Patrick Brangeat, un homme engagé dans la lutte des Lip

Publié le 27/09/2024 - 18:01
Mis à jour le 18/10/2024 - 16:20

GRAND FORMAT • Lancé en juin 1973, le conflit Lip a marqué les esprits et notamment celui de Patrick Brangeat qui s’est engagé comme militant pour la cause des salariés. Employé dans une entreprise à proximité, Lip représentait déjà beaucoup pour lui, car sa mère avait été employée de l’usine. À 78 ans, il a depuis, rassemblé de nombreux ouvrages sur le sujet et gardé quelques objets de l’époque… Rencontre.

LIP. Plus qu’une usine, la société a été le symbole d’une grève sans précédent. Une grève ou les employés ont dit non au patronat en apprenant le dépôt de bilan. Cette dernière s'est amplifiée lorsqu’ils ont découvert un plan massif de licenciements concernant près de 500 personnes. S’en est suivi une séquestration de deux administrateurs du gouvernement le 12 juin 1973 par les employés et le début de ventes sauvages de montres avec le slogan : "c’est possible, on fabrique, on vend, on se paie".

À cette époque, Patrick Brangeat est chef comptable d’une TPE située à 200 mètres de l’usine LIP. En voyage en Irlande, il découvre l'occupation de l'usine par les CRS à la télévision. Il décide d'interrompre son voyage et de revenir à Besançon.

Le 14 août 1973, jour d’affrontement avec les CRS

Malgré les négociations entamées le 11 août entre le syndicat, le comité d’action et le médiateur Henry Giraud, les CRS sont envoyés trois jours après pour entrer dans l’usine et chasser les ouvriers qui l’occupent.

Un jour que Patrick Brangeat n’oubliera pas. Parti avec un appareil photo pour couvrir le conflit, il a été blessé : "j’ai été le premier matraqué. Les flics venaient et bousculaient les Lip, mais moi, on est venu me casser mon appareil et on m’a frappé au visage. Je me laisse pousser la barbe depuis", explique-t-il en montrant une serviette estampillée "LIP" qui lui a été donné par les employés lors de l’affrontement : "Bon, le sang n’est plus dessus quand même" lance-t-il avec ironie.

Des ouvrages en nombre

En plus de son écharpe, Patrick Brangeat a gardé quelques souvenirs de l’époque comme un cendrier LIP, une boite d’allumettes ou encore l’emballage d'une montre où l’on peut lire : "Pour votre montre, le plus sûr garant de qualité, c’est l’œil de votre horloger-bijoutier". Il a également conservé sa première montre, celle de sa communion, une Lip bien sûr.

© Hélène Loget

Un seul hic. Patrick Brangeat nous avoue avoir acquis par sa mère "une montre gravée en seulement 100 exemplaires". Une montre unique que le militant a caché au fil des années et qu'il n'a jamais retrouvé : "j’avais peur de me faire voler, j’allais partout avec et un jour, je ne me suis plus rappelé ou je l’avais dissimulée", explique-t-il.

© Hélène Loget

Au fil du temps, Patrick a également collectionné de nombreux ouvrages et recommande de lire "LIP, des heures à conter"(Ed. Glénat) : "J’ai appris des choses sur LIP que je ne savais pas".

© Hélène Loget

Coucou Enfin, le 29 septembre 1973 communément appelé la "marche des 100.000" (grande marche nationale à Besançon) reste un jour marquant pour le militant : "Vous vous rendez-vous compte tout ce monde sous une pluie battante. Les premiers étaient sur le pont Battant alors qu’à Planoise, ça n’avait pas encore démarré", souligne Patrick.

© D/R collection de P.B

La société LIP n’aura pas dit son dernier mot, elle sera reprise en mars 1974 par Claude Neuschwander, patron de la compagnie européenne d’horlogerie. Après deux ans d’activité, il déposera finalement le bilan et Lip sera définitivement liquidée en septembre 1977.

L’aventure se poursuivra en novembre 77 où Lip deviendra une SCOP avec la création de six coopératives, dont les Industries de Palente puis une SARL en 83 avant d’être rachetée en 86 par la Société mortuacienne d’horlogerie. Elle déménagera plusieurs fois et reviendra à Besançon en 2015.

Si Lip existe toujours, la société "n’a plus rien à voir avec celle de l’époque", pour Patrick Brangeat.

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Social

À Belfort, l’Armée du salut ouvre cinq chambres de plus cette année

En plus de ses missions d’hébergement et d’accompagnement de 7.500 personnes sans abri chaque jour, la Fondation de l’Armée du Salut renforce cet hiver ses actions avec la création d’au moins 200 places d’hébergement en France, dont quelques unes à Belfort. Ce nombre pourra encore augmenter en cas de vague de froid.

Grève du 5 décembre : où se dérouleront les manifestations en Bourgogne Franche-Comté ?

Les agents de la fonction publique sont appelés à une journée d’action, de manifestation et de grève sur l’ensemble du territoire le jeudi 5 décembre 2024 par l’ensemble des organisations syndicales représentatives de la Fonction publique. Plusieurs manifestations sont organisées en Bourgogne Franche-Comté, voici la liste.

Seniors : les aides financières pour les aider dans leur vie quotidienne

En France, à partir d’un certain âge et en cas de faibles ressources, il existe plusieurs aides financières pour aider à payer son loyer, ses dépenses de santé ou encore adapter son logement en cas de perte d’autonomie. On fait le point sur les aides existantes avec le site officiel de l’administration française service-public.fr.

Fonction publique : grosse mobilisation attendue le 5 décembre 2024 y compris à Besançon

Les agents de la fonction publique sont appelés à une journée d’action, de manifestation et de grève sur l’ensemble du territoire le jeudi 5 décembre 2024 par l’ensemble des organisations syndicales représentatives de la Fonction publique. De son côté, l’Union Départementale FO soutient le mouvement et appelle à une mobilisation d'ampleur, "au-delà des journées de grève isolées". 

Manifestes ProMilès : les forces armées et des entreprises franc-comtoises renforcent leurs liens

Le jeudi 7 novembre 2024 en présence du général de division Jean-Pierre Fagué, commandant la 1re Division, délégué militaire départemental du Doubs (DMD 25) et d'Emmanuel Viellard, président du Medef Franche-Comté, des manifestes ProMilès ont été signés par 28 entreprises du Doubs lors d’une cérémonie à l’Hôtel du Grand quartier général de Clévans à Besançon.

À Besançon, l’intersyndicale appelle à la mobilisation mardi devant la Nef aux métiers

Les organisations syndicales appellent à un rassemblement le mardi 26 novembre 2024 à partir de 9h00 devant La Nef aux Métiers, située au 101 rue de Vesoul à Besançon, avant l’assemblée générale de la Chambre de métiers et de l’artisanat régionale de Bourgogne-Franche-Comté prévue à 9h30. Ils dénoncent notamment des suppressions d’emplois et d’antennes.

Agriculture : Annie Genevard sur le terrain d’une filière mobilisée

La ministre de l'Agriculture effectue jeudi 21 novembre 2024 dans le Pas-de-Calais sa première visite sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, la mobilisation semblant désormais surtout se circonscrire aux actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale. A Besançon, elle a rappelé vendredi dernier son soutien à la filière.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 3.77
couvert
le 04/12 à 09h00
Vent
1.72 m/s
Pression
1028 hPa
Humidité
91 %