L'UICN s'est penchée sur les bivalves (moules) d'eau douce, les gastéropodes d'eau douce (escargots) et les gastéropodes terrestres (escargots, limaces) pour en établir la Liste rouge des espèces menacées.
"L'état des lieux, portant sur l’ensemble des mollusques, montre que plus de 11% d'entre eux sont menacés. Au total, deux espèces ont déjà disparu, 79 sont menacées et 32 autres sont quasi menacées", ajoute l'UICN dans un dossier de presse.
"Certaines de ces espèces sont de bonnes indicatrices de la qualité des eaux et du bon état des zones humides, des forêts ou des pelouses", complète l'UICN.
"Ces espèces ont pâti d'un déficit d'attention", indique Florian Kirchner, de l'UICN, à l'AFP. La France métropolitaine est pourtant très riche, avec 691 espèces de mollusques continentaux évaluées, dont 33 de bivalves d'eau douce, 251 de gastéropodes d'eau douce et 407 de gastéropodes terrestres.
"Un tiers des mollusques continentaux sont endémiques, c'est exceptionnel pour la France métropolitaine", poursuit Florian Kirchner. "Nous avons une forte responsabilité car il n'y a que les pouvoirs publics et les associations de notre pays qui peuvent les préserver."
Ces espèces sont d'autant plus fragiles qu'elles ne peuvent pas se déplacer loin ou rapidement pour chercher un nouvel habitat et "elles ne font que subir les pressions", indique Florian Kirchner.
Des prélèvements d'eau à risque
La situation est particulièrement mauvaise pour les bivalves d'eau douce, dont 30% sont menacés, suivis par les gastéropodes d'eau douce (15%) et les gastéropodes terrestres (8%).
"Les moules d'eau cumulent différentes menaces", avec "les aménagements des fleuves et des rivières, les barrages, qui rendent des habitats impropres à ces espèces", plus les pollutions agricoles et urbaines de l'eau, explique Florian Kirchner. C'est le cas par exemple pour la grande mulette, en danger critique d'extinction.
Des gastéropodes terrestres, comme l'hélicon hirsute, sont mis en danger par l'urbanisation, les routes, les carrières, d'autres par "une exploitation forestière inadaptée affectant leurs milieux de vie" et d'autres encore par le surpâturage de prairies, égrène l'UICN.
Des espèces forestières, comme la fausse-veloutée des chênes-liège, sont "sensibles aux incendies qui tendent à augmenter en fréquence au fil des ans".
Des gastéropodes d'eau douce souffrent des atteintes faites à leurs habitats, comme les aménagements de rivière et les prélèvements d'eau pour l'irrigation agricole "quand ils ne sont pas raisonnés", en laissant un niveau d'eau trop faible dans des cours d'eau ou les nappes phréatiques, observe Florian Kirchner.
Les effets du changement climatique commencent aussi à peser sur des espèces vivant en altitude ou en bord de mer.
Préserver les habitats naturels
Certains de ces animaux doivent par ailleurs composer avec la concurrence faite par des espèces introduites par l'homme et devenues envahissantes.
Des escargots comme la caragouille des dunes sont enfin menacés "la pression des aménagements touristiques ou (du) piétinement dû à la surfréquentation de certains sites".
La situation réelle pourrait être pire, sachant que "plus de 40% des espèces restent encore mal documentées" et sont classées dans la catégorie "données insuffisantes". "Chez les gastéropodes d'eau douce, 62% des espèces sont concernées par ce manque de connaissances alors que près de 65% des espèces du groupe sont endémiques et présentent des enjeux de conservation très importants", précise l'UICN.
Les programmes de conservation pour ces animaux reste l'exception. "La conservation de ces espèces à l’avenir passe avant tout par l’amélioration des connaissances et par un renforcement de la préservation de leurs habitats naturels", souligne l'UICN.
(AFP)