"M. Mauvais se voit comme une victime collatérale, mais il a fait le choix de leur survivre. Il a accepté que Nathalie Lerouge ait un droit de vie ou de mort sur leur enfant", a déclaré jeudi la magistrate lors de son réquisitoire.
Le 4 avril 2022, Jérôme Mauvais avait été retrouvé blotti dans un coin du camping-car où Anaïs venait d'être abattue de sang froid par sa mère, qui s'était ensuite suicidée. Née le 7 février 2013, Anaïs a connu un parcours émaillé de placements et de cavales avec ses parents, au statut très marginal. Dès 2016, des visites de contrôle avaient été ordonnées après une alerte sur les conditions insalubres dans lesquelles vivait la fillette, sans qu'elles ne soient concrétisées, les parents changeant sans cesse de lieu de résidence, toujours précaire.
Les gendarmes mettent la main sur le couple en avril 2019 et Anaïs est placée en foyer. Mais un mois plus tard, les parents ne la ramènent pas après une autorisation de sortie. Le couple est arrêté de manière fortuite, lors d'un contrôle routier, le 15 novembre 2021. Jérôme Mauvais avait été condamné pour ce premier enlèvement à 18 mois de prison, dont six avec sursis. De son côté, Anaïs retourne en foyer. Elle a huit ans et n'ayant pas été scolarisée, elle ne sait ni lire ni écrire.
Le 22 février 2022, son éducatrice veut lui faire plaisir et l'emmène dans un fast-food. C'est en regagnant le parking que les parents enlèvent Anaïs une nouvelle fois. Ils se cachent dans la Marne, où ils vivent à trois dans un camping-car "jonché de détritus et de déchets de nourriture", selon les enquêteurs. C'est là qu'ils retrouveront les corps, devant le père hébété.
Deux complices sont également jugés pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de mort. Cinq ans de prison ont été requis contre eux, dont quatre avec sursis simple pour l'un, et sursis probatoire pour l'autre.
(AFP)