A la barre, Jérôme Mauvais, 50 ans, a reconnu l'enlèvement de sa fille. "La mort, je ne la reconnais pas", a-t-il dit. "L'impuissance a bon dos, pourtant, c'est ce que je ressens", a-t-il encore dit. Le 4 avril 2022, il avait été retrouvé blotti dans un coin du camping-car où Anaïs venait d'être abattue de sang froid par sa mère. Celle-ci s'était ensuite suicidée.
En ouverture de son procès lundi devant les assises de l'Yonne, il a assuré n'avoir "rien pu faire pour l'empêcher" de tuer la fillette. "M. Mauvais se voit comme une victime collatérale, mais (...) il a accepté que Nathalie Lerouge ait un droit de vie ou de mort sur leur enfant", a rétorqué l'avocate générale en requérant 20 ans de réclusion.
Le fils de Nathalie Lerouge condamné à quatre ans de prison dont trois avec sursis
Les jurés de la cour d'assises de l'Yonne ont finalement retenu une peine de 18 ans. "C'est dur", a réagi l'avocat de la défense, Florian Grigis. "C'est une peine lourde qui est assimilée par mon client à celle d'un meurtrier", a-t-il ajouté, précisant envisager de faire appel.
"Je suis plutôt satisfaite" de cette peine "correcte" qui rend justice à Anaïs, a au contraire estimé Me Mélinda Devidal Garompolo, avocate de l'association La voix de l'enfant, partie civile dans ce dossier. Par ailleurs, le fils de Nathalie Lerouge, jugé pour complicité, a été condamné à quatre ans de prison dont trois avec sursis, un couple qui avait arrangé la location du terrain où la famille se cachait à trois ans, dont deux avec sursis.
Née le 7 février 2013, Anaïs a connu un parcours émaillé de placements et de cavales avec ses parents, au statut très marginal. Dès 2016, les conditions insalubres dans lesquelles vit la fillette sont signalés aux services sociaux, qui n'arrivent pas à mener de visites de contrôle, les parents déménageant sans cesse. En avril 2019, les gendarmes parviennent à les localiser et la fillette est placée en foyer.
Un mois plus tard, les parents profitent d'une autorisation de sortie pour la récupérer. Ce n'est qu'en novembre 2021, qu'ils sont arrêtés de manière fortuite. Pour ce premier enlèvement, Jérôme Mauvais a été condamné à 18 mois de prison. De son côté, Anaïs retourne en foyer. Elle a huit ans. Non scolarisée, elle ne sait ni lire ni écrire. Le 22 février 2022, son éducatrice veut lui faire plaisir et l'emmène dans un fast-food. Sur le parking, les parents enlèvent Anaïs une nouvelle fois.
Ils se cachent dans la Marne, où ils vivent à trois dans un camping-car jonché de détritus. C'est là que le corps sera retrouvé devant le père hébété.
(Source AFP)