La société Pardon, spécialisée dans les tee-shirts et articles de plage et connue pour son goût de la provocation, a sorti début décembre à la Réunion un «shopping sac» en toile sur lequel figure la sérigraphie d'une photo de Carla Bruni posant nue.
Le sac est offert pour tout achat d'un article à partir de 5 euros ou vendu pour 3 euros. Il devait être diffusé en métropole à partir de cette semaine dans ses quatre magasins, dont un à Besançon.
Me Le Fur a notamment rappelé que cette photo prise en 1993 était destinée à une exposition et un catalogue dans le cadre d'une campagne contre le sida. «Elle ne veut pas permettre aujourd'hui que cette action militante soit détournée de son but et devienne le vecteur d'une opération commerciale, faite sans son autorisation», a-t-elle ajouté.
L'avocate a accusé la société Pardon d'avoir recherché «l'effet de buzz» sur internet comme «moyen de promotion»: «Elle n'a pas choisi une femme au hasard mais Carla Bruni pour que la médiatisation soit assurée».
Pour son confrère réunionnais Me Iqbal Akhoun, Pardon s'est lancée dans une «opération bassement mercantile en pesant tous les risques». «Avant de diffuser le produit, elle l'a conçu, fait fabriquer, importer, dédouaner. Il y avait un calcul derrière tout ça. Il faut qu'elle assume les conséquences», a-t-il dit.
«Personne n'a reconnu Carla Bruni sur le dessin publié sur le sac», a répliqué l'avocat de Pardon Me Pierre Hoarau, préférant parler d'une «reproduction artistique» de la photo qui, selon lui, a été «retouchée». «Il n'y avait aucune intention maligne de la part de Pardon», a-t-il ajouté, en se demandant «si Carla Bruni a fait un procès à Christie's pour avoir vendu cette photo aux enchères».
En avril, la célèbre maison de vente aux enchères avait adjugé cette photographie pour 91.000 dollars.
Prenant la parole à l'audience, le gérant de Pardon, Peter Mertès a annoncé que les 10.000 sacs fabriqués ont déjà été «retirés de la vente». «On va les brûler tous, c'est prévu,» a-t-il dit.
Son avocat a, par ailleurs, jugé exagéré le montant réclamé, rappelant que dans l'affaire qui opposait les époux Sarkozy à la compagnie aérienne Ryanair pour une photo utilisée sans autorisation à des fins publicitaires, l'épouse du président avait obtenu un euro au titre du préjudice moral.
Elle avait également obtenu 60.000 euros au titre du préjudice patrimonial, qu'elle a reversés aux Restos du Coeur.