”Oasis se paie le rappeur Jul pour vanter ses boissons, Coca-Cola crée une canette avec la chanteuse Rosalia, Kinder (Ferrero) développe une app à télécharger, Pitch raconte des histoires de brioches en podcasts, les glaces Miko sont affublées de princesses, les chips Monster Munch s'incrustent dans le jeu Minecraft, et il y a aussi le partenariat entre le club de rugby le Stade français et Capri-Sun (pratique, le président est propriétaire des deux marques), celui entre Disneyland Paris et les produits Vache qui rit ou Babybel ou les concours Hollywood chewing-gum avec Big Flo & Oli sur TikTok”, dénonce Foodwatch.
Dans son enquête, l’organisme a passé au peigne fin 228 produits ciblant les enfants avec leur marketing. Au regard de ce que l’OMS considère comme des critères nutritionnels acceptables autorisant à faire la promotion d’aliments ou boissons auprès des enfants, ”le constat est désastreux” selon Foodwatch : 86% des produits examinés en France ne passent pas le crash test du profil nutritionnel de l’OMS. Près de 9 produits sur 10 ne devraient pas être autorisés à faire du marketing ciblant les enfants tant ils sont hors des clous d’un point de vue nutritionnel.
”C’est totalement immoral quand on voit les conséquences de la malbouffe”
”Les géants de la malbouffe n’hésitent pas à élaborer des stratégies à la limite de la manipulation afin de s’immiscer au sein des familles et de saper les efforts d’éducation alimentaire des parents impuissants face à ces techniques marketing agressives”, constate Audrey Morice, chargée de campagnes Foodwatch France, ”c’est totalement immoral et irresponsable quand on voit les conséquences de la malbouffe sur la santé des plus jeunes aujourd’hui et pour leur futur.”
De plus, ”Depuis des années, le gouvernement a décidé de faire confiance aux industriels. De toute évidence, ça ne marche pas : les engagements volontaires des industriels, la sacro-sainte autorégulation, c’est du vent. foodwatch n’est pas la seule à l’affirmer : les expert·e·s de santé le martèlent depuis des années. Quand le gouvernement va-t-il les écouter ?”, interpelle Audrey Morice.
Pour éviter toute réglementation sur leurs pratiques marketing, les géants Burger King, Coca-Cola, Danone, Ferrero, General Mills, Kellogg, Mars, Mondelez, Nestlé, PepsiCo, Unilever et consorts tentent de montrer patte blanche en couchant dans la charte EU Pledge la promesse qu’ils ne cibleront pas les enfants de moins de 13 ans.
Les résultats de l’enquête de foodwatch démontrent que c’est ”un fiasco total”. La raison ? "Leurs critères sont bien loin de ceux de l’OMS. C’est d’autant plus grave que les 22 entreprises signataires – alimentation et boissons - se targuent à elles seules de représenter plus de 80% des dépenses publicitaires alimentaires en Europe. Elles ne se privent pourtant pas de cibler les plus jeunes”, comme le démontre aujourd’hui Foodwatch.
Coût sociétal de la surcharge pondérale : 20 milliards d’euros par an
Sur le plan économique, le coût du laisser-faire est considérable. Le coût sociétal de la surcharge pondérale était estimé par le Trésor public en 2012 à plus de 20 milliards d’euros par an. Un chiffre qui a très certainement augmenté en 9 ans.
”L’urgence est à la régulation”, indique Foodwatch, ”et la France est très en retard.” De nombreux pays - Norvège, Chili, Mexique, Pérou, Espagne, Allemagne, Canada, etc. - ont déjà mis en place, ou sont sur le point de le faire, un encadrement strict de ces pratiques marketing ciblant les enfants.
Depuis le début de l’été 2023, des parlementaires de tous bords politiques planchent sur des mesures visant à lutter contre l’obésité et auditionneront Foodwatch fin septembre 2023 : ”une opportunité politique en or à saisir” selon l'organisme pour enfin encadrer le marketing et la publicité ciblant les enfants.