Menaces sur le développement ferroviaire du centre Franche-Comté : des élus alertent l’État et la Région

DOSSIER • Plusieurs élus du pôle métropolitain Centre Franche-Comté et de six agglomérations de Franche-Comté ont signé une déclaration commune publiée le 4 janvier 2023 pour le développement ferroviaire dans la région. Objectif : alerter sur les menaces qui pèsent aujourd’hui sur plusieurs lignes de train sur le territoire.

© D Poirier

Les élus, dont Anne Vignot, présidente du Pôle métropolitain, présidente de Grand Besançon Métropole et maire de Besançon, Alain Chrétien, vice-président du Pôle métropolitain, président de la CAV et maire de Vesoul, Jean-Pascal Fichère, président de la Communauté d’agglomération du Grand Dole (CAGD), Jean-Baptiste Gagnoux, maire de Dole et membre du bureau de la CAGD, Claude Borcard, président d’Espace communautaire Lons Agglomération (ECLA), Jean-Yves Ravier, maire de Lons-le-Saunier et membre du conseil d’ECLA, Patrick Genre, président de la Communauté de communes du Grand Pontarlier et maire de Pontarlier, Cédric Bôle, président de la CCVM et maire de Morteau, Gabriel Baulieu, 1er vice-président de GBM et maire de Serre-les-Sapins, Marie Zéhaf, vice-présidente de GBM, Dominique Mollier, membre du bureau de la Communauté de communes du Val de Morteau et maire de Villers-le-Lac, mettent en avant les enjeux de qualité, de sécurité et de pérennité des infrastructures (voies, tunnels, etc.) ainsi que la nécessité d’une desserte adaptée en termes de fréquences, d’horaires et d’informations. 

"Une meilleure prise en compte des enjeux ferroviaires en Franche-Comté"

Les élus du Centre Franche-Comté ont décidé d’interpeller l’État, la Région Bourgogne Franche-Comté et le Conseil d’orientation des infrastructures (COI) sur les enjeux ferroviaires du territoire après avoir pris connaissance des objectifs de l’État pour relever les défis climatiques, énergétiques et environnementaux qui mettent particulièrement en avant les politiques de transports et les mobilités. La loi Climat et résilience vise ainsi une augmentation de la part du transport ferroviaire de voyageurs à hauteur de 17 % d’ici 2030 et à 42 % en 2050. La SNCF a répondu à ces ambitions en annonçant un objectif de doublement du trafic ferroviaire de voyageurs dans les années 2030. 

Dans leur déclaration, les élus du pôle métropolitain appellent à "une meilleure prise en compte des enjeux ferroviaires en Franche-Comté", le centre Franche-Comté représentant "une part importante des flux socio-économiques" au "fort potentiel de besoins et d’usages (…) sous-estimé dans les projets ferroviaires". 

Au-delà de la mise en exergue du dynamisme économique de ce territoire (750.000 habitants, industrie, secteur tertiaire, sanitaire, établissements de recherche, enseignement supérieur, formation professionnelle), les signataires de la déclaration appellent l’État, la Région Bourgogne Franche-Comté et le COI à une lecture géographique des enjeux ferroviaires à travers plusieurs axes structurant le maillage urbain du centre Franche-Comté. 

©

Les élus relèvent plusieurs manquements et menaces dans les dessertes et les investissement :

Axe nord-sud Strasbourg-Lyon passant par Besançon et Lons-le-Saunier :

Axe est-ouest (nord Franche-Comté):

La ligne Paris-Mulhouse via Vesoul et Belfort "est menacée en raison d’un désengagement financier et d’un manque de coordination entre les régions Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est", expliquent les élus. Pour eux, "le retour à un Paris-Bâle au-delà du Paris-Mulhouse serait un gain, ajouté à l’enjeu de la relation avec le Belfort-Delle-Suisse vers Bienne et avec l’aéroport de Bâle-Mulhouse."

Axe Paris-Dijon-Suisse (Neuchâtel, Lausanne) desservant Dole, Mouchard, Farine, Pontarlier ou Vallorbe :

Les signataires de la déclaration affirment que "la relation ferroviaire Dole- Frasne-Pontarlier-Suisse est menacée au niveau de l’état des infrastructures et au niveau du service (fréquence, adaptation des horaires, correspondances, articulation avec les axes routiers RN57, RD 437 et routes de montagne)". Ils ajoutent que du côté français, comme du côté suisse, des investissements sont "nécessaires pour assurer la pérennité de la ligne entre Frasne et Les Verrières. Au-delà, le devenir des arrêts et dessertes dans le Massif jurassien (Dole, Mouchard, Frasne, Pontarlier) constitue un enjeu clé."

