"C'est un meurtre affreux, triste à mourir", a dénoncé l'avocate générale Thérèse Brunisso. "C'est l'affaire de deux familles. L'une kosovare, l'autre algérienne, qui ont fait le choix de la France pour offrir à leurs enfants un avenir meilleur. Et les rêves de ces deux familles se sont fracassés ce soir du 17 mai 2020", a-t-elle observé lors de ses réquisitions.
Ce soir-là, "au sortir d'un confinement extrêmement dur dans ces quartiers", selon Mme Brunisso, un groupe d'une dizaine de jeunes est installé au pied d'un immeuble du quartier populaire de Planoise, lorsqu'un individu descend d'une voiture et se dirige vers l'un d'eux, âgé de 17 ans.
D'après les témoins, l'individu sort une arme de sa sacoche, lui donne des coups de crosse, puis le met en joue et tire. "Il tire en plein coeur. Une seule balle, un seul coup a été suffisant pour enlever la vie à un homme et détruire une famille. Aucune chance n'a été laissée à Lermirant Fazliu", a plaidé l'avocate de sa famille, Bérénice Chavy. "Je voulais parler avec lui. J'ai pas voulu le tuer", a assuré l'accusé de 27 ans devant la cour, le visage émacié et le regard dur.
"J'ai visé nulle part, y a un coup qui est parti"
Islem Gjoghal, a expliqué s'être "pris la tête" plus tôt dans la journée avec la victime qui l'aurait accusé d'être "une balance" auprès de la police. Il est ensuite parti chez lui pour prendre un revolver. "J'ai essayé de mettre un coup de crosse, il a essayé de me prendre l'arme des mains, il a reculé, j'ai tenu l'arme avec mes deux mains, j'ai visé nulle part, y a un coup qui est parti", a-t-il ajouté, affirmant avoir eu "peur".
L'avocate générale a souligné l'intention homicide, relevant "l'utilisation d'une arme chargée" et un tir, visant "le buste, une partie vitale", qui n'a pas pu "partir tout seul" selon l'expert balistique. L'accusé, connu de la police pour des faits de trafic de stupéfiants, tout comme la victime, a été décrit par des témoins comme un "clown" qui cherchait à prendre le dessus sur les "petits" du quartier.