L'étude a été menée durant l'année 2018 sur un panel de 1.347.500 personnes (716.500 adultes et 631.000 enfants), dont 22.000 ménages en Bourgogne-Franche-Comté.
Qui est le plus touché par la pauvreté ?
Selon l'étude, les femmes, notamment les mères isolées (pour 39,2%) sont toujours la population la plus fréquemment rencontrée au Secours catholique (56.4 %). Les hommes restent néanmoins "fragiles" : 47 % sont des hommes d'origine française et 40 % sont d'origine étrangère.
Les tranches les plus actives (25 à 50 ans) concentrent près de deux tiers des adultes accompagnés. Dans cette catégorie d'âge, quatre femmes sur cinq vivent au sein d'une famille avec enfants et la moitié est des mères isolées.
Même si les plus de 60 ans sont sous-représentés dans les accueils, leur indice de fragilité en augmentation traduit une précarisation des conditions de vie des séniors.
Les enfants représentent 46 % de l'ensemble des personnes rencontrées par l'intermédiaire de la personne de référence de leur ménage, la moitié vivant au sein d'une famille monoparentale.
Remarque : Le revenu médian en France est autour de 1.700 €. Le seuil de pauvreté est à environ 1.000 €. Selon Antoine Aumonier, délégué de Franche-Comté au secours catholique, les personnes rencontrées au secours ont pour salaire médian 535 € (en baisse de 15 € par rapport à l'année dernière).
Quelles sont les zones les plus touchées par la précarité en Franche-Comté ?
Antoine Aumonier : "Même si nous avons une zone très rurale, la précarité se cache. Cela concerne souvent des personnes âgées ou qui entrent en retraite avec des minimas sociaux ou avec des retraites trop faibles. On n'entend pas souvent parler d'elles. Elles ne sont pas dans les manifestations, mais poussent la porte du Secours catholique. Nous avons également peu de centres urbains, mais ils concentrent beaucoup de précarité et notamment ceux qui ont dû quitter leur pays et qui ne trouvent pas d'accueil".
Y a-t-il une évolution ces dernières années ?
Antoine Aumonier : "Il y a des choses qui évoluent 'mal', c'est-à-dire sur le nombre de familles accueillies. Sur 1.300.000 personnes qui ont été rencontrées l'année dernière, il y a 630.000 enfants. Ils ne sont bien sûr jamais interviewés sur la situation de précarité de leurs parents, mais la subissent au quotidien (pas de vacances, regard porté par les camarades sur leurs vêtements…) Ce sont des souffrances qui sont encore peu connues et sur lesquelles nous sommes assez vigilants".
"Le nombre de migrations en famille et le nombre de femmes seules avec enfant (et un emploi précaire) commencent à augmenter année après année. 30% de ces personnes sont également en logement précaire (+ 10% depuis 2010). Cela signifie être chez des amis, dans sa famille, des squats, des hôtels et centres d'hébergement".
Quelle est la solution pour accompagner les immigrés ?
Antoine Aumonier : "L'immigration est un sujet en Franche-Comté (même s'il l'est moins que certains autres départements). On peut faire un accompagnement individuel. L'important est de tisser le lien pour construire une intégration. Nous avons d'ailleurs fait un mur de selfie avec le slogan "on n'est plus tous seul les deux. Pour nous, la solution est la rencontre, le temps passé ensemble et l'ouverture sur une vie normale".
L'étude montre-t-elle paupérisation du travail ?
"On voit une augmentation du taux de chômage non indemnisé. Nous sommes à 3,1 ans de temps pendant lequel on est dans cette catégorie. Cette partie est inactive et il est difficile de revenir sur le marché du travail".
Sur ce point, l'étude montre que contrairement à la France en générale, la Bourgogne-Franche-Comté a connu une baisse de nombre d'emplois salariés de 0,7 %. Le Territoire de Belfort est le plus touché par le chômage avec 9,1% (le Jura est le moins impacté avec 6,3%).