Mobilisation nationale des sages-femmes : “Notre métier ne se résume pas à dire « poussez Madame »”

Suite à un mouvement national, les sages-femmes sont appelées à faire grève du 24 au 16 septembre 2021. La profession sera en « Code noir ». Une sage-femme d’un hôpital en Franche-Comté explique la raison de cette mobilisation.

Archives - Manifestation des sages-femmes le 26 janvier 2021 à Besançon. © ONSSF

Le 16 septembre 2021, après la publication du rapport de l'IGAS (diligenté par le ministre de la Santé), une visio-conférence avec près de 8500 sages-femmes s'est tenue en présence de la présidente du conseil de l'ordre des sages-femmes. Cet évènement tant attendu par l'ensemble de la profession s'est soldé par des propositions jugées "insuffisantes et peu concrètes" selon les professionnelles.

"Ce rapport a pour bon nombre d’entre nous, le goût et la couleur du paternalisme, du sexisme et d’une vision rétrograde de la profession", nous rapporte Clémence, une sage-femme dans un hôpital franc-comtois. "La reconnaissance de notre statut médical demandé depuis plusieurs dizaines d'années n'a pas été prise en compte, et Monsieur le Ministre n'a pas suivi les recommandations du rapport de l'IGAS concernant la réévaluation de nos salaires. Le rapport proposait une revalorisation de 200 points d'indice; 22 nous ont été attribués !"

Le métier de sage-femme "ne se résume pas à dire « poussez Madame »"

Pour faire comprendre le mécontentement de la profession, Clémence souhaite expliquer en quoi consiste le métier de sage-femme :

"Il ne se résume pas à dire « poussez Madame » même si c’est bien la représentation la plus courante de notre métier aux yeux du grand public !" souligne d'emblée la professionnelle franc-comtoise.

Elle rappelle qu'"une femme en bonne santé peut être suivie par une sage-femme tout au long de sa vie (de l'adolescence à la ménopause) dans le cadre du suivi gynécologique de prévention : prescriptions de la contraception, pose d’implant, de dispositifs ou systèmes intra-utérins (stérilets), frottis cervicaux utérins dans le cadre du dépistage du cancer du col, examens des seins dans le dépistage du cancer du sein, prévention des IST, pratique des IVG médicamenteuses, rééducation périnéale...). Ainsi que dans le cadre du suivi obstétrical : (déclaration de grossesse, suivi médical de la grossesse normale, échographies, préparation à la naissance, surveillance à domicile des grossesses à risque, surveillance à domicile après l’accouchement PRADO)." 

"C'est une profession médicale !"

Clémence explique également que "les sages-femmes territoriales assurent les actes de prévention ainsi qu’un suivi de la grossesse et du post natal. Elles participent également aux activités de planification et d’éducation familiale et assurent des actions de soutien à la parentalité et à la promotion de la santé" et de préciser : "c'est une profession médicale !"

Près de 80% des accouchements sont réalisés par les sages-femmes en totale autonomie, sans intervention du gynécologue.

La sage-femme franc-comtoise raconte que "les sages-femmes sont les spécialistes de la physiologie, les actrices de la prévention de la santé de la femme, elles savent également diagnostiquer, évaluer et dépister la pathologie. Lorsqu'une pathologie est détectée, la sage-femme est en mesure d'adresser la patiente pour la poursuite de la prise en charge vers un gynécologue obstétricien, un endocrinologue, un dermatologue…)".    

1.700€ pour une sage-femme hospitalière en début de carrière

Les études de sage-femme durent 5 ans avec une première année de médecine commune aux autres professions médicales. "Ce qui est certain c'est que ce n'est pas la rémunération qui attire les étudiants, car en début de carrière une sage-femme hospitalière gagne environ 1700 euros (incluant les primes modiques de nuit et de week-end)", affirme Clémence.

Selon elle, "devenir sage-femme est une vocation, c’est un métier passionnant mais difficile, avec des responsabilités importantes."

Clémence rapporte que "le Conseil national de l'Ordre des Sages-Femmes, qui avait déjà alerté les pouvoirs publics sur la pénurie de sages-femmes et sur leur épuisement, s’alarme des conséquences du manque de reconnaissances de ce métier, des problématiques croissantes d'effectifs, ce qui pose la question essentielle de la sécurité et de la qualité de la prise en charge des patientes et des nouveau-nés et de la santé des femmes en général."

Code noir

Les sages-femmes ne sont plus en "code rouge" (une césarienne code rouge est une césarienne urgente pour sauvetage maternel ou fœtal), mais en "code noir". "Nous sommes révoltées par la réponse ministérielle", souligne Clémence.

La grève se déroulera du 24 au 26 septembre. Une manifestation est prévue à Paris le 7 octobre.

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