Mercosur : les députés soutiennent le "non" français, la Pologne s'oppose à son tour

Publié le 27/11/2024 - 09:32
Mis à jour le 27/11/2024 - 09:22

L'Assemblée nationale a affiché mardi 26 novembre 2024 son soutien au gouvernement français dans son opposition au projet d'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, tel qu'il est envisagé par la Commission européenne, une position également endossée par la Pologne qui vient d'officialiser son refus de l'accord en l'état.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

Par 484 voix contre 70, les députés ont approuvé, par un vote non contraignant, la position du gouvernement dans ces négociations. Ce résultat donne à l'exécutif un "mandat démocratique" qui va renforcer sa "légitimité pour défendre la voix du +non+ auprès de la Commission et du Conseil européen", s'est félicitée la ministre du Commerce extérieur, Sophie Primas. Un vote du Sénat sur le même sujet est attendu mercredi.

"Dans les conditions actuelles", ce projet d'accord entre l'Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) ne garantit pas des "conditions de concurrence loyales pour nos agriculteurs", a souligné devant les députés la ministre de l'Agriculture Annie Genevard.

Pendant le long débat consacré à ce sujet inflammable, tous les groupes politiques, sans exception, ont exprimé leur rejet de l'accord commercial, mais avec des nuances. Ainsi les députés du "socle commun" ont soutenu la position du gouvernement selon lequel l'accord pourrait être amendé, car il ne faut pas "s'opposer par anticipation et par principe à tout accord de libre-échange", comme l'a résumé Mme Genevard.

D'autres, notamment les élus insoumis et écologistes, ont insisté sur leur refus de tout accord, quel qu'il soit, "ni aujourd'hui ni demain", comme l'a dit l'écologiste Marie Pochon. "Il n'y a pas de bon accord UE-Mercosur possible", a également martelé Arnaud Le Gall (LFI).

"Aberrant"

La France n'est en tout cas plus seule dans son refus: le gouvernement polonais a adopté mardi une résolution proclamant que Varsovie n'accepterait pas l'accord "sous cette forme", notamment en raison de "l'inquiétude pour les agriculteurs polonais et la sécurité alimentaire".

"Des actions diplomatiques sont en cours pour constituer une minorité qui empêchera l'entrée en vigueur de l'accord", a souligné le vice-premier ministre Wladyslaw Kosiniak-Kamysz.

En France, parallèlement aux avancées politiques, les agriculteurs ont continué mardi à multiplier leurs actions sur le terrain.

A Strasbourg, une cinquantaine de tracteurs d'agriculteurs de la Coordination rurale (CR, 2e syndicat agricole) ont ainsi été bloqués par les forces de l'ordre à environ un kilomètre du Parlement européen, où ils souhaitaient dire leur opposition à l'accord. "On nous interdit des insecticides, des herbicides, des semences OGM, des produits qu'on considère dangereux pour la santé humaine, et tous ces pays d'Amérique du Sud travaillent avec ça, à grands renforts de déforestation. C'est aberrant", a déclaré Cyril Hoffmann, venu de Côte d'Or.

Dans le Gers, une quarantaine d'agriculteurs ont déversé des pneus, de la boue et de l'engrais devant le site de Danone à Villecomtal-sur-Arros, également à l'appel de la CR, avec l'intention de bloquer la plateforme pour la nuit. De son côté, l'alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs a lancé partout en France de nouvelles actions jusqu'à jeudi, visant "tout ce qui entrave la vie des agriculteurs", notamment les administrations (préfectures, agences de l'eau, etc.), a précisé sur France 2 le président de la FNSEA Arnaud Rousseau.

En ordre dispersé -

"Stop les papiers on en a marre" ou "Ras-le-bol", clamaient des pancartes accrochées à des tracteurs venus bloquer la cité administrative de Lille. A Perpignan, une centaine d'agriculteurs vêtus de noir ont défilé derrière un cercueil, jusqu'à la préfecture. A la mi-journée, quelque 660 agriculteurs menaient une vingtaine d'actions dans 15 départements, selon le dernier bilan des autorités, qui évoque notamment des rassemblements à Rouen (Seine-Maritime) ou Laon (Aisne), un barrage filtrant à Poitiers et des opérations sur des plateformes logistiques de supermarchés comme à Saint-Quentin-Fallavier (Isère).

Moins d'un an après une mobilisation historique, les agriculteurs estiment n'avoir pas obtenu suffisamment d'avancées concrètes.

Si les deux premiers syndicats partagent des revendications - comme de pouvoir utiliser des pesticides aujourd'hui autorisés en Europe et interdits en France du fait de leur toxicité -, ils occupent le terrain en ordre dispersé, dans un climat tendu à quelques semaines de leurs élections professionnelles.

(Source AFP)

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