Pour rappel, qu’est ce que le Nutri-Score ?
Jean-Pierre Courtejaire : ”Adopté par la France en 2017, cet étiquetage alimentaire, conçu par le Professeur français Serge Hercberg, chercheur en nutrition, classe les produits selon leur composition et leur qualité nutritionnelle. Il se matérialise par un affichage sur la face avant via une lettre (du A, le meilleur au E, le moins bon) et un code couleur (du vert à l’orange foncé).
Il a pour objectif d’orienter les consommateurs vers les aliments contenant moins de gras, moins de sel, moins de sucre, pour des questions de santé. Il ne faut pas perdre de vue qu’un Français sur deux est en situation de surpoids ou d’obésité. Santé et alimentation sont indissocia+bles.
Le Nutri-Score est plébiscité par les consommateurs, mais aussi par les scientifiques, puisque plus de 150 études démontrent son intérêt.”
Pourquoi parle-t-on de ”nouveau Nutri-Score” ?
Jean-Pierre Courtejaire : ”Un Comité scientifique indépendant a évalué le système de calcul de cet indicateur. Face aux avancées scientifiques et aux préconisations nutritionnelles, une adaptation devenait nécessaire. Prête début 2024, elle fut adoptée rapidement dans les 6 pays européens qui, hors France, utilisent le Nutri-Score. En France, il a fallu attendre le 14 mars 2025 pour que l’arrêté interministériel soit signé vu, entre autres, les réticences de la Ministre de l’agriculture.
Les industriels disposent d’un délai de 2 ans pour s'adapter au nouveau Nutri-Score.”
Le Nutri–Score ne défavorise-t-il pas les produits du terroir ?
Jean-Pierre Courtejaire : ”Lorsque l’on parle produits sous signe de qualité tels que le comté ou la saucisse de Morteau soumis à un cahier des charges strict, on pense tout de suite à qualité, traçabilité, authenticité ; avec le Nutri-Score, c’est la réduction de la malbouffe et l’enjeu de santé publique qui priment. Il n’est pas question de se priver de manger ces bons produits, sous prétexte qu’ils sont notés D ou E, mais seulement de les consommer avec modération (en quantité et en fréquence)."
Le nouveau Nutri-Score donne-t-il toute satisfaction aux associations de consommateurs ?
Jean-Pierre Courtejaire : ”Selon Marie Amandine Stévenin, présidente de l’UFC-Que Choisir, « l’officialisation du nouveau Nutri-Score est loin de constituer une fin en soi… Pour que cette information permette aux consommateurs de choisir les produits alimentaires de manière éclairée quant à leurs qualités nutritionnelles, encore faut-il que son affichage soit rendu obligatoire…»
L’adoption volontaire de cet étiquetage concerne en effet environ 60% des produits, essentiellement ceux qui se voient attribuer des bonnes notes. Mieux, en anticipation du nouveau Nutri-Score, certains industriels, dont Danone, ont annoncé le retrait de cet affichage sur certains de leurs produits. La transparence ne peut être « à la carte ». A noter que seule l’Union européenne peut décider de rendre obligatoire l’application du Nutri-Score.”