Jeudi, le Premier ministre Jean Castex avait indiqué que les stations de ski pourront rouvrir durant la période des fêtes de fin d’année, mais les remontées mécaniques devront rester fermées, promettant d’aider les communes et professionnels concernés.
Quelque 2.000 personnes selon les organisateurs, 400 selon la police, ont répondu samedi matin à Gap à l'appel au rassemblement des professionnels des stations de ski des Hautes-Alpes pour demander l'ouverture avant Noël des remontées mécaniques, mais aussi des bars et restaurants.
Une "aberration"
"C'est une aberration, car c'est une activité de plein air! ", avait réagi le lendemain Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF), se disant "atterré".
Du côté des maires de stations de montagne, le président de l'ANMSM Jean-Luc Boch avait renchéri en parlant d'une décision "totalement incompréhensible".
"Monsieur le président de la République, ne tuez pas la montagne française!", ont écrit dans une tribune le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez et d'autres élus ou professionnels qui demandent à Emmanuel Macron la réouverture en décembre des remontées mécaniques.
L'Autriche a décidé d'ouvrir ses stations malgré la pression mise par l'Allemagne pour une fermeture coordonnée au niveau européen.
Certains domaines ont déjà ouvert en Suisse et le pays, qui ne fait pas partie de l'UE, entend combiner protocoles sanitaires et impératifs économiques pour ouvrir ses stations durant les fêtes, pour des raisons économiques similaires à celles avancées en Autriche. "Nous avons pris notamment en Suisse romande des décisions lourdes en conséquences - la fermeture des restaurants pour prendre cet exemple - pour justement préserver la période des fêtes parce que celles-ci sont essentielles sur le plan économique", a expliqué le ministre de l'Économie vaudois Philippe Leuba à la RTS.
"En Suisse, nous pouvons aller skier, avec des plans de protection", a assuré jeudi le ministre de la Santé, Alain Berset, en soulignant que le gouvernement re-examinerait la situation avant les fêtes de fin d'année. Car même si ce sont les cantons qui décident de l'ouverture des stations, le gouvernement peut avoir son mot à dire.
Le plan de protection sanitaire élaboré par les Remontées mécaniques suisses pour plus de 2400 installations (téléskis, télésièges, téléphériques...) a été favorablement accueilli par les autorités. Ce concept "incluant l'utilisation obligatoire de masques de protection dans et sur toutes les remontées mécaniques, ainsi que dans les zones d'attente, constitue une bonne base pour des sports d'hiver sûrs", a expliqué à la télévision publique SRF, Rudolf Hauri, président de l'Association des médecins cantonaux de Suisse.
Tout ne se déroule pas toujours parfaitement, et une photo de skieurs agglutinés dans une file d'attente à Zermatt en novembre avait choqué et forcé la police à s'en mêler.
Depuis quelques semaines déjà, les Suisses peuvent dévaler les pistes comme à Verbier, Gstaad ou Saas-Fee. En Valais (sud-ouest), une des principales régions de ski du pays aux côtés des Grisons (est) et de l'Oberland bernois (centre), le président de l'exécutif cantonal, Christophe Darbellay, l'a assuré à l'AFP : "On skiera à Noël". Dans la région, les hôtels sont déjà ouverts, et les restaurants doivent ouvrir à la mi-décembre.
Autre destination prisée, la station de Bansko en Bulgarie, Mecque européenne du ski "low cost", prévoit également d'ouvrir alors que le pays affronte une flambée de l'épidémie et une saturation des services hospitaliers.
"Si nous étions un canton suisse, nos stations de ski seraient ouvertes !" Jean-Philippe Allenbach
Les différences entre pays et la grogne des maires inspirent forcément le régionaliste bisontin Jean-Philippe Allenbach. "Les seules régions françaises économiquement pénalisées par l’interdiction d’ouvrir les stations de ski sont les régions frontière, dont la Franche-Comté. Et non pas la Bourgogne (...) cette mesure prise par Paris est parfaitement discriminatoire sur le plan territorial" estime le président du mouvement Franche-Comté en fustigeant les conséquences économiques pour notre région d'être rattaché au "système jacobin français."