Dominique Lott, maire d'Echenon, commune d'environ 800 habitants, fait partie des 48 hommes interpellés mi-novembre à travers la France lors d'une vaste opération de lutte contre la pédopornographie. L'élu, qui sera jugé le 26 avril, a reconnu "une partie des faits reprochés". Il avait en sa possession "des images et vidéos mettant en scène des mineurs de 5 à 15 ans, dans des poses suggestives, ou ayant des rapports sexuels entre eux ou avec des adultes", avait indiqué le parquet à Dijon lors de sa garde à vue.
Une pétition pour la démission de Dominique Lott
Comme l'y autorise la loi, le maire n'a pas démissionné, suscitant un vif émoi dans le petit village, proche du Jura. Une pétition demandant son départ a recueilli 589 signatures, en date de vendredi. "Pourquoi (le député LFI accusé de violences conjugales) Adrien Quatennens a été écarté de l'Assemblée nationale et pas notre maire ? Pourquoi Julien Bayou (accusé de violences psychologiques envers son ex-compagne) s'est mis à l'écart de la présidence d'EELV et pas notre maire ?", se demandent les auteurs de la pétition.
Deux conseillers municipaux (sur un total de 14) ont par ailleurs démissionné. "Seuls deux", s'offusque dans la missive au président Wardia Haya-Cartaut, habitante du village et mère d'un garçon de huit mois. "La justice se chargera de son procès, ce n'est pas à nous que revient cette charge", répond dans un communiqué le conseil municipal, sans vouloir plus commenter.
"Aucune marge de manoeuvre"
"Juridiquement, nous n'avons aucune marge de manoeuvre", assure le conseil, ce que Mme Haya-Cartaut conteste, citant le Code des collectivités territoriales qui permet au président de la République de révoquer un maire. La mère de famille, qui dit avoir été "sollicitée par les habitants", a donc adressé une lettre en ce sens à Emmanuel Macron, dont l'AFP a obtenu copie. Elle cite "l'exemple" du maire d'Hesdin (Pas-de-Calais), révoqué en août 2019 après avoir été accusé, notamment, de détournement de fonds publics.
Saisi par ce maire, le Conseil d'État avait jugé que cette procédure disciplinaire était "indépendante" de la procédure pénale. "Ainsi, sans méconnaître le principe de la présomption d'innocence, vous êtes en mesure de prononcer une sanction disciplinaire", écrit Mme Haya-Cartaut dans sa lettre au président, signée par deux autres mères.
(AFP)