Le groupe TotalEnergies et deux syndicats majoritaires semblaient, vendredi 14 octobre, en voie de s’accorder sur une augmentation des salaires dans le groupe, mais la CGT, à l’origine de l’arrêt de travail qui a provoqué une rare pénurie d’essence en France, a refusé tout accord et promis de continuer la grève.
Sous pression du gouvernement et d’une grève qui dure depuis 18 jours, la direction du groupe pétrolier avait convié les quatre syndicats représentatifs à négocier en urgence dans la nuit de jeudi 13 à vendredi 14 octobre. Ce n’est qu’à 03 h 30 du matin que les représentants des deux syndicats réformistes CFDT et CFE-CGC sont sortis du siège de TotalEnergies à La Défense, pour annoncer qu’ils étaient favorables à la dernière proposition de la direction, selon eux de 7 % d’augmentation de salaire et 3.000 à 6.000 euros de prime.
La CGT claque la porte
"L’équipe de négociation CFDT donne un avis favorable aux mesures qui sont sur la table", a déclaré Geoffrey Caillon, coordinateur CFDT. L’avis est également "plutôt favorable" à la CFE-CGC, selon son coordinateur Dominique Convert. Chaque syndicat va désormais consulter ses adhérents pour décider de signer, ou non, l’offre, avant vendredi midi.
"On a soumis un accord pour signature avant midi", a confirmé Namita Shah, membre du comité exécutif de TotalEnergies, sans corroborer le chiffre de 7 %, qui est supérieur aux 6 % proposés jeudi.
La CGT, elle, avait déjà quitté l’immeuble, non sans avoir préventivement dénoncé l’accord des deux autres syndicats, forts de 56 % de représentativité à eux deux. "Ça ne changera rien à l’état d’esprit et à la détermination des grévistes", a prédit Alexis Antonioli, espérant désormais "la généralisation du mouvement".
Une "grande journée de grève nationale" mardi prochain
Le mouvement des raffineries s’est de fait déjà mué en appels à la grève générale, et mardi prochain devrait être l’occasion d’une grande journée de grève nationale, des transports aux fonctionnaires, suite à l’appel jeudi de quatre grands syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU) et de plusieurs organisations de jeunesse. La grève de mardi touchera en particulier la SNCF et la RATP.
Le gouvernement avait fait fortement pression pour que ces négociations commencent, et Emmanuel Macron a assuré que le retour à la normale interviendrait "dans le courant de la semaine qui vient".
"La catastrophe"
Dans les Hauts-de-France, en Île-de-France et dans le Centre-Val-de-Loire, particulièrement touchés par les pénuries créées par les grèves dans les raffineries et dépôts de carburants, les automobilistes ont continué jeudi leur quête d’essence et de diesel, chassant les ravitaillements de camions-citernes et surveillant les applications. Une pénurie qui fait perdre un temps considérable aux professionnels qui dépendent de leur véhicule : transporteurs routiers, artisans, ambulanciers…
"Depuis quatre-cinq jours, c’est la catastrophe", s’exclame Françoise Ernst, monitrice d’auto-école à Paris. "On ne peut plus travailler." "C’est un vrai problème, pas que pour les chefs d’entreprise, pour tout le monde", témoignait aussi Enzo Rougès, chef d’entreprise dans l’automobile, à une station BP de Paris prise d’assaut. Les routiers sont "sur le fil du rasoir", assure auprès de l’AFP le secrétaire général de l’organisation professionnelle Otre, Jean-Marc Rivera.
Seule une raffinerie a vu la grève s’arrêter jeudi, celle de Fos-sur-Mer appartenant à Esso-ExxonMobil, où un accord a été signé lundi avec CFDT et CFE-CGC mais est rejeté par la CGT. Les grévistes de celle de Gravenchon-Port-Jérôme l’ont en revanche reconduite jeudi. Cinq raffineries, sur sept en France, restent à l’arrêt, ainsi que plusieurs dépôts dont un immense près de Dunkerque, appartenant à TotalEnergies.
(AFP)