"Il n'y a pas plus sûre méthode pour désorienter une grande institution comme l'Education nationale que de la confier tour à tour à deux ministres dont les philosophies de l'Etat s'opposeraient", a prévenu l'ancien ministre de François Mitterrand dans un communiqué transmis à l'AFP.
"C'est de cela que l'école a souffert depuis un demi-siècle, avec les résultats que nous voyons", a poursuivi M. Chevènement qui a été ministre de l'Education nationale de 1984 à 1986.
La nomination vendredi de Pap Ndiaye, historien spécialiste des Etats-Unis et des minorités, est apparue comme la principale surprise du nouveau gouvernement, mené par Elisabeth Borne, en raison de positions très différentes du précédent ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer.
Alors que ce dernier s'est régulièrement inquiété de phénomènes "woke" ou de l'"islamo-gauchiste", M. Ndiaye a, lui, douté à plusieurs reprises du bien-fondé de ces concepts.
"Le souci du long terme et la préservation des valeurs de la connaissance et de la transmission vont de pair", souligne Jean-Pierre Chevènement, en saluant les réformes menées par Jean-Michel Blanquer, dont il fut un fervent partisan: "dédoublement des petites classes dans les quartiers difficiles, accents mis sur les apprentissages fondamentaux dès les premiers âges de la scolarité afin de lutter contre les inégalités, promotion et défense de valeurs de laïcité, ouverture de l'école, universalisme, accent mis sur ce que nous avons en commun".
"Pense-t-on que le différentialisme promu par la gauche américaine (à travers le Conseil représentatif des associations noires, par exemple) puisse contribuer à l'égalité républicaine ?", interroge-t-il encore, en faisant référence au CRAN, fédération d'associations françaises qui milite pour la défense des populations noires de France, dont M. Ndiaye fut membre du Conseil scientifique.
(Source AFP)