Aline Peugeot remet en question cette décision, en rappelant que ”contraintes à la clandestinité, les personnes prostituées sont davantage exposées aux agressions et aux infections sexuellement transmissibles. Leurs conditions de travail se sont aussi dégradées : face à la baisse du nombre de clients, elles sont souvent obligées d'accepter des pratiques qu'elles auraient refusées auparavant ou des tarifs à la baisse.”
Face à cette situation, 261 hommes et femmes prostitué(e)s ont saisi la CEDH, avec le soutien d'une vingtaine d'associations. Le 25 juillet dernier, la CEDH a rendu son verdict : la loi du 13 avril 2016 ne viole pas la Convention européenne des droits de l’homme (source). Les clients des prostitué(e)s restent donc toujours passibles d’une amende de 1.500 euros (3.750 euros en cas de récidive).
”Parler de -désir- démontre à quel point les décisionnaires ne connaissent pas le sujet”
Pour Aline Peugeot, fille adoptive du petit-fils du grand industriel automobile Henri Peugeot, cette décision est une ”aberration”. Cette ancienne prostituée déplore que ”la voix des principales intéressées ne soit pas entendue” et regrette qu l’”on écoute des parlementaires qui ne connaissent absolument rien au problème de la prostitution puisqu'ils ne l'ont pas vécue ! Actuellement, les seules informations dont ils disposent sont filtrées par des associations abolitionnistes telles que Le Nid”, dénonce-t-elle, ”d’autant plus qu'ils créent des inégalités dans le milieu puisque les personnes frontalières peuvent aisément pratiquer en toute légalité hors de France.”
Par ailleurs, pour Aline Peugeot, ”parler de -désir- démontre à quel point les décisionnaires ne connaissent pas le sujet, car une "passe" a pour but de satisfaire le client, comme pour toute transaction d'ailleurs. L'affinité ou l'attirance n'entrent absolument pas en ligne de compte ! Les prostituées ne sont pas toutes des nymphomanes, le but et l'intérêt premier de l'activité étant financier."
”Une priorité : intègre les constats et les retours des personnes prostituées”
Aline Peugeot raconte dans son communiqué être contactée ”de plus en plus par de jeunes femmes qui envisagent de se prostituer pour boucler leurs fin de mois.” L’ancienne travailleuse du sexe veut ”tordre le cou à une idée reçue : non, pénaliser les clients ne mettra pas un terme à la prostitution.”
Selon elle, ”la loi de 2016 ne supprime pas le problème, elle le déplace et elle l’aggrave, car elle a un effet pervers : en poussant les prostituées et leurs clients à la clandestinité, elle exacerbe la violence inhérente à ce milieu.” Et d’ajouter : ”Les agressions, les vols, les pressions pour refuser le port du préservatif se multiplient. Il est aussi devenu beaucoup plus difficile pour les associations d'aller à la rencontre des prostituées pour les aider à s'en sortir."
À contre-courant de la mouvance abolitionniste, et parce qu'elle a travaillé durant 20 ans dans une maison close de Strasbourg, Aline Peugeot veut privilégier ”une approche pragmatique de la question de la prostitution.” Elle se déclare notamment favorable à sa légalisation et à sa reconnaissance, afin de créer un cadre véritablement sécurisé pour les travailleuses du sexe. ”Ce qui implique notamment, pour éviter toute situation irrégulière, une réelle prise en compte de ce métier, sans discriminations, par les administrations”, conclut-elle.
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Aline Peugeot est aujourd’hui l’auteure de plusieurs ouvrages, conférencière et formatrice en développement personnel.