Refusant les licenciements, les salarié·es ont occupé l’entreprise et ont décidé de reprendre la production des montres, de les vendre, et de se payer. Une expérience qui a soulevé l’enthousiasme populaire.
"On fabrique, on vend, on se paye", voilà ce qui s’affichait au fronton de l’usine Lip en 1973. Les images feront le tout du monde.
Lip, c’est d’abord l’histoire d’une horlogerie renommée mondialement, de tradition et d’excellence à Besançon, qu’une multinationale rachète pour la marque, avec l’intention de licencier des centaines d’hommes et de femmes qui y travaillent.
Charles Piaget, porte-parole des Lip, se fait le témoin et la mémoire de cette grève qui marqua l’actualité politique et sociale de la France des "années 68".
Il explore les formes, alors inédites, de la lutte : une intersyndicale, des commissions impliquant l’ensemble des salarié·es, des assemblées générales qui décident des actions et qui désignent et contrôlent les porte-parole, l’autogestion.
Et surtout, il nous rappelle que les Lip vont aller au-delà de ce qui était imaginable en franchissant la ligne jaune de la légalité et du droit de propriété en se saisissant des stocks de montres pour en faire leur "trésor de guerre". Ils iront jusqu’à remettre l’usine en route pour fabriquer des montres, pour les vendre, et pour se verser un salaire.
Enfin, Charles Piaget nous raconte les suites de la grève de dix mois, l’engagement de réembauche de tout le personnel, les six années de rebondissements, d’avancées et d’obstacles, avec la création de coopératives.
Photographies et documents donnent à ce livre "Coup pour coup" des éditions Syllepse, le choc des images.
À près d’un demi-siècle de distance, c’est une histoire très proche de l’actualité de la crise sanitaire et sociale dans laquelle nous sommes, avec ses fermetures d’entreprises, ses licenciements et toujours les abus de pouvoir des multinationales.
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Charles Piaget, né en 1926, ouvrier puis technicien et contremaître, syndicaliste CFDT, membre du PSU, est toujours actif à Besançon.