"On vous parle avec nos tripes". Ce cri du coeur émane de Paul Coizet, le président de l’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles (UNA) de Franche-Comté. Réuni autour de "gens de terrain" comme lui, il dresse le bilan dramatique des conditions de travail des établissements et services pour personnes âgées.
Ceux-ci doivent aujourd’hui faire face à des déficits record qui "mettent en péril nos structures". La faute à "un modèle économique à bout de souffle" selon le président de l’UNA pour ces établissements qui dépendent de fonds publics. Une situation que les acteurs du monde social ont peur de voir s’aggraver lors des prochaines échéances politiques nationales.
Or pour Paul Coizet, "le grand âge ne doit pas être victime des coupes sombres qui semblent s’annoncer au niveau du prochain budget de la nation". D’autant que la réforme d’ampleur dont "le grand âge a besoin via une « grande » loi", se fait toujours attendre, malgré les promesses des gouvernements successifs comme nous l’explique le président de l’UNA FC dans notre vidéo.
Les métiers du social plus aussi attractifs qu'avant
Autre problématique, autrefois très attractifs, les métiers du social connaissent aujourd’hui de grosses difficultés de recrutement. "De plus en plus de personnes font appel à nos services qu’on est incapables de leur rendre par manque de personnel" explique Paul Coizet. Cela alors même que la société doit faire face à une vague grise qui a déjà commencé. Celle-ci prévoit que d’ici 2030, la part des 75-84 ans aura augmenté de 47%.
Des difficultés de recrutement qui s’expliquent en partie par des conditions de travail qui sont devenues "très très difficiles" et qui "se sont fortement dégradées" alors même que "les conditions de rémunération elles, n’ont pas suivi" explique Loïc Grall.
Pour Sylvie Sylvant, "on est des victimes de la désorganisation sanitaire actuelle depuis la crise du Covid". "Il n’y a plus de prévention, plus de diagnostic, plus de traitement, plus de rustine de ces personnes âgées extrêmement fragilisées". Les prises en charges gériatriques sont devenues de plus en plus compliquées et la personne qui accompagne est de ce fait devenue spectatrice d’une situation qui se dégrade au point que "ça vous tord les tripes" alerte Sylvie Sylvant.
Une loi ambitieuse pour nos aînés
Malgré un "tarif socle" établi à 23,50€/heure grâce au décret du 2 janvier 2024, les établissements comme les Ehpads restent "en situation déficitaire importante" d’après Loïc Grall.
Pour le président d’Eliad FC, "ce n’est pas une structure qui est en difficulté mais un ensemble de structures". Selon Jacques Adriansen, 80% des personnes âgées souhaitent ainsi rester à la maison. Si le tarif socle a permis "d’augmenter la rémunération de nos salariés, malgré tout on est toujours en retard et les besoins sont toujours aussi importants".
C’est face à ce constat préoccupant que les professionnels du Grand âge, familles, aidants, bénévoles et élus se réunissent ce 24 septembre pour réclamer plus de moyens pour un meilleur accompagnement et une adaptation continue des structures. L’objectif de cette journée est donc d’interpeller le gouvernement et les parlementaires au moyen d’actions médiatiques, mais également d’informer les citoyens sur les grandes difficultés de l’accompagnement des personnes âgées. Les structures réclament enfin "une loi ambitieuse", promise "depuis 15 ans" selon le président de l’UNA FC qui, en attendant, n’en finit plus de saluer le professionnalisme des accompagnants dévoués : "chapeau pour nos aides à domicile !" a-t-il conclu.