Macron réélu, une victoire qui "oblige" face à une extrême droite au plus haut

Publié le 25/04/2022 - 09:56
Mis à jour le 25/04/2022 - 09:59

Emmanuel Macron a été réélu dimanche à la présidence de la République avec plus de 58% des voix face à Marine Le Pen (environ 42%), une victoire nette mais qui l' »oblige pour les années à venir » au vu du score inédit de l’extrême droite et d’une abstention élevée (28%).

Emmanuel Macron © Equipe campagne Emmanuel Macron
Emmanuel Macron © Equipe campagne Emmanuel Macron

Donné de longue date favori à sa propre succession, Emmanuel Macron devient à 44 ans seulement le premier président sortant reconduit hors cohabitation, depuis l'adoption du vote au suffrage universel direct en 1962. Il est aussi le troisième président de la Ve République à effectuer un deuxième mandat après François Mitterrand (1981-1995) et Jacques Chirac (1995-2007).

Marine Le Pen, elle, améliore de quelque huit points son score de 2017, où elle avait recueilli 33,9% des voix. La candidate du RN arrive en particulier largement en tête aux Antilles et en Guyane, tempérant ainsi l'impression de succès pour le camp Macron.

"Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à celles de l'extrême droite", a reconnu le chef de l'Etat lors de son allocution de victoire depuis le Champ de Mars à Paris. "Et je veux ici les remercier et leur dire que j'ai conscience que ce vote m'oblige pour les années à venir", a-t-il poursuivi face à la Tour Eiffel, devant plusieurs milliers de personnes agitant des drapeaux français et européens.

Se posant en "président de tous", M. Macron a aussi tendu la main aux électeurs de Mme Le Pen, estimant que "la colère et les désaccords qui les ont conduits à voter pour ce projet doivent aussi trouver une réponse".

Marine Le Pen s'est, elle, réjouie de voir que "les idées" qu'elle représente "arrivent à des sommets pour un second tour de la présidentielle". Voyant même dans son score "une éclatante victoire" et la manifestation du "souhait" des Français d'"un contre-pouvoir fort à Emmanuel Macron", qu'elle avait eu au téléphone juste avant. Elle a immédiatement lancé "la grande bataille électorale des législatives", qui auront lieu les 12 et 19 juin.

Pour Emmanuel Macron, cette réélection est une forme d'exploit après un premier quinquennat scandé de crises, des "gilets jaunes" au Covid. Elle place le pays dans la continuité sur ses grandes orientations économiques, européennes et internationales.

A l'étranger, c'est un soulagement pour les partenaires de Paris : la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est réjouie de "continuer l'excellente coopération" avec la France, le chancelier allemand Olaf Scholz a salué "un signal fort en faveur de l'Europe". Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est dit "heureux de continuer à travailler ensemble".

"Les années à venir à coup sûr ne seront pas tranquilles"

Sa victoire ne lui offre cependant pas un blanc-seing pour les cinq ans à venir, au moment où l'attendent des défis colossaux, sur fond de guerre en Ukraine et d'inflation galopante. "Les années à venir à coup sûr ne seront pas tranquilles", a-t-il admis dimanche soir, avant de partir pour sa résidence de la Lanterne à Versailles.

D'ores et déjà, Emmanuel Macron a promis de se renouveler en profondeur, tant sur la "méthode" que sur le fond. Une nécessité à la tête d'une France coupée en deux, voire en trois au regard du nombre d'électeurs parmi les 48,7 millions appelés aux urnes qui ont choisi de bouder les isoloirs alors que les trois zones scolaires sont en vacances.

Arrivé au pouvoir il y a cinq ans "par effraction", selon ses propres mots, M. Macron poursuit sa trajectoire personnelle météorique, à la fois classique et inclassable dans un paysage politique qu'il a dynamité. Mais lui qui avait promis au soir de sa victoire en mai 2017 de "tout" faire pour que les électeurs "n'aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes" n'a pas réussi à freiner la montée en puissance de Marine Le Pen.

La candidate RN, qui a misé sur le pouvoir d'achat pour se démarquer, sera parvenue à lisser son image, sans rien céder à la radicalité de son projet sur l'immigration ou l'islamisme.

