Mercredi soir, les militants socialistes à Besançon ont acté à 68 % l'alliance du PS et de l'Équipe menée par Anne Vignot (EELV). Il n'y aura donc pas de liste PS aux municipales à Besançon. Une première depuis plus de 60 ans à Besançon et une décision "qui n'a pas été facile à prendre" pour Nicolas Bodin. Il aurait du mener le combat pour les socialistes et se retrouve désormais n°2 sur la lite de l'Équipe.
Même s'il reste encore des inconnues et que la campagne devrait réserver encore bien des surprises, le contexte des municipales semble s'éclaircir : un bloc de gauche, un candidat LR (Ludovic Fagaut) et la récente fracture entre le candidat En Marche officiellement investi Éric Alauzet et la référente départementale LREM Alexandra Cordier.
L'heure pour Nicolas Bodin n'est pas de discuter du nombre de places sur la liste en position éligible. "Je souhaite avancer sur le programme et notre projet". L'ex-tête de liste PS qui a rejoint l'Équipe avait préparé 300 propositions et doit en faire part à Anne Vignot.
"Rejoindre Anne Vignot, c'est faire une croix sur une liste socialiste. C'est inédit pour Besançon" Nicolas Bodin
Quelles sont ses raisons ? Pourquoi avoir choisi l'Équipe et avec quelles idées ? Comment envisage-t-il ces élections ? Entretien avec Nicolas Bodin.
Il n'y aura donc pas de liste PS à Besançon pour l'élection municipale...
Nicolas Bodin : Oui. C’est une décision historique. Le fait qu’il n’y ait pas de tête de liste socialiste à une municipale à Besançon - alors même que le maire a été socialiste de 1953 à 2016 - est un événement politique majeure. Nous enregistrons 68 % de votes favorables à l'alliance si on intègre les votes blancs et défavorables et à 83% de votes favorables si on ne prend en compte que les défavorables.
Tous les partis sont mis à mal. Macron a été une étincelle. Il devient président de la République dans un alignement de planètes particulier notamment suite aux affaires Fillon. LR et le PS sont extrêmement fragilisés. Le Rassemblement national reste toujours puissant et à peu près constant. Il y a l'émergence a priori de l'écologie avec un mouvement de fond très puissant et une actualité très aidante.
Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?
Nicolas Bodin : La question est de savoir quel est le meilleur moyen pour le Parti socialiste au niveau local de ne pas disparaître. On aurait pu se présenter seuls, faire un mauvais score empêchant de fusionner, ou fusionner, mais que l'on n’ait pas de place au conseil municipal. Donc le risque, c'est que les socialistes disparaissent du conseil municipal.
Je suis plutôt attaché au principe des alliances, même si au quotidien c'est plus compliqué qu'un seul parti majoritaire. Je suis dans une trajectoire de construction ou de reconstruction d'une nouvelle gauche sur un temps que je ne connais pas. Reste à savoir sous quelle forme. Je ne suis pas capable de dire si c'est le retour de la gauche plurielle.
"Je fais le choix de la construction et de l'ancrage à gauche de Besançon." Nicolas Bodin
Aujourd'hui à Besançon, le PS est fragmenté entre différents courants : ceux qui souhaitent vraiment l'alliance avec Anne Vignot et ceux qui veulent l'alliance avec Éric Alauzet, même s'ils sont minoritaires. Certains nous ont d'ailleurs quitté pour prendre un autre chemin...
Autre élément, il faut réussir à constituer une liste de 55 noms. La position nationale d'Olivier Faure était en résumé d'avoir des listes ancrées à gauche, mais j'ai le sentiment que cela évolue constamment lorsque l'on voit ce qui se passe à Belfort, potentiellement à Dijon, à Lille, etc. Ce sera certainement du cas par cas.
Mon espoir est que le PS ne revive pas ce qu'il a vécu au moment des législatives.
Vous rejoignez donc l'Équipe portée par Anne Vignot (EELV), avec également Christophe Lime (PCF) ? Ils ne vous ont pourtant pas toujours rendu la vie facile au sein de la majorité plurielle ?