Axe de la ligne des Horlogers Besançon -  La Chaux-de-Fonds via le Valdahon et Morteau :

Une première phase de travaux a permis en 2021 une remise à niveau du tronçon situé entre Le Valdahon et la frontière. Une 2e phase de travaux est envisagée en 2024, portant sur le tronçon Le Valdahon - Besançon. "Cette dernière est menacée par un désengagement des autorités en charge, alors même qu’il en va de la pérennité de la ligne et de la capacité de circulation des trains (évitements, sécurité…)", assurent les élus, "à cet enjeu d’infrastructure, essentiel, s’ajoute un enjeu de service tout aussi important (adaptation de l’offre en termes de cadencement et d’horaires, interconnexion avec Dijon et Paris (TGV), information, communication…)."

Axe Belfort-Besançon-Dole-Dijon :

Pour cet axe reliant l’ensemble des territoires du pôle métropolitain, dans lequel Grand Besançon Métropole assure un rôle pivot avec des équipements métropolitains à vocation régionale, les élus souhaitent la construction d’une halte ferroviaire pour optimiser son accessibilité de plusieurs territoires de Franche-Comté, notamment sur le site du Pôle santé des Hauts-du-Chazal : "sa mise en service favoriserait l’accès au CHRU et aux équipements structurants de santé en Franche-Comté (GHT Centre Franche-Comté avec Dole et le Haut-Doubs, mais également des liens avec Vesoul, Lons-le-Saunier et le Nord Franche-Comté)", selon les élus dans leur déclaration. "Au-delà, l’ensemble de la Ligne Dijon-Belfort est à prendre en considération dans le développement ferroviaire, y compris dans la desserte de Dole et sa relation avec Paris. "

En conclusion, pour les signataires, il est nécessaire qu’un équilibre de développement ferroviaire entre la partie franc-comtoise de la grande région et la partie bourguignonne soit effectué "car l’État, avec SNCF Réseau, tend à se désengager des lignes relevant des catégories UIC 5 et 6, aggravant ainsi le sous- investissement dans le réseau ferroviaire de Franche-Comté". Ils soulignent que "la Région investit fortement, avec SNCF Réseau, en Bourgogne, tant sur la voie ferrée Centre-Europe-Atlantique (VFCEA), notamment le tronçon Chagny-Nevers, que dans le projet hydrogène Laroche-Migennes-Auxerre. Face à ces réalités, il est nécessaire d’opérer un rééquilibrage."

L'Arc jurassien

L’Arc jurassien franco-suisse pre?sente une intensite? de flux qui refle?tent ses dynamiques territoriales : re?seaux de villes, po?les de formation, de recherche et de savoir-faire, tourisme et patrimoines... "Il reste pourtant mal identifie? par les centres de de?cision, d’autant qu’il est borde? de me?tropoles internationales qui produisent a? son encontre des effets de contournement", selon les élus du pôle métropolitain, "ces derniers sont particulie?rement ressentis en termes de mobilite?s ferroviaires transfrontalie?res."

En Suisse comme en France, les autorite?s nationales, re?gionales ou cantonales ont fixe? des objectifs ambitieux pour pallier les proble?mes climatiques, e?nerge?tiques et environnementaux qui se traduisent également fortement dans les mobilite?s et les transports, donnant une place importante au de?veloppement ferroviaire. L’Arc jurassien est dote? de trois liaisons ferroviaires transfrontalie?res "qui repre?sentent autant d’enjeux en termes de de?veloppement des mobilite?s durables, a? condition d’assurer la qualite? et l’attractivite? de l’offre et un usage optimal du train", soulignent les signataires : au nord l’axe Paris-Vesoul-Belfort-Delle- Porrentruy-Dele?mont-Bienne ; au centre la ligne des Horlogers de Besanc?on a? La Chaux-de-Fonds ; au sud une liaison formant un "Y" Dole-Mouchard-Frasne vers Neucha?tel (via Pontarlier et Val-de- Travers) et vers Lausanne (via Vallorbe).

Quitter la version mobile