Fin du "plafond de verre"

Vingt ans après l'émergence surprise de Jean-Marie Le Pen au second tour en 2002, jamais l'extrême droite ne s'est approchée à ce point du pouvoir sous la Ve République. "C'est difficile de se remettre d'une troisième défaite" mais "dans le paysage des oppositions très éclaté (...) elle restera l'opposante en chef", anticipait le politologue Pascal Perrineau vendredi. Ce clivage est cependant loin de satisfaire les Français comme en témoigne le niveau de l'abstention, estimé à 28%, un record depuis la présidentielle de 1969 (31%).

Le contingent des votes blancs et nuls a atteint 6,5% (environ 3 millions), soit un niveau élevé mais moins important que le score inédit de 2017 (4 millions).

Emmanuel Macron est "le plus mal élu des présidents de la Vème République", a estimé l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, arrivé en troisième position le 10 avril avec près de 22% des voix. Plusieurs centaines de manifestants, principalement des jeunes "antifascistes" et "anticapitalistes", ont protesté contre sa réélection dans quelques villes de France, avec des incidents à Rennes ainsi qu'à Paris.

Place au "troisième tour"

Jouant d'avance la carte de l'unité, Emmanuel Macron, qui a beaucoup triangulé à droite dans cette élection, a consenti des inflexions sur son projet pour séduire à gauche: davantage de concertation sur le report à 65 ans de l'âge de la retraite et plus d'écologie aussi, avec la promesse d'une planification en la matière directement confiée au futur Premier ministre. La date de son investiture formelle n'est pas encore connue, mais interviendra nécessairement avant le 13 mai.

La course présidentielle terminée, s'ouvre maintenant la campagne des législatives où le chef de l'Etat essaiera de conserver sa majorité. Une gageure selon deux sondages publiés dimanche, puisqu'une majorité de Français ne souhaiteraient pas le voir remporter ce scrutin.

A l'extrême droite, Eric Zemmour (7% au premier tour) a mis dès dimanche soir la pression sur Marine Le Pen, affirmant que "c'est la huitième fois que la défaite frappe le nom de Le Pen". "Le bloc national doit s'unir et se rassembler", a-t-il déclaré.

"Le troisième tour commence ce soir", a de son côté lancé Jean-Luc Mélenchon, en demandant de nouveau aux Français de l'"élire Premier ministre".

Un autre "troisième tour" pourrait avoir lieu aussi dans la rue, où risquent de converger dès le 1er mai tous les insatisfaits du scrutin présidentiel.

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci, en visite jeudi à Allenjoie et Montbéliard

Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, se rendra jeudi 17 avril 2025 dans le Doubs et le Territoire de Belfort pour un déplacement consacré à l’hydrogène décarboné, à l’occasion de la publication de la Stratégie nationale hydrogène révisée, annoncée par le Premier ministre.

Remise en cause du tarif de rachat bonifié pour le photovoltaïque agricole : Matthieu Bloch interpelle le gouvernement

Dans une question écrite adressée au ministre de l’Industrie, le député LR du Doubs Matthieu Bloch alerte sur les conséquences de la récente décision gouvernementale de revoir à la baisse le tarif de rachat bonifié S21 pour l’énergie photovoltaïque en milieu agricole.

Gratuité partielle des transports : Alternatiba Besançon salue un ”premier pas” mais appelle à aller plus loin

L’association Alternatiba - ANV COP 21 Besançon a réagi ce lundi 14 avril aux récentes décisions de Grand Besançon Métropole (GBM) instaurant une gratuité partielle des transports en commun. Si elle se félicite de cette avancée, elle nuance sa satisfaction et appelle les élu(e)s à renforcer leurs engagements pour une transition écologique ambitieuse.

Gratuité des transports : L. Fagaut dénonce ”un tournant inquiétant pour la cohésion du territoire”

Le conseil communautaire de Grand Besançon Métropole (GBM), réuni le jeudi 10 avril 2025, a été marqué par des désaccords sur la politique de gratuité des transports scolaires, opposant la majorité municipale bisontine aux élus de l’opposition et de plusieurs communes périphériques. Dans un communiqué diffusé ce lundi 14 avril, Ludovic Fagaut, président du groupe Besançon maintenant, dénonce ce qu’il qualifie de "tournant inquiétant pour la cohésion territoriale".

