Les boîtes de mouchoirs ont beau être disposées un peu partout, dans son institut de la rue Brabant à Besançon, Karine Roy exerce son métier de prothésiste capillaire et mammaire avec le sourire et toute l’humanité nécessaire pour accompagner des malades de cancer dans leur parcours de guérison.
Avant, Karine était coiffeuse. Mais après s’être retrouvée face à plusieurs de ses clientes malades et alors qu’elle a l’impression d’avoir fait le tour de la coiffure, elle décide de suivre une formation pour se spécialiser dans la prothèse capillaire et mammaire. Un passage dans l’univers médical qui l’amène à recevoir désormais, depuis 15 ans, des patientes notamment atteintes de cancer du sein.
La maladie ayant des répercussions sur leur poitrine, leurs cheveux ou encore leurs ongles, Karine a pour rôle de leur permettre de "retrouver leur féminité". Un métier qu’elle ne considère pas éprouvant puisque pour elle, "à travers la coiffure, on a l’art de rendre les gens beaux. Aujourd’hui, à travers la coiffure, je peux aider les personnes qui sont en souffrance en leur apportant du bien". Pour elle, il s'agit d' "une étape dans leur vie" qui permet aux malades de "rebooster la confiance en soi, de retrouver de la féminité et de l’assurance".
Pas d’amalgame en revanche, "ce n’est pas un salon de coiffure, on est plus dans le milieu médical" affirme Karine. Et cela même si l’ambiance de son institut est plus chaleureuse que l’univers aseptisé des cabinets médicaux.
Remboursées intégralement
Concernant ses produits, la gérante ne parle pas de perruque mais de "chevelure" (prothèse capillaire). Un terme "plus soyeux, plus doux", qu’elle utilise devant les clients qui sont généralement des femmes mais peuvent également être des hommes et parfois même des enfants.
Les prothèses capillaires font partie de ce que l’on appelle des "soins de support" qui concernent tous les soins prenant en charge les conséquences de la maladie et des traitements. D’après l’institut national du cancer, "les soins de support proposent une approche globale de la personne et visent à assurer la meilleure qualité de vie possible pour les personnes malades, sur les plans physique, psychologique et social". Ils font donc partie intégrante du parcours de soins et ne sont donc "ni secondaires, ni optionnels". Raison pour laquelle ils sont généralement bien remboursés.
Transparente, Karine nous explique que les prothèses capillaires dites "de classe 1" sont remboursées intégralement (350€) et qu’il "s’agit déjà de belles prothèses". Celles dites de classe 2 peuvent aller de 350 à 700€ et sont prises en charge à hauteur de 250€ par la CPAM et une autre partie par la mutuelle du patient.
Conserver son identité
Le choix de la chevelure est quant à lui "très important". Qu’il s’agisse de fibres synthétiques, à haute température ou encore d’un mélange de cheveux et de fibres synthétiques, la patiente opte généralement pour "un modèle proche de sa chevelure d’origine". Pas d’excentricité ou presque donc pour celles qui espèrent ainsi "conserver leur identité" et "ne veulent pas que ça se voit".
Pour cela, Karine accorde beaucoup d’attention à l’étape de transition en intervenant avant le processus de perte de cheveux. "L’idéal étant que je lui coupe moi-même les cheveux en cachant le miroir, puis je pose la chevelure et je la remets ensuite face à la glace de façon à ce qu’elle se retrouve tout de suite" nous explique la professionnelle. Elle insiste donc sur l’importance d’être disponible et flexible pour le bien-être des clientes car "si leurs cheveux commencent à tomber, on ne peut pas remettre la coupe à la semaine prochaine".
Il est également important pour elle que "la personne se retrouve à travers la chevelure", les échanges lors de la première consultation sont donc primordiaux afin de saisir les souhaits des patientes qui "en général repartent avec la banane".
À l’issue de la phase de traitement, "il faut bien compter une année pour récupérer une coupe de cheveux. Je les accompagne donc pour leur première coupe, leur première couleur jusqu’à ce qu’elles retournent chez leur coiffeur". Une nouvelle étape décisive car "quand justement on se trouve bien avec une chevelure, la repousse est ensuite une étape qui est très difficile et compliquée à vivre" analyse Karine.
Des prothèses mammaires externes mais réalistes
Pour parer à une autre conséquence du cancer du sein, l’institut propose également des prothèses mammaires externes à porter à l’intérieur d’un soutien-gorge. Là encore, il en existe plusieurs, nous explique Karine. Il y a tout d’abord les prothèses dites transitoires que l’on peut utiliser deux mois après l’opération. Puis celles en silicone, à glisser dans la lingerie ou dans un maillot de bain. Enfin 14 mois après l’opération, on utilise ce que l’on appelle des prothèses de contact qui adhèrent directement à la peau.
Différents galbes, différentes tailles et même des mamelons de tailles et de couleurs différentes sont proposés afin de se rapprocher le plus possible du sein naturel. "Elles sont très naturelles et adaptées" nous confirme Karine qui nous explique qu’après cela les patientes peuvent ou non avoir ensuite recourt à la chirurgie.
Là aussi, "les prothèses mammaires sont prises en charge" tout comme "certaines mutuelles remboursent également désormais la lingerie. Il faut se renseigner" ajoute Karine. Des turbans et autres accessoires capillaires sont également proposés au sein de l’institut ainsi que des vernis et crèmes hydratantes. Tous ces soins ont, une fois encore, pour objectif d’accompagner le processus de guérison des patientes et de leur redonner au plus vite assurance et sourire.
Institut capillaire Karine
- 2b rue de Brabant - 25000 Besançon
- 03 81 47 46 22