Assises du Doubs: un travailleur frontalier jugé pour le meurtre d’une prostituée roumaine 

"L'inconnue du Frasnois" • Le procès d’un travailleur frontalier du Doubs, accusé d’avoir mortellement roué de coups une prostituée roumaine en Suisse en 2016, la rendant méconnaissable avant de l’abandonner dans un bois en France, s’est ouvert mercredi à Besançon.
 
 

Palais de justice de Besançon © Alexane Alfaro

 "Ce n'est pas moi qui l'ai tuée": cheveux mi-long coiffés en arrière, Alexandre Verdure a de nouveau contesté être à l'origine de la mort de Miheala
Miloiu à l'ouverture de son procès. Cet agent de sécurité, réserviste de gendarmerie, "a expliqué qu'il avait transporté le corps sous la contrainte" d'individus non identifiés, "mais
qu'il ne l'avait pas tuée", a précisé son avocate, Me Emmanuelle Huot, avant l'audience.

L'histoire "triste" de Miheala Miloiu, 18 ans, c'est celle "d'une jeune fille qui tombe sur un proxénète de la pire espèce, qui la prostitue en Suisse, et finit sous les coups d'un homme", relève l'avocat de sa famille, Me Jean-Baptiste Jacquenet-Poillot.

Pendant plusieurs mois, cette jeune femme est restée pour les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Besançon, "l'inconnue du Frasnois", avant d'être finalement identifiée au terme de nombreuses investigations.

Son corps totalement nu a été retrouvé par deux bûcherons le 15 décembre 2016, dissimulé sous un tapis de feuilles dans la forêt communale du Frasnois (Jura), au-dessus des Cascades du Hérisson, à proximité de la frontière suisse. Les os du visage et les dents brisés par une multitude de coups d'une grande violence, la victime aux longs cheveux teints en roux était méconnaissable.

Le cadavre était lardé de 26 coups de couteau au niveau du cou et du flanc.

L'autopsie a révélé que le décès avait été causé par de multiples coups au visage, et non par les coups de couteaux. Pour l'identifier, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie
nationale (IRCGN) a effectué une reconstitution faciale de la jeune femme afin d'établir son portrait-robot en 3D et un appel à témoins avait été diffusé très largement en Europe. En vain.

C'est finalement presque par hasard qu'un rapprochement avec la disparition en Suisse autour du 30 novembre 2016 d'une jeune prostituée, Mihaela Miloiu, a permis de l'identifier.

Les enquêteurs sont ensuite remontés jusqu'à Alexandre Verdure, qui s'était rendu à la même période à l'hôpital de Pontarlier (Doubs) pour faire soigner une main. Son ADN a été retrouvé sur la victime et sur le lieu de découverte du corps. Suspecté d'être l'auteur du meurtre, il a été mis en examen en novembre 2017 et a toujours nié. Un forage dans le béton a été pratiqué afin d'en extraire de l'ADN, qui s'est avéré être celui de
"l'inconnue du Frasnois".

Une comparaison avec l'ADN de la mère de Miheala Miloiu a finalement permis de confirmer l'identité de la victime.  L'ADN de l'accusé est le seul a avoir été retrouvé sur la victime et sur le lieux de découverte du corps.

Article du 8 décembre 2020

Un travailleur frontalier soupçonné d'avoir tué avec une grande violence, fin 2016, une prostituée roumaine de 18 ans, rendue méconnaissable et identifiée près d'un an après est jugé à à partir de ce mercredi 9 décembre 2020  devant la cour d'assises du Doubs.

Cet agent de sécurité, père d'un enfant, qui vivait en couple à Mouthe (Doubs) et travaillait près de Lausanne (Suisse), "dit qu'il est innocent, qu'il n'a fait que se débarrasser du corps", a précisé le magistrat. Son ADN a été retrouvé sur la victime, Mihaela Miloiu, tuée en Suisse.

Son corps dénudé avait été découvert par des bûcherons le 15 décembre 2016 dans la forêt communale du Frasnois (Jura), au-dessus des Cascades du Hérisson, à proximité de la frontière suisse. Il présentait 26 coups de couteau, dont aucun n'a été mortel. D'après l'autopsie, le décès a été causé par de multiples coups portés au visage, dont les os et les dents étaient brisés. La victime était méconnaissable.

Pour l'identifier, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) avait effectué une reconstitution faciale de la jeune femme afin d'établir son portrait-robot en 3D. Un appel à témoins avait été diffusé très largement en Europe.

Des enquêteurs suisses travaillaient à l'époque sur un réseau de proxénètes roumains. Placés sur écoutes téléphoniques, ces derniers semblaient à la recherche d'une jeune prostituée, disparue entre le 29 et le 30 novembre 2016. Le rapprochement a été fait entre cette disparition, une carte d'identité au nom de Mihaela Miloiu retrouvée à Sullens (Suisse) et le corps découvert aux Cascades du Hérisson.

Près d'un an après sa mort, celle qui était surnommée "l'inconnue du Frasnois" a été identifiée grâce au recoupement de son ADN avec celui de sa mère, retrouvée en Roumanie. Les enquêteurs sont ensuite remontés jusqu'à l'agent de sécurité, qui s'était rendu le 30 novembre 2016 à l'hôpital de Pontarlier (Doubs) pour faire soigner une main.

"Il a admis avoir eu une relation sexuelle avec la victime. Il a expliqué que des individus l'auraient ensuite tuée", a précisé le procureur. "Mais il ne dit rien, ni sur leur signalement, ni sur leur véhicule, ni sur l'arme utilisée" indique le procureur de Besançon soulignant ses "multiples versions".

En détention provisoire après son interpellation le 7 novembre 2017, l'homme comparait devant les assises du Doubs à partir de ce mercredi. Le verdict est attendu vendredi.

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