La patronne des patrons français a reconnu sa défaite, se posant en "garante de la bonne tenue de la campagne électorale" qui va précéder l'élection à la présidence du Mouvement des entreprises de France au début de l'été. A l'issue d'un scrutin très serré, les 45 membres du conseil exécutif, réunis pendant une heure et demie jeudi, ont voté à bulletins secrets à 22 voix pour la convocation d'une assemblée générale extraordinaire le 16 avril, à 22 voix contre, et un vote blanc.
A une voix près...
Pour convoquer cette assemblée, seule habilitée à valider une réforme des statuts voulue par Laurence Parisot pour briguer un troisième mandat, il aurait fallu une majorité simple, soit 23 voix favorables. Cette réforme prévoyait de ne plus limiter le nombre de mandats du président du Medef et aurait donc permis à Mme Parisot d'en briguer un troisième, après avoir effectué deux mandats, un de cinq ans et un de trois ans, en vertu du règlement interne.
"Cette réforme aurait marqué un progrès de démocratie interne, cette réforme aurait permis de mettre un terme définitif à des logiques de cooptation ou de renouvellement empêchés, négociés dans le secret ou sous les pressions", a affirmé Mme Parisot."Mais le score ex-aequo au sein du conseil exécutif n'autorise pas la transmission devant l'assemblée générale", a reconnu la patronne des patrons, les traits tendus et le teint pâle, une heure après l'annonce des résultats, se disant "persuadée" que "ce projet reviendra" et "sera un jour adopté".
De nouveaux candidats déclarés pour prendre la tête du Medef
Saisi en janvier par Mme Parisot, le comité statutaire avait il y a dix jours posé les principes d'une réforme instaurant des mandats de cinq ans renouvelables sans autre limite que l'âge du candidat.Plusieurs fédérations professionnelles ou territoriales avaient annoncé leur opposition à cette transformation qui se serait appliquée à la présidente actuelle dès l'élection de l'été prochain.
Les candidats déjà déclarés à la présidence du Medef sont Pierre Gattaz (53 ans), président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), Geoffroy Roux de Bézieux (50 ans), patron de Virgin Mobile (Omea Telecom), l'ex-médiateur de la sous-traitance Jean-Claude Volot et le patron de la PME Aqoba Thibault Lanxade.
Frédéric Saint-Geours, président de la puissante Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), n'a pas encore dévoilé ses intentions. Mais sa charge contre la tentative de Laurence Parisot de rester aux commandes et sa mise en retrait de l'équipe dirigeante de PSA Peugeot Citroën ont été interprétées comme des pas vers une candidature.
Le patron de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) Patrick Bernasconi, qui a négocié au nom du Medef l'accord social sur le marché du travail, devrait aussi annoncer sa décision prochainement.
Volot s'est "réjoui" dans un communiqué d'une décision selon lui "conforme à la lettre et à l'esprit des statuts du Medef" et a appelé à ce que "la compétition s'ouvre", en évoquant les "graves difficultés économiques" des entreprises et "la lutte pour la créations d'emplois", "priorité nationale".
L'UIMM a salué la "fin" d'une "période d'incertitude dans la campagne pour la présidence du Medef" et rappelé qu'elle auditionnerait le 18 avril les candidats. "Ce n'est pas une victoire, c'est simplement en fait une parenthèse qui se ferme ou plutôt une nouvelle qui s'ouvre. On va enfin pouvoir parler des choses de la France, des problèmes économiques du pays, des entrepreneurs, des entreprises et des graves problèmes du chômage", a déclaré pour sa part Pierre Gattaz sur Europe 1.
Interrogée par RTL, Mme Parisot a indiqué qu'elle dirait "peut-être à la fin de la campagne" si elle "recommande" un candidat ou a "une préférence". C'est trop tôt pour le dire", a-t-elle lancé.