maCommune.info :En tant que restaurateur, comment envisagez-vous la réouverture ce mercredi ?
Philippe Feuvrier : "À part avec un manteau de fourrure et une toque, je ne vois pas comment on peut rouvrir une terrasse. La zone Haut-Doubs est absolument condamnée. Dans le meilleur des cas, il fera 12°C. Le point positif, c'est que le gouvernement a acté les difficultés de nos professions. Il nous donne cette fois-ci une vision à moins court terme… Au printemps et à l'automne dernier, nous avons eu des ouvertures et des fermetures du jour au lendemain. Cela a fait beaucoup de dégâts au niveau des marchandises, des stocks. Pour la majorité de la profession, la perspective d'ouverture se situera le 9 juin prochain".
mC : Avez-vous une visibilité sur l'ouverture des restaurants dans le département du Doubs ?
Philippe Feuvrier : "Il n'y aura pas plus de 35 à 40 % des établissements qui rouvriront ce 19 mai. Moins d'un restaurateur sur deux va rouvrir ses portes. Ceux qui pourront se le permettre ont des terrasses couvertes. Cela sera sûrement plus simple pour les bars que les autres établissements. La zone bisontine tirera probablement mieux son épingle du jeu. Ailleurs, l'altitude est plus élevée, il y aura trop de difficultés.
Les contraintes sont restrictives et nous pouvons les comprendre. L'aspect sanitaire fissure la société. Nous allons faire ce qu'on nous dire de faire. Par contre, concernant les Plexiglas, j'ai vu un reportage qui montrait qu'ils ne seraient pas adaptés pour lutter contre la covid-19…"
mC : La profession fait face à des difficultés de recrutement, le Doubs est également concerné ?
Philippe Feuvrier : "L'ensemble des départements est touché. Aujourd'hui, nous ne pouvons pas faire un chiffre d'affaires suffisant en étant dans une maison avec deux personnes. Le Code du travail et la fiscalité en France, ce sont deux dictionnaires.
Concernant les recrutements, l'apprentissage signifie que l'on apprend un métier. Une entreprise vit en partie avec ses apprentis, mais les salariés ne sont pas des apprentis. Ce sont des gens compétents. Pour venir à nos métiers, il ne suffit pas d'avoir deux bras et d'arriver en disant bonjour… Les gens ont été en chômage forcé et certaines sociétés n'ont pas pu mettre le complément de salaire. Les employés ont perdu 30% de leur salaire. La profession n'est pas responsable, c'est la pandémie qui a imposé des difficultés qui ne sont pas solubles au regard d'un particulier. Cette reprise, je la vois comme un coureur qui fait un 100 mètres avec un sac de cailloux sur le dos".