" qui comptabilisait 27 participations favorables au projet de "fourchettes", en 2024 155 contributions ont été reçues.
Si du côté des chasseurs (les "pour"), il ressort toujours la même observation : "les propositions de fourchettes d’attribution pour le chamois ont été validées lors de la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage par l’ensemble des parties prenantes après présentation des résultats obtenus par un groupe de travail dédié". Du côté des "autres" et donc des "contres", on souligne un "niveau de prélèvement qui paraît trop élevé au regard de la baisse des populations" et "l’absence de dégâts forestiers observés et des données" qui ne permettant pas, selon eux, de justifier les prélèvements.
Prédation naturelle des lynx et loups
L’autre argument soulevé par les "contres" étant le fait que les lynx et loups, prédateurs naturels des chamois et des cerfs présents dans le département assureraient déjà une régulation naturelle. D'ailleurs en février dernier, des chasseurs du Doubs avaient justement demandé l’autorisation de pouvoir chasser le lynx sous prétexte qu’ils se disaient "très inquiets quant à la pérennité des espèces chevreuils et chamois sur nos territoires de chasse".
Au total, sur ces 155 contributions, 51,61% se sont révélés favorables au projet contre 48,39 % défavorables. Malgré un très faible écart, le projet n’a pas été remis en cause, la préfecture considérant dans son rapport que "la proposition d’arrêté permettait d’assurer à la fois une gestion durable et raisonnée du cerf et du chamois, ma préservation de son habitat forestier et l’équilibre sylvo-cynégétique". Le préfet a ainsi fait le choix de suivre "l’avis favorable de la CDCFS" estimant qu’elle possède les "connaissances les plus à jour relatives à l’état et à la tendance d’évolution des populations de cerfs et de chamois".
Une pétition en ligne
En réaction à cette décision, Humanimo a partagé une pétition en ligne contre le plan d’abattage des chamois. À ce jour, la pétition a récolté plus de 45.000 signatures.
Si pour cette année, le plan de chasse est déjà établi et les quotas attribués, le prochain plan pourrait bien, après avoir fait aussi grand bruit cette année, être bien plus scruté par la population la saison prochaine.