Statue de Jenny d’Héricourt : J-P Allenbach porte plainte contre la maire de Besançon

Le Mouvement Franche-Comté a annoncé par voie de communiqué ce lundi 14 avril avoir déposé une plainte auprès du procureur de la République pour "délit de favoritisme" visant Anne Vignot, maire de Besançon. Cette action judiciaire fait suite à l’attribution, sans mise en concurrence, d’un marché public pour la conception d’une statue de Jenny d’Héricourt à l’artiste grenobloise Lili Reynaud-Dewar.

Bourgogne-Franche-Comté : la commission permanente vote plus de 195 millions d’euros d’aides régionales

Réunis en Commission permanente, les élus régionaux de Bourgogne-Franche-Comté ont adopté un ensemble de mesures représentant un engagement financier total de 195,15 millions d’euros. Ces crédits sont destinés à soutenir un large éventail de projets dans les domaines économique, agricole, culturel, éducatif, environnemental et social sur l’ensemble du territoire.

Place publique devient un parti politique et veut être ”présent” aux municipales 2026 à Besançon

Après avoir été un mouvement citoyen, Place publique (PP), lancé par Aurore Lalucq et Raphaël Glucksmann, député(e) européen(ne)s, devient un parti politique officiel. En Bourgogne Franche-Comté, dont Besançon, des militant(e)s ont été élu(e)s lors du congés national en mars 2025 à Paris. Prochain objectif : les élections municipales en 2026. Gilles Vieille-Marchiset, Annick Avanzi-Oudet et Becaye Gueye, ont présenté les orientations du parti en local et en régional ce lundi 14 avril.

Gratuité partielle des transports dans le Grand Besançon : L. Croizier dénonce une “fausse bonne idée” coûteuse

La décision du conseil communautaire de Grand Besançon Métropole d’instaurer une gratuité partielle du réseau de transports en commun suscite de vives réactions. Le député du Doubs, Laurent Croizier, qui est aussi conseiller communautaire, dénonce une mesure inefficace et financièrement lourde, pointant l’absence d’impact réel sur la mobilité et le pouvoir d’achat.

Une délégation de Bourgogne-Franche-Comté part en mission au Japon

Du 12 au 19 avril 2025, une délégation officielle de la Région Bourgogne-Franche-Comté se rend au Japon à l’occasion de l’Exposition universelle d’Osaka, sous le thème ”Concevoir la société du futur, imaginer la vie de demain”. Objectif : promouvoir les atouts économiques, touristiques et culturels de la région et renforcer les partenariats franco-japonais, notamment dans les domaines de l’alimentation durable, de la mobilité et de la robotique.

Hausse des tarifs TER en Bourgogne Franche-Comté : ”M. Odoul affirme des choses fausses !” selon Michel Neugnot

Droit de réponse • Suite à un communiqué de Julien Odoul, conseiller régional RN de Bourgogne Franche-Comté, en date du 9 avril 2025, dans lequel il reproche fermement à Marie-Guite Dufay une décision prise ”en catimini” sur la hausse de la tarification des TER, Michel Neugnot, vice-président de la Région en charge des Transports a souhaité publié un droit de réponse ce jeudi 10 avril.

Grand Besançon Métropole : un budget 2025 assumé malgré un contexte incertain

Grand Besançon Métropole (GBM) présentera jeudi 10 avril 2025 en fin de journée son projet de budget primitif 2025 devant le conseil communautaire. Ce budget, qui s’inscrit dans la continuité des orientations budgétaires débattues le 6 mars dernier, affiche la volonté suivante : "avancer, construire, innover, transformer", malgré un contexte économique incertain et des décisions nationales impactantes.

GBM veut renforcer sa stratégie emploi pour faire face à une conjoncture économique instable

Face à une conjoncture économique marquée par une instabilité persistante depuis 2020, Grand Besançon Métropole souhaite redoubler d’efforts pour répondre aux enjeux de l’emploi sur son territoire. Une stratégie globale est reconduite et amplifiée pour 2025, avec un budget de fonctionnement de plus de 900.000 € mobilisé. Le conseil de communautaire sera invité à prendre acte des actions lors de sa prochaine séance jeudi 10 avril.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 18.04
nuageux
le 15/04 à 15h00
Vent
4.41 m/s
Pression
1001 hPa
Humidité
65 %