Passeur d’histoires : “Les nuits de pas-lunes”

La lecture du soir... • « Chez les Zigouingouins, il y avait une règle que tout le monde respectait. Les nuits de pas-lunes, on ne mettait pas ses quatre pieds dehors… »
 
 
 
 

Les nuits de pas-lunes © Svetlana Kirilina ©

Voix :   Frédéric Debief - Mettez le son et cliquez sur le bouton lecture de la publication Instagram ci-dessous

Le livre : "Les nuits de pas-lunes "

Chez les Zigouingouins, il y avait une règle que tout le monde respectait. Les nuits de pas-lunes, on ne mettait pas ses quatre pieds dehors.

Elles étaient assez rares, ces nuits. Parce qu'avec sept lunes dans le ciel, il y en avait toujours forcément une qui brillait. Mais parfois, la nuit était complète et alors là, aucun Zigouingouin ne se serait risqué dehors.

C'était une vieille croyance, aussi vieille que les plus vieilles légendes. Elle datait de l'époque où les Zigouingouins avaient bien plus d'yeux et un peu moins de jambes. Elle datait de l'époque où ils n'avaient pas encore découvert le thé au citron et les biscuits à la noix de coco. Elle datait vachement, quoi !

Le Zigouingouin n'était pas bien curieux. Il aimait son petit confort : déguster une tasse de chocolat avec une grosse pâtisserie recouverte de crème était un de ses passe-temps favoris. Il aimait se réchauffer ses quatre pieds en les tendant vers la cheminée et en soupirant d'aise. Et les nuits de pas-lunes, il n'allait certainement pas se risquer dehors !

Le Zigouingouin n'était pas curieux, ça non. Mais il arrivait qu'un Zigouingouin sorte du lot, qu'il se montre un peu plus alerte que les autres. En général, ce genre-là de Zigouingouin finissait explorateur pour partir à la découverte de nouvelles cultures. Bon, en général, ça se résumait surtout à regarder de loin les vaisseaux atterrir, les colons en sortir, planter un drapeau ou deux, puis repartir. Bizarrement, jamais personne ne s’attardait sur leur planète

Et un jour, Frédoline, qui était justement ce genre-là de Zigouingouin, décida de sortir pendant une nuit de pas-lunes. Elle enfila ses deux paires de chaussures, s'enroula dans une écharpe, rajouta un pull et poussa sa porte. Jamais encore elle n'avait vu le quartier aussi tranquille, calme, vide. Jamais encore elle n'avait vu autant de fenêtres fermées et de lumières éteintes. Jamais encore elle n'avait vu autant d'étoiles dans le ciel.

Frédoline déambula un petit moment dans les rues, le nez levé vers le ciel. Elle ne comprenait décidément pas pourquoi on s'obstinait à se cacher chez soi. C'était tellement bien, les nuits de pas-lunes !

Et tout d'un coup, elle comprit. Son pied loupa le trottoir, elle glissa, percuta un arbre et une noix de coco atterrit sur son crâne. Sonnée, elle s'assit, secoua la tête, remit toutes ses idées à leur place.

À partir de ce jour, Frédoline ne mit plus un pied dehors lors des nuits de pas-lunes. Une bosse, c’était largement suffisant !

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