Deux sociétés servant d'intermédiaires entre les professionnels de santé - médecins, pharmaciens, opticiens, etc. - et les complémentaires santé ont été la cible de cette attaque : Viamedis (détenue notamment par les complémentaires Malakoff Humanis et Vyv) et Almerys.
Ce sont les opérateurs qu'un professionnel de santé interroge pour savoir s'il peut accorder, ou non, le tiers payant à un assuré social.
"Plus de 33 millions de personnes" sont concernées par une violation de données "pour les assurés et leur famille: l'état civil, la date de naissance et le numéro de sécurité sociale, le nom de l'assureur santé ainsi que les garanties du contrat souscrit", a précisé dans un communiqué le gendarme de la vie privée numérique.
Mais, selon la Cnil, "les informations bancaires, les données médicales, les remboursements santé, les coordonnées postales, les numéros de téléphone" ou encore les adresses électroniques "ne seraient pas concernés".
Aux Français touchés, il est conseillé d'"être prudent sur les sollicitations qu'(ils peuvent) recevoir, en particulier si elles concernent des remboursements de frais de santé" mais aussi "de vérifier périodiquement les activités et mouvements sur (leurs) différents comptes".
"Investigations" rapides
Il est en effet "possible que les données ayant fait l’objet de la violation soient couplées à d’autres informations provenant de fuites de données antérieures", explique la Cnil. L'attaque s'est faite par l'usurpation d'identifiant et mot de passe de professionnels de santé.
L'alerte avait été donnée le 1er février par Viamedis qui a détecté l'attaque et averti les autres plateformes de tiers payant. Quelques jours plus tard, Almerys avait annoncé avoir également détecté une intrusion.
Les autres grandes plateformes de tiers payant ne semblent pas avoir été touchées, selon des informations recueillies par l'AFP auprès notamment de SP Santé (filiale de Cegedim) et de Actil (filiale d'Apicil).
"Devant l’ampleur de la violation", la Cnil va "mener très rapidement des investigations" notamment pour vérifier si les mesures de sécurité des opérateurs touchés par la cyber-attaque étaient conformes à leurs obligations de protection des données.
Elle a aussi appelé les complémentaires recourant à Viamedis et Almerys à informer "individuellement et directement" tous leurs assurés concernés, prévenant qu'elle s'assurera que ce soit fait "dans les plus brefs délais".
Risque de hameçonnage ?
Selon des spécialistes de la cybersécurité interrogés ces derniers jours par l'AFP, les données exposées n'ont pas une grande valeur en tant que telles mais peuvent éventuellement servir à de futures cyber-attaques.
"Ça ne vaut pas grand chose comme données, il faudrait qu'il y ait aussi au moins un e-mail et un numéro de téléphone" pour qu'elles permettent de monter des attaques rapidement, selon Damien Bancal, grand observateur du marché noir de la donnée volée et animateur du blog Zataz.com.
Tamim Couvillers, analyste de la société de cybersécurité Vade, confirme que ces données ont peu de valeur marchande, mais avertit qu'elles "peuvent vite être croisées avec d'autres fichiers".
Ainsi, souligne-t-il, avoir le numéro de sécurité sociale de sa cible "permet de donner de la crédibilité à un courriel de hameçonnage (phishing)", consistant à convaincre l'internaute de cliquer sur un lien malveillant.
"C'est de la donnée fraîche", a également commenté Gérôme Billois, spécialiste en cybersécurité de la société Wavestone.
Almerys et Viamedis n'ont publié aucune information permettant de comprendre si les attaques avaient simplement pour but de voler des données, ou si elles pouvaient viser d'autres buts comme implanter un rançongiciel.
Almerys a indiqué mercredi que son système d'information central n'avait pas été touché par la cyber-attaque. Seul son "portail dédié aux professionnels de santé" a été touché et fermé, a affirmé la société.
(Source AFP)