”Très en colère”, étaient les premiers mots prononcés par la maire de Besançon ce jeudi après-midi suite au vote de la loi Darmanin, avant d’expliquer le choix ”très volontaire” de cette conférence de presse tenue au musée de la Résistance et de la Déportation à la Citadelle de Besançon, ”haut lieu de la Résistance”.
Dans son discours, on a pu entendre les mots ”rupture majeure”, ”horreur”, ”terreau de la peur et de la haine”, ou encore ”échec de la peur”, ”déshumanisation”, ”archaïsme incroyable”, ”désespoir”. Madame la maire a également parlé de ”résistance” et de ”lutte” contre cette loi pour éviter un retour ”dans les heures les plus sombres de notre Histoire.”
Interview de Anne Vignot :
”Ce ne sont pas les espagnols ou les italiens, ce sont les noirs et les arabes”
Les autres représentants de la majorité municipale ont également pris la parole pour souligner et dénoncer plusieurs points. À commencer par Hasni Alem, adjoint des quartiers Palente, Orchamps, Clairs-Soleils et Vareilles qui n’a pas mâché ses mots. Selon lui, quand on parle des étrangers à travers cette loi immigration, ”il ne s’agit pas des espagnols ou des italiens, on parle des noirs et des arabes, c’est ça le coeur de la loi.” Et d’ajouter : ”S’il n’y a pas de résistance qu’est-ce qu’il y aura, qu’est-ce que ce sera demain ?” avant de parler d’”optique radicalisante”.
”Un tract des années 80 du FN”
Pascale Billeret, conseillère municipale déléguée au projet éducatif de territoire a rappelé que lors du dernier conseil municipal début décembre, le projet éducatif 2024-2026 a été voté à l’unanimité, y compris par les élus Les Républicains. Un projet ”qui justement revendique l’idée et les valeurs de la République, à savoir comment on créé les relations avec les autres, comment on ouvre la culture aux autres, c’est l’inverse de ce qu’on peut voir dans cette loi sur l’immigration.”
Une loi qui est, selon elle, est ”un tract des années 80 du Front national”, en insistant sur le devoir de ”continuer à mettre en oeuvre les valeurs de la Républiques, Liberté, Égalité, Fraternité.”
”On ne peut pas faire du ‘en même temps’ avec les droits fondamentaux”
Anthony Poulin, adjoint en charge notamment des finances, a également dit quelques mots. La Ville de Besançon ”continuera à appliquer le principe d’inconditionnalité des droits, il n’y a pas de distinction pour nous en matière de droit, aujourd’hui, on ne peut pas faire du 'en même temps’ avec les droits fondamentaux, il n’y a pas de principe d’équilibre, une loi d’équilibrée lorsqu’on négocie le coeur-même d’une loi avec le Front National, et c’est cela que nous réaffirmons fortement."
”J’appelle les Françaises et les Français à refuser d’obéir à cette loi”
Kevin Bertagnoli, adjoint en charge de la démocratie participative et la participation citoyenne, a déclaré que ”le gouvernement a abdiqué devant des valeurs appliquées par des groupuscules amenant à une forme de racisme et d’autoritarisme et je pense que nous devons prendre nos responsabilités en refusant d’appliquer cette loi”.
Il a également affirmé que ”le racisme et l’autoritarisme, ils ne gagnent pas seulement parce que des hommes politiques ont décidé d’abdiquer sur leurs valeurs, ils gagnent également parce que nous lui opposons un silence coupable et donc j’appelle les habitants, les Françaises et les Français, à se mobiliser à manifester, à refuser d’obéir à cette loi”.
”60% des doctorants à Femto-ST sont étrangers"
Enfin, Nicolas Bodin, conseiller municipal délégué notamment à l’attractivité économique, a affirmé que ”si les Français allaient un peu plus loin, dans les cuisines pour voir qui prépare à manger dans les restaurants, aux urgences du CHU de Besançon, sur les chantiers du BTP, très très souvent, ce sont des étrangers qui réalisent ces tâches, donc imaginez-vous une France sans médecin aux urgences le 24 décembre au soir, sans personne pour faire les repas dans les restaurants ou sans personne sur les chantiers, la France serait globalement à l’arrêt, donc il y a une contradiction majeure entre un président de la République qui souhaite la réindustrialisation et le fait de se priver d’une main d’ouvre qui souhaite s’intégrer aux valeurs de la République française.”
À noter également selon lui, un autre point, cette fois dans le domaine de l’enseignement supérieur : ”l’avenir de la France repose aussi en partie sur le diffusion de son savoir d’un point de vue mondial et que les jeunes étrangers qui poursuivent un doctorat deviennent des chercheurs : il faut savoir à l’heure actuel, que 60% des doctorants à Femto-ST sont étrangers, si demain ces gens-là disparaissent, la recherche disparaît”.