Pierre Moscovici souhaite des objectifs de désendettement “plus ambitieux”

Le premier président de la Cour des Comptes Pierre Moscovici a souhaité mardi un objectif français en matière de désendettement "plus ambitieux", se disant "préoccupé" par son rythme actuel.

© Cour des comptes

"Je suis un peu préoccupé", a dit M. Moscovici, devant la REF 2023, l'université d'été du Medef, "car par rapport aux autres pays européens, nous avons augmenté davantage notre dette et nous la réduisons beaucoup plus lentement".

Il a souligné qu'il n'y avait pas actuellement "de problème de soutenabilité de la dette", mais que "ce qui est préoccupant, c'est la pente"."Je suis favorable à ce que sa courbe s'inverse avant 2027, c'est-à-dire dès 2026", et "significativement", a-t-il indiqué ensuite à l'AFP.

Il a ajouté qu'il fallait pour cela "des objectifs ambitieux, des hypothèses réalistes et un chemin crédible", marqué par des économies "considérables" qu'il a évaluées à quelque 60 milliards d'euros d'ici à 2027, "soit une douzaine de milliards par an".

Une idée qui ne lui paraît pas sérieuse

Le gouvernement prévoit de ramener le déficit public à 2,7% du PIB en 2027 : il faut que ce soit "nettement en dessous" de 3%, a souligné M. Moscovici.

Quant à la politique fiscale du gouvernement, il a considéré qu'avec 45,4% du PIB de prélèvements obligatoires, augmenter les impôts était une idée "qui ne lui paraît pas sérieuse", et que "le consentement à l'impôt touche la limite". Pour autant, il n'est pas pour "des baisses d'impôts sèches" : Avec un déficit public à 4,9 % du PIB (prévu pour 2023, NDLR) et une croissance à 1%, "si on baisse les impôts, il faut augmenter d'autres impôts ou faire des économies supplémentaires".

Le gouvernement a abaissé en avril à 2,7% du PIB sa prévision de déficit public pour 2027, qui était de 2,9% précédemment.

Le désendettement s'annonce lent

Le déficit public, qui était à 4,7% du PIB en 2022, remontera légèrement à 4,9% cette année, avant de reculer progressivement à partir de 2024. 

Le désendettement prévu par le gouvernement s'annonce lent, avec une dette publique représentant toujours 108,3% du PIB en 2027, très loin de l'objectif européen de 60%. Elle était à 111,6% du PIB fin 2022, et a passé en volume la barre de 3.000 milliards d'euros fin juin, atteignant 112,5% du PIB.

Fin septembre, le gouvernement prévoit de présenter au Parlement une loi de programmation des finances publiques (LPFP) qui doit définir, pour chaque année entre 2023 et 2027, les objectifs de réduction de la dette et du déficit publics que se donne Paris.

(AFP)

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