Les urgentistes étaient les premiers à débuter leur mouvement lundi. Ils sont appelés à une grève illimitée par l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui table sur une mobilisation massive avec "80% de grévistes". La ministre de la Santé a annoncé lundi une "issue favorable des négociations".
Mais l'Amuf a de son côté indiqué que le préavis n’avait "pas du tout" été levé. Une assemblée générale doit décider en fin de journée des suites du mouvement, a précisé à l’AFP son président Patrick Pelloux. "Je prends acte, cela va dans le bon sens", a-t-il néanmoins déclaré.
Malgré ce mopuvement, les patients n'auraient pas été livrés à eux-mêmes dans des hôpitaux désertés : les urgentistes pouvant être assignés. Pour eux, la grève consiste surtout à porter un "badge" et les effectifs ne seront pas diminués, rappellait Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Amuf.
Dénonçant des conditions de travail pénibles, les urgentistes réclament la réduction de leur temps de travail à 48 heures hebdomadaires, contre une soixantaine actuellement, ainsi que la valorisation de leurs heures supplémentaires et l'harmonisation des rémunérations pour les gardes. Des revendications qui n'"ont rien à voir" avec la loi santé, et que "soutiennent" des intersyndicales hospitalières. Le syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNPHAR-E), appelle également à une grève de la permanence des soins à compter de lundi.
"C'est un coup de gueule des médecins de l'hôpital public qui en ont marre de répondre présents à chaque crise sanitaire, que ce soit les mouvements de grève des libéraux, la canicule ou je ne sais quoi encore", explique Yves Rébufat, président du SNPHAR-E.
Les généralistes invités à fermer leurs cabinets dès le 23…
Déjà fortement sollicités pendant les fêtes, les services d'urgences risquent de l'être encore plus en raison de la grève des médecins libéraux qui débutera mardi, alors que se profilent des épidémies de grippe et de gastroentérite.
Pour parer à l'éventuel afflux de patients, certains hôpitaux ont demandé à leurs médecins de renoncer à leurs congés, concède Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France. De quoi raviver la colère des urgentistes, "déjà souvent sur la corde raide", selon lui.
Dès le mardi 23 décembre 2014, les généralistes libéraux sont invités à fermer leurs cabinets et à faire la grève des gardes par leurs principaux syndicats MG France, la Fédération des médecins de France et le syndicat des médecins libéraux. La puissante confédération des syndicats médicaux français (CSMF, généralistes et spécialistes) appelle elle à démarrer le 24, jusqu'au 31.
Dans le collimateur des médecins, certains points du projet de loi santé, comme la possibilité pour les pharmaciens de vacciner les patients ou la généralisation du tiers payant d'ici 2017 (dispense d'avance de frais), dont les contraintes techniques font craindre des retards de paiement.
La ministre s'est pourtant montrée ouverte au dialogue. Après avoir relancé les concertations avec les professionnels en décembre, Marisol Touraine a annoncé le report de l'examen du texte par le Parlement au printemps, envisagé la réécriture de certains points et promis des garanties sur le tiers payant. Mais "la loi santé n'est qu'un chapitre du mécontentement des généralistes", selon Claude Leicher, président de MG France, mécontent de s'être vu opposer "une fin de non-recevoir" sur la revalorisation de la consultation à 25 euros, l'une des principales revendications des généralistes.
Cardiologues, radiologues et pédiatres appelés aussi à débrayer
Outre la CSMF, d'autres syndicats de spécialistes ont appelé à garder porte close pour la même période, dont les cardiologues, les radiologues ou encore les pédiatres. Leur grève pourrait affecter le fonctionnement des cliniques privées où exercent certains de ces praticiens, prévient Lamine Gharbi, président de la Fédération hospitalière privée (FHP), qui a annoncé que les interventions "non urgentes" pourraient être transférées à l'hôpital public.
Au ministère, on assure que les précautions nécessaires sont déjà prises au niveau des Agences régionales de santé pour réquisitionner les médecins en fonction des besoins. Les patients "trouveront à se faire soigner" pendant les fêtes, a promis Mme Touraine.
Mais le mécontentement ne faiblira pas avec la nouvelles année : la FHP, remontée elle aussi contre le projet de loi santé, appelle les cliniques à une grève illimitée à partir du 5 janvier.