Après la publication d'un rapport sur le chantier de Notre-Dame, le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a exhorté le ministère de la Culture à attribuer l'intégralité des 825 millions d'euros de dons et promesses de dons aux travaux de restauration. La loi de juillet 2019, a-t-il rappelé, prévoit que les dons sont uniquement destinés à cette restauration. Or, une petite partie, de l'ordre de 5 millions d'euros, est utilisée pour divers frais de fonctionnement comme la communication, a-t-il expliqué.
"Nous ne comprenons pas que le ministère de la Culture n'ait pas engagé une enquête administrative"
"Nous recommandons que soit apportée à l'établissement public une subvention annuelle" à hauteur de ce montant, a dit M. Moscovici. Il s'agit de corriger "une anomalie de gestion. Ce n'est pas une somme considérable et elle est facile à dégager". "La crise du Covid pourrait fragiliser" certains donateurs qui pourraient se rétracter, a fait valoir M. Moscovici. Sur les 825 millions d'euros collectés, 640 sont encore au stade des promesses.
Il a aussi réclamé une enquête administrative "maintenant", afin de démêler les "responsabilités enchevêtrées" entre l'Etat, le Centre des monuments nationaux et l'évêché sur la cathédrale, qui ont pu contribuer à ce que le bâtiment n'ait pas été mieux sécurisé. "L'éclatement (des responsabilités) qui tient au double statut de Notre-Dame (monument public et église) a pu contribuer à la mauvaise anticipation", a estimé M. Moscovici.
"Nous ne comprenons pas que le ministère de la Culture n'ait pas engagé une enquête administrative" pour étudier les raisons des dysfonctionnements dans les années avant l'incendie : "insuffisante vigilance" et "défaillance" éventuelle dans l'entretien de l'édifice, qui faisait alors l'objet d'une restauration de sa flèche. "Des procédures et des marchés n'étaient pas très clairs, avec des moyens assez faibles", a expliqué l'ancien ministre sur France Inter. Et "vous découvrez que les travaux de restauration sont confiés aux mêmes entreprises après et avant l'incendie".
L'enjeu est pour l'avenir, pour "éviter que ça se reproduise" dans les 96 autres cathédrales propriétés de l'Etat. "Nous avons donc besoin d'une clarification, d'une mise à plat, sans attendre la réouverture" de l'édifice en 2024, a-t-il ajouté.
Selon de premiers résultats révélés à l'été 2019 de l'enquête judiciaire encore en cours pour déterminer les causes de l'incendie, celui-ci ne serait vraisemblablement pas d'origine criminelle mais accidentelle: court-circuit, mégot laissé sur le chantier. Mais un mauvais entretien des installations électriques et une série de dysfonctionnements le soir du sinistre ont certainement contribué à rendre l'incendie plus grave qu'il aurait dû être.
(AFP)