Nicolas Bodin : Je tiens à préciser que l'on cogère, que l'on cogouverne cette ville depuis 2001 sur cette majorité plurielle. C'est une alliance donc, oui, c'est plus compliqué qu'avoir un seul parti majoritaire hégémonique. Dans la future gouvernance, aucun parti ne sera majoritaire à lui seul.
Rejoindre l'Équipe n'est-il pas un aveu de faiblesse des socialistes ?
Nicolas Bodin : Quelle autre alternative vu les données actuelles et la poussée écologistes ? D'autant qu'à Besançon en 2001, et cela a échappé à beaucoup de personnes, les écologistes font 16 %. Le fait qu'ils soient crédités 20 ans après de 24 % n'est pas aberrant sans faire de plan sur la comète...
Vous avez discuté du programme ?
Nicolas Bodin : Oui, par écrit. Il y a des points sur lesquels on doit encore parler comme le positionnement par rapport au trait d'union de la RN 57 entre Micropolis et Beure, sujet sur lequel il peut y avoir désaccord. Mais par le passé également il y a eu des points de désaccord. Les Verts ont par exemple toujours été opposés au développement des Planches.
Il faut également discuter de la fiscalité. Point difficile à trancher, car la fiscalité locale est en pleine évolution, mais à priori, nous serions partis pour une fiscalité plutôt stable... Reste à le mettre noir sur blanc.
Sur les Vaîtes, tous les candidats, moi le premier, déclarons qu'il faut que le projet évolue. Oui, mais comment ? Sur ce point j'attends la décision-Conseil d'État qui va intervenir au mois de janvier. Une décision nationale scrutée par toutes les grandes villes de France, car elle peut avoir un impact sur la moitié des grands projets urbains. Il y a l’enjeu climatique, écologique, désormais inscrit dans le code de l'environnement. Mais c'est son interprétation qui sera décisive ; entre l'aspect biodiversité et une ville qui souhaite construire pour ses besoins en logements. Si elle ne le fait pas, ses concitoyens vont aller habiter à 30 km, avec d'autres impacts sur l'environnement en terme de déplacement, d'équipements, etc. C'est un vrai débat politique qui va au-delà des Vaîtes.
Le programme complet, je suppose, devrait sortir fin janvier, il y a encore du temps. Ce que l'on constate, comme en 2014, c'est que les campagnes sont de plus en plus courtes.
Vous serez N°2 sur la liste de l'Équipe, quel regard portez-vous sur la tête de liste Anne Vignot ?
Nicolas Bodin : Il faut qu'il y ait une part de co-construction du programme, mais je crois en la vision qu'une tête de liste doit avoir pour sa ville. Une tête de liste doit orienter les choses, qu'elle les cadre.
"Je suis heureux de soutenir quelqu'un qui a de vraies convictions et c'est peut-être ce dont on manque à l'heure actuelle. Ce qui ne veut pas dire non plus dire être dogmatique." Nicolas Bodin
Anne Vignot a une formation universitaire scientifique (CNRS). Cela transpire dans son discours, elle s'appuie souvent sur des chiffres et des données objectives. Tout comme moi, on essaie de dépassionner les choses à partir de données ou de rapports scientifiques. Si vous regardez, c'est surprenant, il y a assez peu d'élus qui sont des scientifiques. Il y a beaucoup d'avocats, de professions libérales, mais peu d'universitaires et encore moins scientifiques.
Anne Vignot est une candidate nouvelle comparée à d'autres en politique à Besançon. Elle incarne ce renouvellement. Et pour la première fois de l'histoire de cette ville, une femme peut devenir maire de Besançon. À notre époque, par rapport à cette urgence climatique, je pense que c'est une candidature crédible, un vrai profil.
À cinq mois de l'élection, comment analysez-vous la situation à Besançon ? On parle de triangulaire et même de quadrangulaire...
Nicolas Bodin : Visiblement, il n'y aura pas beaucoup d'autres listes que celles attendues. Je penche pour une quadrangulaire. Le score du premier tour risque d'être analogue à celui du second tour. Et je pense que celui qui sera en tête au soir du premier tour aura, de fait, une véritable dynamique pour la victoire.