Installée dans le Territoire de Belfort grâce à un important soutien financier public, McPhy a bénéficié de plus de 125 millions d’euros d’aides, soit 110 millions d’euros versés par l’État via le PIIEC (Projets Importants d’Intérêt Européen Commun), 10 millions issus du fonds Maugis — alimenté par la pénalité infligée à General Electric après des suppressions massives d’emplois — et 1,2 million dans le cadre du contrat métropolitain.
Ces investissements avaient pour objectif de créer 450 emplois d’ici 2030. Pourtant, en 2025, l’entreprise ne compte qu’"un peu plus de 30 salariés" et son carnet de commandes reste loin des ambitions initiales. Désormais mise en vente, McPhy pourrait changer de main "sans aucune garantie de maintien du site à Foussemagne", alertent les élus.
"Les motorisations électriques sont en train de prendre le pas sur l’hydrogène"
”Y a-t-il un pilote dans l’avion ?” interrogent-ils, soulignant l’échec de la stratégie actuelle d’accompagnement de la filière hydrogène dans la région. Le cas McPhy n’est pas isolé : les élus communistes rappellent également les difficultés de Forvia à Allenjoie, qui ne développe pas l’activité promise autour des réservoirs à hydrogène, et de Gaussin à Héricourt, aujourd’hui en redressement judiciaire.
Ils pointent une crise plus large de la filière : "Les applications de mobilité pour l’hydrogène ne se développent pas comme prévu". La mise en circulation de trains à hydrogène est ajournée, les fabricants de bus sont en difficulté, et "les motorisations électriques sont en train de prendre le pas sur l’hydrogène dans le transport par camion”.
Des exigences portées au ministre de l'Industrie
Le groupe des élus communistes du Nord Franche-Comté appelle à un changement de méthode. Ils réclament "une stratégie globale, intégrant industrie et services, notamment de mobilité", élaborée démocratiquement avec les territoires et les travailleurs. "Cette stratégie doit reposer sur des coopérations entre régions plutôt que des mises en concurrence stériles", insistent-ils.
À l’occasion de la visite du ministre de l’Industrie Marc Ferracci prévue jeudi, les élus formulent plusieurs exigences :
- Un débat national pour définir une stratégie hydrogène concertée ;
- La transparence sur l’utilisation des 110 millions d’euros du PIIEC et des 10 millions du fonds Maugis ;
- La garantie de maintien du site de Foussemagne et de ses emplois ;
- La création d’une Conférence régionale pour l’emploi et la formation, chargée de piloter l’attribution des aides publiques.
"La filière hydrogène ne peut pas être un nouveau terrain de spéculation", concluent-ils. Pour eux, l’industrie doit redevenir "un levier de souveraineté, d’emploi et de justice sociale dans nos territoires."