Alors que ce site stratégique va retrouver le pavillon français, avec le rachat par EDF officialisé jeudi, le chef de l'État est revenu devant des salariés de l'usine sur les conditions qui ont présidé à la cession des activités, enclenchée quand M. Macron était secrétaire général adjoint de l'Élysée (2012-2014) et parachevée lorsqu'il était ministre de l'Économie (2014-2016).
"J'étais collaborateur (de François Hollande) à l'époque", a rappelé le président, "et ce n'était pas l'État qui était à la tête d'Alstom". "Compte tenu de son histoire, sa structure capitalistique, son emprise, l'État avait à en connaître, y compris aussi parce qu'il peut bloquer certains types d'investissements (jugés comme stratégiques, NDLR). Mais d'abord, c'était le choix d'une entreprise privée", a martelé M. Macron.
"A la fin des fins, malgré tout cela, avec une certaine amertume, l'opération s'est faite", E.Macron.
Soulignant que le ministre de l'Économie de l'époque, Arnaud Montebourg, avait été mis au courant de la transaction "très tard", alors que "les documents étaient signés", M. Macron a insisté sur la volonté du gouvernement d'alors de trouver des "alternatives", sans succès. "A la fin des fins, malgré tout cela, avec une certaine amertume, l'opération s'est faite", a-t-il relevé.
"Quand je suis venu quand j'étais ministre", en 2015, "ce n'était pas une période facile", a encore fait valoir M. Macron. "C'était ça ou l'arrêt. J'ai défendu que c'était mieux que la suppression complète des activités ou le choix de désinvestir. C'est la vie industrielle", a-t-il poursuivi.
Le chef de l'État a aussi argué que la vente de la branche énergie avait "évité" à Alstom "de s'effondrer", et avait même permis au groupe de "devenir un grand champion du transport". "Cette aventure n'aurait pas été possible s'il n'y avait pas eu à ce moment-là ce qui était quasiment un sauvetage", a mis en avant M. Macron, affirmant que "la viabilité" du groupe français était à l'époque mise en péril.
Face aux critiques, M. Macron a aussi reçu l'appui de l'ancien ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement, présent à ses côtés jeudi. Ce chantre du souverainisme, maire de Belfort pendant 20 ans, a lui aussi rembobiné le fil de l'histoire, estimant que l'on faisait "parfois un procès un peu injuste" à M. Macron qui n'était "pas ministre" lorsque les opérations s'étaient mises en place.
Réaction de Damien Meslot, le maire de Belfort
Damien Meslot dit satisfait de l’annonce du rachat par EDF des activités nucléaires de General Electric et de son périmètre. "La commande de 6 à 14 EPR de nouvelle génération et le développement de petites centrales nucléaires (SMR) sont également de bonnes nouvelles. C’est une annonce importante pour l’indépendance énergétique de la France et pour l’avenir de la filière nucléaire française", explique le maire en restant prudent : "Il convient toutefois de rester prudent. Si le périmètre de rachat est plutôt rassurant, aucun engagement n’a été pris concernant les emplois et les investissements".
Concernant le dossier McPhy, le Président de la République a annoncé une aide publique de 114 M€ pour McPhy, qui était dans l’attente de cette information. "Il s’agit donc d’une excellente nouvelle", indique Damien Meslot.
Le 9 novembre dernier, Emmanuel Macron avait annoncé que la France allait "pour la première fois depuis des décennies relancer la construction de réacteurs nucléaires" et "continuer de développer les énergies renouvelables". Le projet a pour but de "garantir l'indépendance énergétique de la France" et "atteindre nos objectifs, en particulier la neutralité carbone en 2050", avait fait valoir le chef de l'État.
EDF a déjà remis à l'État une proposition pour construire six réacteurs EPR2 pour une cinquantaine de milliards d'euros.
(Avec AFP)